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Les images des Africains (Congolais, Camerounais, Nigérians, etc.) brutalisés, dépouillés de leurs biens et tués en Afrique du sud choquent. Ce pays est devenu une zone de non droit pour des millions d’Africains; un pays où la xénophobie contre les Subsahariens est magnifiée à tous les niveaux de la société. Qui l’aurait-cru ? Qui aurait cru un jour que les habitants de ce pays se seraient attaqués à leurs « frères » africains, ceux-là mêmes qui ont lutté à leur côté, mobilisant des moyens colossaux pour venir à bout du régime ultra-raciste de l’Apartheid ? Qui aurait cru que des Africains seraient martyrisés un jour dans une Afrique du sud dirigée par des Noirs ?
La colère dispute l’émotion et la stupéfaction. Il y en a qui regrettent, à tort ou à raison, d’avoir soutenu la lutte anti-Apartheid, proposant de boycotter les entreprises et les produits sud-africains; d’autres estiment qu’il faut tout simplement rendre la pareille en expulsant les Sud-africains chez eux. Les Nigérians menacent et de son côté le Président congolais, Félix Tshisekedi, a décidé d’annuler sa participation au forum mondial qui se tiendra prochainement à Cape Town. Une décision à saluer.
Qu’à cela ne tienne, une analyse froide de la situation s’impose afin de comprendre pourquoi les Sud-africains [noirs] attaquent et veulent se débarrasser de leurs compatriotes africains. D’autant que le phénomène n’est pas nouveau dans le pays.
Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer les tragiques événements des derniers jours. La police sud-africaine parle d’éléments criminels, d’actes spontanés, de gens qui profitent du chaos pour piller et brutaliser les subsahariens, mais différentes organisations de la société civile évoquent des attaques planifiées, ciblant les étrangers. On parle d’actes de violence xénophobe motivés par un sentiment de ras-le-bol des Sud-africains ne supportant plus de se « faire piquer » leurs boulots. Un argument farfelu, mais bon…
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Une chose est certaine en tout cas : les actes de violence xénophobe auxquels l’on assiste depuis quelques jours ont un rapport direct avec l’extrême pauvreté dans laquelle baigne la population noire sud-africaine. Une pauvreté qui s’accentue au jour le jour, au point de faire dire à certains observateurs que la situation des Noirs aujourd’hui est pire que celle à l’époque de l’Apartheid. À qui la faute ?
Aux capitalistes noirs de l’ANC qui dirigent la « nouvelle Afrique du Sud » depuis 1994, à commencer par feu Nelson Mandela. Ils ont pris des décisions qui ont hypothéqué l’avenir de leur peuple. Décisions qui résultent des concessions que Mandela a faites aux tenants du pouvoir économique sud-africain à sa sortie de prison.
En outre, on ne peut pas comprendre la misère dans laquelle baignent les Noirs sud-africains, si l’on n’examine pas à froid les concessions faites par Mandela à ses anciens oppresseurs. Ces concessions n’expliquent pas tout, mais permettent tout de même de comprendre la suite des événements en Afrique du sud post-apartheid. Elles permettent aussi et surtout de comprendre la bienveillance de l’Occident à l’égard de Madiba.
L’enjeu à l’époque était de taille. C’était toute l’Afrique australe qui était aux prises avec les mêmes problèmes socio-politiques et économiques. L’Afrique du sud devait servir de pays test, et tout s’est bien passé grâce à Mandela.
Avait-il accepté de jouer le jeu par pur pragmatisme ? Je ne saurais le dire. Mais une chose est certaine : avant l’Apartheid égale après apartheid, avec quelques ajustements aux plans politique et économique, histoire de laisser quelques Noirs diriger et profiter du système.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nelson Mandela a joué le rôle qu’on attendait de lui. Beaucoup d’Africains ont du mal à l’accepter, mais les faits sont là. Le regard complaisant que certains Africains portent sur Mandela s’explique par le fait qu’ils n’arrivent toujours pas à dissocier le Mandela combattant de la liberté du Mandela président. Or celui à qui les hyènes occidentales ont rendu hommage en décembre 2013 — après avoir sauvagement assassiné Mouammar Kadhafi quelques années plus tôt — sourire «sardonique» en coin, ce n’était pas « Mandela le combattant », mais bien « Mandela le Président », l’homme des concessions et de la fausse réconciliation en Afrique du Sud.
Ce Mandela là comme ses successeurs ont travaillé pour l’émergence d’une bourgeoisie noire en lieu et place de privilégier le bien-être commun de la communauté noire. Résultat : la population noire, analphabète et désœuvrée, est devenue une bombe à retardement pour le pays arc-en-ciel. La misère a fait de beaucoup de « Sudaf » des brutes, des animaux sauvages prêts à tout pour assouvir leur haine de la vie. Les tenants du pouvoir économique blancs étant « intouchables » et jalousement protégés par le pouvoir politique nègre, il s’avère donc commode de faire porter l’odieux au subsaharien qui se débrouille pour donner un sens à sa vie.
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En 2012 déjà, j’écrivais que « Mandela a fait de son pays une bombe à retardement. Espérons qu’elle n’aura pas à exploser d’ici là. » Autant dire qu’une partie de la bombe a explosé, faisant de nombreuses victimes innocentes parmi les populations d’Afrique subsaharienne.
Ce qui surprend depuis le début de cette folie, c’est le silence proprement imbécile de la classe dirigeante africaine et de la plupart des mouvements soi-disant « panafricains » prompts à faire la leçon à la France, le bouc-émissaire commode, et à tout l’Occident, alors qu’ils sont d’une hypocrisie remarquable quand le mal vient des profondeurs du continent noir.
L’Afrique est avant tout malade de ses propres enfants et les sauvages sud-africains le démontrent assez brillamment…
Par Patrick Mbeko
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