Congo : les violences prennent de l’ampleur en milieu scolaire

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Sept élèves sur dix au Congo subissent des violences dans les écoles, selon les résultats d’une étude menée par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

C’est dans le cadre de la Journée mondiale de l’enfant, célébrée le 20 novembre que le gouvernement congolais et l’Unicef ont lancé le premier rapport sur les violences en milieu scolaire. Ce rapport révèle qu’un grand nombre d’adolescents dans le pays, en particulier les filles, sont touchés par la violence, y compris les violences en ligne.

Selon l’étude, la violence sexuelle est la deuxième forme de violence la plus répandue pour les filles dans les écoles du pays, avec quatre filles sur dix ayant déclaré avoir subi une agression de nature sexuelle dans les 12 mois précédents l’enquête.

De même, huit filles sur dix et sept garçons sur dix de 12 à 18 ans ont déclaré avoir subi des violences verbales ou psychologiques dans leurs établissements scolaires, selon l’étude sur les violences du genre et les violences en ligne en milieu scolaire menée par l’Unicef auprès de 6000 élèves en République du Congo.

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L’enquête ajoute que deux filles sur dix ont subi récemment des actes violents en ligne, en milieu scolaire, inclus la diffusion non autorisée d’images privées ou à caractère sexuel, harcèlement, menaces, discrimination ou autre forme de violences sur les plateformes digitales.

Par ailleurs, les cinq types de violences analysées dans l’étude, violences en ligne, violences verbales ou psychologiques, physiques, sexuelles et économiques, semblent avoir un impact négatif sur le parcours scolaire des victimes, avec une enquête sur trois ayant rapporté des impacts néfastes sur l’apprentissage dus aux actes subis.

« Pour la première fois nous avons sous la main des données claires qui montrent une réalité alarmante pour les jeunes filles élèves du pays, en particulier les filles. Elles sont davantage exposées non seulement aux violences dans l’enceinte et autour de l’école, mais aussi aux risques inhérents à l’espace virtuel qui est de plus en plus répandu dans le pays avec l’arrivée progressive d’internet dans les écoles », a déclaré Micaela Marques De Souza, représentante de l’Unicef au Congo.

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« Avoir une éducation de bonne qualité est un droit fondamental des enfants et des adolescents et nous avons la responsabilité de travailler ensemble, comme le système des Nations unies et en collaboration avec le gouvernement du Congo, pour éviter de perdre le potentiel d’une entière génération de jeunes filles, et de jeunes garçons, à cause des violences », a souligné Chris Mburu, coordonnateur résident du système des Nations unies au Congo.

Pour le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Economie numérique, Léon Juste Ibombo, l’espace virtuel créé par les nouvelles technologies peut ouvrir beaucoup de portes pour les jeunes congolais. L’application effective des lois existantes pour la protection de l’enfance en ligne et la lutte contre la cybercriminalité en général est fondamentale pour permettre à tous les jeunes du Congo d’utiliser les nouvelles technologies en toute sécurité.

Clôturant le dialogue de haut niveau sur les violences de genre et les violences en ligne en milieu scolaire, Anatole Collinet Makosso, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, a indiqué que le milieu scolaire devrait être l’endroit où les jeunes filles et garçons se sentent protégés et encouragés à s’épanouir. Il a ajouté que donner à tous les élèves du pays l’opportunité d’apprendre dans un contexte de sécurité est une priorité pour la politique du gouvernement congolais.

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Le rapport de l’étude a été présenté à l’occasion d’un dialogue de haut niveau auquel avaient pris part des memebres du gouvernement. Cette journée marquait le 31ème anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, et a été célébrée sur le thème : « Réimaginer un meilleur monde pour nos enfants ».

Guillaume Ondzé 

Congo – Second tour des législatives : les observateurs de l’UA déplorent les violences

La mission d'observation de l'Union africaine (UA) au Congo

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Les observateurs de l’Union africaine (UA), conduits par Diango Sissoko, ont noté que des violences ont été constatées dans de nombreux bureaux de vote, notamment à Iloupa 2, Abila 1 et dans quelques bureaux de vote de la deuxième circonscription électorale de Ouenzé à Brazzaville.

Ces superviseurs du vote ont indiqué par ailleurs que ces violences ont entrainé l’intervention des forces de l’ordre et l’interruption momentanée du vote. Elles ont impliqué, ont-ils indiqué, dans les deux premiers cas, les délégués des candidats et concernaient, dans le dernier cas, le vote des forces de défense.

En outre, les observateurs ont remarqué que de nombreux bureaux de vote ont clôturé avant l’heure légale. Par ailleurs, la mission de l’UA a salué le fait qu’en dépit des enjeux du second tour, le jeu électoral s’est déroulé globalement dans un climat apaisé.

Ainsi, ont-ils poursuivi, au regard des constats faits sur le terrain, la mission de l’UA a formulé des recommandations au gouvernement, à l’administration électorale, aux partis politiques et à la société civile.

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Au gouvernement, la mission a recommandé de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation, dans les meilleurs délais, des élections dans les circonscriptions où elles n’ont pu avoir lieu en vue de garantir une représentation nationale inclusive ; de renforcer la formation des forces de l’ordre quant à leur rôle en période électorale et de poursuivre son appui aux organes de gestion des élections dans la réalisation de leur mission y compris la consolidation des listes électorales.
A l’administration électorale, les observateurs de l’UA ont proposé de poursuivre le renforcement des capacités du personnel électoral sur toutes les étapes du vote ; de prendre les dispositions nécessaires pour le déploiement à temps du matériel électoral dans les démembrements et centres de vote ; de prendre les mesures pour faciliter l’identification du personnel électoral dans les bureaux de vote ; de veiller à l’usage systématique des scellés dans les bureaux de vote ; d’intensifier les actions d’éducation civique et électorale surtout en milieu rural ; d’améliorer les conditions de vote des forces de défense et de sécurité et communiquer suffisamment autour de ses modalités, ainsi que de renforcer la participation des femmes à tous les niveaux du processus électoral notamment en qualité de membres des bureaux de vote.

Aux partis politiques, la mission de l’UA a recommandé de recourir aux voies légales pour le règlement des différends électoraux ; d’intégrer et assurer la formation de leurs délégués, ainsi que de renforcer la participation des femmes dans le processus électoral.

A la société civile, les observateurs de l’UA ont recommandé de prendre une part active au processus électoral par des actions de vigilance citoyenne, de sensibilisation et d’éducation à la paix.

Roger Ngombé
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Des populations déplacées regagnent progressivement leur domicile après les affrontements armés à Brazzaville

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Des populations déplacées regagnent progressivement leur domicile après les affrontements armés à Brazzaville
Des populations déplacées regagnent progressivement leur domicile après les affrontements armés à Brazzaville

Réfugiés dans les églises et familles d’accueils situées au centre et nord de Brazzaville à cause des affrontements armés entre les forces publiques et des « miliciens Ninjas » lundi dans les quartiers sud de Brazzaville, les populations ont commencé mardi à regagner progressivement leur domicile.

Motivés par le calme observé toute la nuit et à l’appel lancé par le gouvernement qui a pris le contrôle de la situation, ces déplacés estimés à environ 35.000 souhaitent voir leur sécurité ainsi que celle de leurs biens.

Selon le bilan provisoire, la fusillade de lundi entre ex-miliciens ninjas « Nsiloulou » et l’armée aurait fait cinq morts, soit deux du côté des assaillants et trois du côté de la force publique

Par ailleurs, dans une déclaration dont copie a été transmise à Xinhua ce mardi, l’opposant Guy-Brice Parfait Kolélas arrivé deuxième position avec plus de 15% des suffrages exprimés, a accusé le gouvernement d’être responsable des troubles survenus la veille dans les quartiers sud de Brazzaville.

« Nous disons ici et maintenant que face à tout cela, il n’y a qu’un seul responsable, le gouvernement qui n’a pas pu lire les signes avant-coureurs. Nous demandons à tous de se ressaisir, car c’est autour de l’arbre à palabre que tout se règle. Nous demandons aux hommes d’églises et à la communauté internationale de venir au chevet du Congo », précise la déclaration.

Allié du Parti congolais du travail et membre de la Majorité présidentielle, le frère cadet de Guy Brice Parfait Kolélas, Euloge Landry Kolélas qui préside le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (Mcddi) crée par leur défunt père Bernard Kolélas, a qualifié de « barbare » l’attaque des miliciens Ninjas.

« Aujourd’hui, nous n’avons pas et plus jamais besoin des milices dans le département du Pool. Tout ceci doit s’arrêter », a-t-il déclaré tout en lançant un appel à l’unité et la concorde nationales.

De son côté, le Parti congolais du travail (au pouvoir) a, par le biais de son secrétaire général, Pierre Ngolo, condamné ces actes et demandé aux auteurs de ces actes de demander pardon au peuple congolais.

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Brazzaville : les quartiers sud quadrillés par l’armée après les violences de lundi

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Les populations fuyant leurs domiciles, Le 4 avril 2016|DR
Les populations fuyant leurs domiciles, Le 4 avril 2016|DR

Les quartiers sud de Brazzaville étaient quadrillés mardi matin par un important dispositif militaire au lendemain d’échanges de tirs ayant contraint des milliers d’habitants apeurés à fuir vers le centre de la ville, a constaté un journaliste de l’AFP.

Alors que des échanges de feu avaient encore été entendus lundi en fin d’après-midi, la nuit a été calme.

Les bérets noirs de l’armée ont pris la relève des éléments de la garde républicaine qui avaient occupé les principaux points stratégiques lundi. L’armée a mis en place de nombreux barrages filtrant, et le soldats fouillaient les rares véhicules circulant, et les piétons, peu nombreux.

Après les violences de la veille, les quartiers sud semblaient émerger très lentement de leur torpeur, les habitants ayant fuit ne semblant pas vouloir pour l’instant rentrer chez eux.

Au Grand Marché Total, porte des quartiers sud, les étals étaient vides et désertés par la quasi-totalité des vendeurs vers à 09H00 (08H00 GMT), et les chalands peu nombreux.

Au marché Bourreau de Makélékélé, de rares vendeurs offraient des fruits, des légumes, des haricots, des oignons. Quelques acheteurs passaient en hâte pour de menus achats et disparaissaient rapidement.

Sur l’avenue de l’OUA, qui relie le sud au centre de la ville, quelques minibus circulaient dans les deux sens. La circulation, habituellement encombrée, était parfaitement fluide.

Des milliers d’habitants du sud de Brazzaville ont fui leurs quartiers lundi après plusieurs heures d’échanges de tirs et de canonnades provoqués selon le gouvernement congolais par une attaque menée par un nombre indéterminé d’hommes armés contre des bâtiments publics.

Le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique centrale, préoccupé, a appelé lundi les protagonistes d’affrontements au sud de Brazzaville à la retenue et à faire preuve de responsabilité face à la panique ayant poussé des milliers d’habitants à fuir, dans un communiqué daté de Libreville parvenu mardi à l’AFP.

Le Représentant spécial du Secrétaire général appelle toutes les parties prenantes congolaises, notamment les acteurs politiques, et les forces de défense et de sécurité, à faire preuve de retenue et de responsabilité, a écrit Abdoulaye Bathily, représentant de Ban Ki-moon pour l’Afrique centrale, condamnant ces actes de violence.

M. Bathily leur a demandé de ne pas compromettre les précieux acquis après une longue période d’instabilité, exhortant à la recherche du consensus en vue d’une solution pacifique durable.

Les autorités n’ont fourni aucun bilan en pertes de vie humaines de ce qui s’apparente selon elles à une véritable action terroriste et ont indiqué enquêter en vue d’établir s’il existe un lien entre ces attaques et les candidats de l’opposition ayant contesté la réélection du président Denis Sassou Nguesso à l’issue de la présidentielle du 20 mars, dont la victoire a été validée lundi soir par la Cour constitutionnelle.

Par l’AFP

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RCA: 120 casques bleus du Congo-Brazzaville sont exclus de la Minusca

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Image d’archive|DR
Image d’archive|DR

La Mission de l’ONU en Centrafrique a identifié sept nouveaux cas présumés d’abus sexuels de la part de Casques bleus, dont cinq au moins concernent des jeunes filles mineures, dernier scandale en date qui éclabousse la Minusca, contrainte de retirer les troupes incrimées.

La Minusca « a identifié sept nouvelles présumées victimes d’exploitation et d’abus sexuels à Bambari », une ville du centre de la Centrafrique, selon un communiqué reçu par l’AFP à Libreville.

Ces cas ont été signalés le 21 janvier « par une équipe de chercheurs de Human Rights Watch (…) afin que des soins médicaux et psycho-sociaux soient prodigués aux victimes et afin que la Mission endosse toute sa responsabilité pour ces présumés crimes », poursuit le texte.

La Minusca a immédiatement dépêché à Bambari un expert du Bureau des services de contrôle interne des Nations unies (BSCI). « L’évaluation initiale du BSCI a fourni des preuves suffisantes qui confirment que cinq des victimes étaient mineures (…). Une adulte a été victime d’exploitation sexuelle. Le bureau n’a pas pu interroger la septième victime présumée, qui serait également mineure ».

Les soldats impliqués proviennent de la République du Congo (Brazzaville) et de la République démocratique du Congo (RDC). « Leurs gouvernements respectifs ont été informés de ces allégations et ont été invités à mener des enquêtes », poursuit le communiqué.

L’ONU a décidé du « rapatriement des 120 soldats congolais déployés à Bambari du 17 septembre au 14 décembre 2015″. Ce rapatriement des soldats du Congo-Brazzaville ne sera cependant effectif qu' »après la conclusion de l’enquête », précise le communiqué. Dans l’attente, ils seront confinés dans leurs casernes.

Quant aux troupes de RDC, les Nations unies avaient déjà décidé début janvier de retirer les quelque 800 soldats et policiers du contingent de Casques bleus car ils « ne répondent que partiellement aux exigences de l’ONU en matière d’équipement, de contrôle du recrutement et de niveau de préparation au combat », avait alors expliqué l’ONU.

– ‘Double crime’ –

Le Représentant spécial du Secrétaire général en Centrafrique, et chef de la Minusca, Parfait Onanga-Anyanga, s’est rendu jeudi à Bambari.

Il a rappelé aux soldats que « l’exploitation et l’abus sexuel constituent une atteinte grave aux règles des Nations unies et une violation des droits de l’Homme; un double crime qui affecte les femmes et les enfants vulnérables que vous êtes ici pour protéger ».

La Minusca, forte actuellement d’environ 10.000 hommes, aide notamment le gouvernement de transition à préparer et sécuriser une série d’élections censées sortir l’un des pays les plus pauvres au monde de trois ans de violences intercommunautaires.

Sur 69 cas d’abus sexuels présumés recensés l’an dernier par l’ONU au sein de ses missions de paix dans le monde, 22 cas concernaient la Minusca.

Le Haut-commissariat des droits de l’Homme de l’ONU avait dénoncé fin janvier un nouveau scandale d’abus sexuels présumés sur des enfants commis par des soldats étrangers, notamment géorgiens, en mission en Centrafrique.

Les faits se seraient produits en 2014 et, selon quatre jeunes filles, âgées alors de 14 à 16 ans, leurs agresseurs appartenaient à des contingents opérant au sein de la force de l’Union européenne (Eufor-RCA).

L’ONU a aussi dénoncé un autre scandale retentissant de viols d’enfants entre décembre 2013 et janvier 2014 impliquant des soldats participant à la force française Sangaris.

Une enquête a été ouverte par la justice française et cinq militaires ont été entendus mi-décembre 2015. Cependant, aucun d’entre eux n’a été mis en examen et ces auditions n’ont pas apporté grand chose, selon une source proche de l’enquête.

Ces fréquentes accusations d’abus sexuels commis par des militaires venus s’interposer entre miliciens anti-balaka et rébellion Séléka ont lieu dans un pays qui connait un niveau très élevé de violences sexuelles. Selon l’ONU, en 2014, plus de 2.500 cas de violences sexuelles et viols ont été dénoncés.

Par L’AFP

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Idriss Déby promet de punir les auteurs du double attentat de N’Djamena

Le président Idriss Déby Itno

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Le président Idriss Déby Itno
Le président Idriss Déby Itno

Le président tchadien Idriss Déby a prévenu mardi que le double attentat-suicide attribué aux islamistes de Boko Haram à N’Djamena « ne restera pas impuni » et que ses auteurs « répondront de leurs actes ».

Deux attaques simultanées contre le commissariat central et l’école de police de N’Djamena avaient fait 24 morts et une centaine de blessés lundi, une première dans la capitale tchadienne placée sous très haute surveillance policière.

« La main invisible et ses commanditaires viennent de nous frapper durement. Et c’est avec une très grande tristesse que nous avons appris cette nouvelle bouleversante », a déclaré Idriss Déby visiblement ému à sa sortie de l’avion qui le ramenait de Johannesburg après avoir participé au 25e sommet de l’Union africaine.

M. Déby a jugé que ce type d’attaque était toutefois prévisible, en raison de l’engagement de l’armée tchadienne en première ligne dans une opération militaire régionale contre l’insurrection de Boko Haram, qui s’est étendue au-delà du nord-est du Nigeria vers les pays limitrophes.

« Je ne suis pas trop surpris puisque depuis notre engagement le 17 janvier 2015 aux côtés des pays qui sont menacés par les terroristes (Nigeria, Niger, Cameroun, NDLR), j’ai continuellement dit au gouvernement de ne pas baisser la garde », affirmé le président tchadien.

Les mesures de sécurité avaient de fait été considérablement renforcées dans la capitale tchadienne.

Le double attentat n’a pas été revendiqué mais les autorités ont accusé lundi les islamistes nigérians d’en être les auteurs.

Plusieurs « suspects » ont déjà été interpellés par les forces de l’ordre, a annoncé mardi le parquet de N’Djamena, qui a ouvert une information judiciaire.

« Nous continuons à chercher les commanditaires et les complices, parce que nous pensons que de telles attaques ne peuvent pas se faire sans une préparation minutieuse (…) », a expliqué le procureur de la République Alghassim Khamis.

Mardi, la ville était entièrement quadrillée par les forces de l’ordre, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Policiers et soldats étaient déployés en masse aux abords des mosquées, des églises, des marchés et sur les grandes artères, fouillant systématiquement les véhicules et leurs occupants.

Des check-points barraient l’accès à la zone du commissariat central et à la voie passant devant le palais présidentiel. Le gouvernement a annoncé dès lundi soir l’interdiction « formelle » de la « circulation des véhicules à vitres fumées ».

A l’hôpital de l’Amitié, où ont été évacués plusieurs dizaines de blessés, « c’est le drame ». « Beaucoup de blessés risquent de perdre la vie si la population ne vient pas nous donner du sang. On n’a plus de sang », s’inquiétait une infirmière, Ache Zenaba.

Le bilan des attaques a été porté à 24 morts après qu’un blessé a succombé à ses blessures lundi soir, d’après une source hospitalière.

Selon les autorités, quatre « terroristes » ont également été tués.

– ‘L’engagement courageux du Tchad’ –

Les Tchadiens ont été confrontés à la violence durant des décennies, entre guerre civile (1979-1982), rébellions multiples et tentatives de coups d’Etat (la dernière date de 2008). Mais c’est la première fois que N’Djamena est frappée par un tel attentat.

« C’est vraiment cruel, c’est quelque chose qu’on à jamais connu. C’est un deuil pour mon pays », commente ainsi Haroun Yaya, chauffeur de taxi.

« Je vis avec la peur, je n’ai pas pu regarder ces images horribles. (…) On voyait ces choses ailleurs et on croyait que ça n’allait pas arriver chez nous. Il faut maintenant interdire le port de casque et turban », susceptibles de dissimuler les visages, propose de son côté un fonctionnaire, André Toal.

Brice Mbaimon, président d’un parti d’opposition, le Mouvement populaire pour le travail et la réconciliation, a pour sa part demandé au gouvernement « de mettre en place très rapidement un plan de vigilance nationale ».

Le président François Hollande a « salué l’engagement courageux du Tchad contre le terrorisme et a assuré son homologue du soutien de la France dans ce combat » lors d’un entretien téléphonique avec Idriss Déby, a indiqué l’Elysée dans un communiqué mardi.

Le Tchad est un allié de poids pour Paris dans la lutte contre les groupes jihadistes en Afrique sahélienne. L’armée française a établi à N’Djamena l’état-major de son opération Barkhane qui lutte contre ces groupes.

Par l’AFP

Afrique du Sud: les immigrants, boucs émissaires des frustrations post-apartheid

Une voiture brûlée après des violences xénophobes dans le quartier de Jeppestown, à Johannesburg, le 17 avril 2015

Une voiture brûlée après des violences xénophobes dans le quartier de Jeppestown, à Johannesburg, le 17 avril 2015
Une voiture brûlée après des violences xénophobes dans le quartier de Jeppestown, à Johannesburg, le 17 avril 2015|AFP

Les violences xénophobes récurrentes en Afrique du Sud reflètent à la fois les frustrations de la majorité noire qui continue de souffrir économiquement, et la résurgence d’une culture de violence exacerbée durant la ségrégation raciale sous l’apartheid.

Question: Quel a été le déclencheur des violences ?

Réponse: En janvier à Soweto, le célèbre township aux portes de Johannesburg, l’éruption de violence avait commencé après la mort d’un adolescent sud-africain tué par un épicier somalien alors que des jeunes tentaient de dévaliser sa boutique. L’incident avait déclenché des pillages en série et des violences faisant au moins six morts.

A Durban, dix jours avant Pâques, le roi Goodwill Zwelithini a tenu un discours sur l’insécurité, dénonçant la présence d’étrangers en situation illégale. « Le roi n’a jamais dit qu’il fallait tabasser les gens », se défend son frère, le prince Thulani Zulu. « C’est la faute des médias ».

« Même si le roi n’avait rien dit, le sentiment anti-étrangers était déjà élevé, ça bouillonnait sur le thème +il faut que les étrangers s’en aillent+ », observe Mary de Haas, analyste de la violence politique au Kwazulu-Natal.

Q: Pourquoi seuls les étrangers africains sont-ils pris à parti ?

R: Ce qu’on entend dire, poursuit Mme de Haas, c’est « +on a trop d’étrangers+, +ils prennent les emplois car ils sont prêts à travailler pour moins cher que nous+, +ils sont arrogants+, +ils ne sont pas forcément des réfugiés et il n’y a pas la guerre dans les pays d’où ils viennent+, +ils achètent des marchandises à crédit à leurs compatriotes somaliens ou à leurs correligionaires qui leur font des rabais que les commerçants locaux n’obtiennent pas et ils ruinent le commerce informel+ ».

De fait, dans l’agglomération de Durban plus d’un millier d’épiceries sont tenues par des Ethiopiens, parfaitement en règle et qui regroupent leurs achats de marchandise, sucre, lessive, foufou de maïs, pour revendre au détail.

Et parmi les Congolais rencontrés par l’AFP, beaucoup sont sans papier et se débrouillent en faisant coiffeuse informelle pour les femmes, et vigiles pour les hommes, payés au noir 50 ou 60 rands la journée (moins de 5 euros).

Le nombre d’émigrants africains dans le pays dépasse probablement largement les deux millions officiellement recensés, mais les statistiques ne prennent pas en compte les très nombreux sans-papiers.

Q: Les violences sont-elles spontanées ?

R: « Je pense vraiment que c’est organisé. Qui est derrière, je ne sais vraiment pas mais il y a un degré de coordination. Quelqu’un savait où était les magasins », observe aussi Mme de Haas, corroborant plusieurs témoignages d’étrangers de Durban racontant qu’ils avaient été prévenus à temps par des voisins.

La province du Kwazulu-Natal a aussi été celle où la logique tribale et l’incitation aux violences entre Noirs a été le plus poussée à son comble par la minorité blanche sous l’apartheid, selon Mme de Haas.

Q: Les Sud-Africains sont-ils xénophobes ?

R: « Nous ne voulons pas qu’on nous voit comme un pays xénophobe, et nous ne le sommes pas (…) Le problème est plus profond, il y a la pauvreté, le chômage. Le gouvernement n’a pas été assez proactif », estime aussi Paul Ngoma, secrétaire général de la chambre de commerce noire (Nafcoc) au Kwazulu-Natal.

« On s’est occupé des libertés politiques, mais économiquement, on est encore très loin du compte. Il y a un grand fossé entre riches et pauvres, et les riches ne sont pas avec nos concitoyens noirs, ceux qui se battent pour des ressources insuffisantes dans les townships ou là où les gens pensent que les étrangers leur prennent ces maigres ressources », ajoute-t-il.

Q: Quelle est la responsabilité du gouvernement ?

R: L’ANC, au pouvoir depuis l’élection de Nelson Mandela en 1994, a échoué à faire émerger davantage qu’une petite couche noire aisée, laissant des millions de personnes prisonnières de la misère, du chômage et des bidonvilles. La majorité des Sud-Africains noirs refusent cependant de voter contre l’ANC par loyauté au parti qui les a libéré et par peur de la minorité blanche.

Le pouvoir est aussi accusé de passivité depuis 2008 face à la xénophobie et de tenir un langage ambivalent. Le président Jacob Zuma jeudi, tout en condamnant « fermement » les attaques, a déclaré qu’il « sympathisait avec certains problèmes soulevés par nos compatriotes sud-africains ».

Par l’AFP