Xénophobie contre les Subsahariens en Afrique du Sud : la responsabilité engagée de Nelson Mandela et de l’ANC, selon Patrick Mbeko

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Des Sud-Africains en colère pillent des magasins qui appartiendraient à des ressortissants étrangers dans la banlieue de Johannesburg, le 2 septembre 2019. © AFP

Les images des Africains (Congolais, Camerounais, Nigérians, etc.) brutalisés, dépouillés de leurs biens et tués en Afrique du sud choquent. Ce pays est devenu une zone de non droit pour des millions d’Africains; un pays où la xénophobie contre les Subsahariens est magnifiée à tous les niveaux de la société. Qui l’aurait-cru ? Qui aurait cru un jour que les habitants de ce pays se seraient attaqués à leurs « frères » africains, ceux-là mêmes qui ont lutté à leur côté, mobilisant des moyens colossaux pour venir à bout du régime ultra-raciste de l’Apartheid ? Qui aurait cru que des Africains seraient martyrisés un jour dans une Afrique du sud dirigée par des Noirs ?

La colère dispute l’émotion et la stupéfaction. Il y en a qui regrettent, à tort ou à raison, d’avoir soutenu la lutte anti-Apartheid, proposant de boycotter les entreprises et les produits sud-africains; d’autres estiment qu’il faut tout simplement rendre la pareille en expulsant les Sud-africains chez eux. Les Nigérians menacent et de son côté le Président congolais, Félix Tshisekedi, a décidé d’annuler sa participation au forum mondial qui se tiendra prochainement à Cape Town. Une décision à saluer.

Qu’à cela ne tienne, une analyse froide de la situation s’impose afin de comprendre pourquoi les Sud-africains [noirs] attaquent et veulent se débarrasser de leurs compatriotes africains. D’autant que le phénomène n’est pas nouveau dans le pays.

Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer les tragiques événements des derniers jours. La police sud-africaine parle d’éléments criminels, d’actes spontanés, de gens qui profitent du chaos pour piller et brutaliser les subsahariens, mais différentes organisations de la société civile évoquent des attaques planifiées, ciblant les étrangers. On parle d’actes de violence xénophobe motivés par un sentiment de ras-le-bol des Sud-africains ne supportant plus de se « faire piquer » leurs boulots. Un argument farfelu, mais bon…

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Une chose est certaine en tout cas : les actes de violence xénophobe auxquels l’on assiste depuis quelques jours ont un rapport direct avec l’extrême pauvreté dans laquelle baigne la population noire sud-africaine. Une pauvreté qui s’accentue au jour le jour, au point de faire dire à certains observateurs que la situation des Noirs aujourd’hui est pire que celle à l’époque de l’Apartheid. À qui la faute ? 

Aux capitalistes noirs de l’ANC qui dirigent la « nouvelle Afrique du Sud » depuis 1994, à commencer par feu Nelson Mandela. Ils ont pris des décisions qui ont hypothéqué l’avenir de leur peuple. Décisions qui résultent des concessions que Mandela a faites aux tenants du pouvoir économique sud-africain à sa sortie de prison.

En outre, on ne peut pas comprendre la misère dans laquelle baignent les Noirs sud-africains, si l’on n’examine pas à froid les concessions faites par Mandela à ses anciens oppresseurs. Ces concessions n’expliquent pas tout, mais permettent tout de même de comprendre la suite des événements en Afrique du sud post-apartheid. Elles permettent aussi et surtout de comprendre la bienveillance de l’Occident à l’égard de Madiba.

L’enjeu à l’époque était de taille. C’était toute l’Afrique australe qui était aux prises avec les mêmes problèmes socio-politiques et économiques. L’Afrique du sud devait servir de pays test, et tout s’est bien passé grâce à Mandela.
Avait-il accepté de jouer le jeu par pur pragmatisme ? Je ne saurais le dire. Mais une chose est certaine : avant l’Apartheid égale après apartheid, avec quelques ajustements aux plans politique et économique, histoire de laisser quelques Noirs diriger et profiter du système.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nelson Mandela a joué le rôle qu’on attendait de lui. Beaucoup d’Africains ont du mal à l’accepter, mais les faits sont là. Le regard complaisant que certains Africains portent sur Mandela s’explique par le fait qu’ils n’arrivent toujours pas à dissocier le Mandela combattant de la liberté du Mandela président. Or celui à qui les hyènes occidentales ont rendu hommage en décembre 2013 — après avoir sauvagement assassiné Mouammar Kadhafi quelques années plus tôt — sourire «sardonique» en coin, ce n’était pas « Mandela le combattant », mais bien « Mandela le Président », l’homme des concessions et de la fausse réconciliation en Afrique du Sud.

Ce Mandela là comme ses successeurs ont travaillé pour l’émergence d’une bourgeoisie noire en lieu et place de privilégier le bien-être commun de la communauté noire. Résultat : la population noire, analphabète et désœuvrée, est devenue une bombe à retardement pour le pays arc-en-ciel. La misère a fait de beaucoup de « Sudaf » des brutes, des animaux sauvages prêts à tout pour assouvir leur haine de la vie. Les tenants du pouvoir économique blancs étant « intouchables » et jalousement protégés par le pouvoir politique nègre, il s’avère donc commode de faire porter l’odieux au subsaharien qui se débrouille pour donner un sens à sa vie.

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En 2012 déjà, j’écrivais que « Mandela a fait de son pays une bombe à retardement. Espérons qu’elle n’aura pas à exploser d’ici là. » Autant dire qu’une partie de la bombe a explosé, faisant de nombreuses victimes innocentes parmi les populations d’Afrique subsaharienne.

Ce qui surprend depuis le début de cette folie, c’est le silence proprement imbécile de la classe dirigeante africaine et de la plupart des mouvements soi-disant « panafricains » prompts à faire la leçon à la France, le bouc-émissaire commode, et à tout l’Occident, alors qu’ils sont d’une hypocrisie remarquable quand le mal vient des profondeurs du continent noir.

L’Afrique est avant tout malade de ses propres enfants et les sauvages sud-africains le démontrent assez brillamment…

Par Patrick Mbeko

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62% sur 600 femmes victimes de violence à Brazzaville

ville de Brazzaville

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ville de Brazzaville
La ville de Brazzaville

La ministre de la promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement, Mme Catherine Embondza Lipiti, a révélé le 25 novembre à Brazzaville, les résultats d’une étude faite par son département, selon lesquels sur 600 femmes enquêtées dans la capitale, 62% ont déclaré avoir été victimes de violences de toutes sortes au cours de leur vie.

C’est ce qui ressort de la déclaration du gouvernement à l’occasion de la célébration de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, placée au plan international sous le thème «Prévention».

Cette étude, souligne Mme Embondza Lipiti, a été faite sur la base de la typologie des violences, des violences conjugales, des violences en milieu scolaire, de nouvelles formes de violences subies par les femmes au Congo. Pour les femmes qui ont subi des violences, 83% étaient des violences psychologiques, 31% des violences sexuelles, 26% des violences physiques et enfin 4% des violences économiques.

«Ces études vont aboutir à l’élaboration du plan d’action national de lutte contre les violences sexospécifiques qui sera soumis dans les prochains jours à une validation nationale», a-t-elle déclaré.

En dehors de cette commande d’études qui fait partie des résultats de la finalisation de la campagne «Tolérance zéro maintenant !» au Congo, Mme Embondza Lipiti a épinglé d’autres avancées visant l’éradication de ce phénomène, parmi lesquelles, la dynamisation de l’Observatoire des violences basées sur le genre, la mise en place de structures chargées de la prise en charge clinique, psychologique et juridique des victimes des violences sexuelles, notamment dans les centres hospitaliers de Makélékélé, Talangaï et les cliniques juridiques, la tolérance zéro à l’égard des auteurs convaincus de viols à travers des sanctions sévères tant sur le plan administratif que judiciaire.

Par ailleurs, la ministre en charge de la femme a reconnu qu’il y a encore du chemin et beaucoup de choses à faire ; c’est pourquoi, la célébration de cette journée sur ce thème constitue pour les gouvernements, les organisations internationales et nationales, une occasion d’éveiller les consciences au regard de l’ampleur et de la gravité du phénomène sur les réalités des rapports sociaux, culturels, économiques et interprofessionnels. Car les violences faites aux femmes constituent un problème mondial, et son éradication requiert l’implication de tous, dont l’action préventive demeure la priorité.

Célébrée au Congo sur le thème «La paix et l’autonomisation des femmes, facteurs de lutte contre les violences sexo-spécifiques», cette journée permet au gouvernement congolais d’envisager «de mobiliser et de fédérer toutes les énergies en vue de mener des actions de protection des victimes, de poursuite des auteurs de violence et de prévention en mettant en place des campagnes de prévention à grande échelle contre les violences sexistes et sexuelles», a-t-elle indiqué.

Cependant, quelques femmes désœuvrées et non scolarisées sont ignorantes de toutes ces mesures et de la célébration de cette journée instituée par les Nations Unies depuis 1999. Ces femmes sont victimes des violences conjugales en silence.

(ACI)

Congo: les observateurs inquiets du risque d’une montée de violence

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Des manifestants lors du meeting anti-référendum du Frocad-IDC à Pointe noire, le 17 octobre2015
Des manifestants lors du meeting anti-référendum du Frocad-IDC à Pointe noire, le 17 octobre2015

Le référendum approche au Congo-Brazzaville et les Congolais vivent dans la crainte de voir leur pays retomber dans la violence. Dimanche prochain, les citoyens sont appelés à se prononcer pour ou contre une nouvelle Constitution. L’opposition y voit une manœuvre du pouvoir pour que le président Sassou-Nguesso puisse se représenter l’année prochaine. Et après les tensions de ces derniers jours, les observateurs redoutent une escalade.

Les appels au calme, à la retenue et à la sauvegarde de la paix chèrement acquise se sont multipliés ces derniers jours au Congo-Brazzaville. Le dernier en date a été lancé lundi 19 octobre par le Comité de suivi pour la paix et la reconstruction du Congo.

« Conscients de ce que notre classe politique demeure responsable des malheurs de notre peuple, le Comité de suivi de la convention pour la paix et la reconstruction du Congo exhorte cette dernière à prémunir le Congo contre les affres d’autres violences, invite toutes les filles et tous les fils du Congo à préserver la paix, à pratiquer la solidarité et à œuvrer pour l’unité nationale, a déclaré Marius Mouambenga, le commissaire général du Comité. Il invite également la force publique à demeurer exemplaire, comme elle le fut lors des derniers scrutins. »

De son côté, l’Observatoire congolais des droits le d’homme appelle les acteurs politiques au dialogue. Il en est de même pour le patriarche Martin M’beri, ancien ministre de l’Intérieur, pour qui la paix doit être préservée, quelles que soient les circonstances : « S’il n’y a pas la paix, personne n’a le temps de réfléchir. S’il n’y a pas la paix, on ne contrôle personne. Lorsqu’on est devant une jeunesse qui a une forte demande, ne pas penser à la paix, c’est franchement trahir cette jeunesse. » Le référendum doit avoir lieu au Congo dans cinq jours.


■ Des militants anti-référendum toujours détenus

Dans ce contexte, l’organisation EBINA dénonce la répression des autorités contre ceux qui expriment leur opinion quand elle est différente de la ligne du pouvoir. Lundi, la justice a décidé de maintenir en détention six jeunes arrêtés le 9 octobre lors d’une manifestation contre le référendum. Ce n’est pas normal selon Joe Washington, de l’organisation EBINA, qui était présent à l’audience. Selon lui, ces jeunes auraient dû être mis en liberté provisoire en attendant d’être présentés à un juge : « Ils devaient être libérés après dix jours de détention simplement pour avoir exprimé leur opinion sur la voie publique. C’est incompréhensible qu’ils soient détenus pendant dix jours sans nouvelles, sans accès à un avocat ».

Et Joe Washington de mettre en avant la liberté d’expression lors d’une campagne référendaire : « Vous savez, depuis le 9, le président de la République avait décrété l’ouverture de la campagne référendaire. Il était donc normal que les personnes puissent exprimer leur opinion. Ceux qui font campagne en faveur du oui ont toutes les banderoles, ont les ronds-points, ils ont les médias publics pour dire oui. Et tous ceux qui disent non n’ont aucune banderole. Ils n’ont pas l’accès aux médias publics, ils n’ont même pas l’accès à la voie publique puisque dans la voie publique ils sont arrêtés. Beaucoup sont séquestrés. C’est inadmissible ».

Par RFI

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RDC: suspension d’une radio après des violences dans l’ouest

Image d’archive|© DR
Image d’archive|© DR

Les autorités congolaises ont suspendu une radio de l’ouest de la République démocratique du Congo, l’accusant d’incitation à la haine, après plusieurs jours de violences meurtrières dans la ville de Moanda, a-t-on appris vendredi de source officielle.

L’organisation congolaise de défense de la presse, Journaliste en danger (JED), a dénoncé pour sa part l’interdiction temporaire d’émettre de trois radios, soit, selon elle, toutes les stations couvrant cette ville sur le petit bout de côte atlantique du pays. Les autorités locales ont « été dans l’obligation de fermer [une] radio qui est une +Radio Mille Collines+« , a déclaré à l’AFP un haut responsable congolais, faisant référence à la radio de Kigali qui a joué un rôle déterminant dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994. Après le meurtre de cinq personnes en quelques jours, la population de Moanda a manifesté son mécontentement contre l’insécurité. « Il y a eu des marches de protestation que le gouvernement juge tout à fait légitimes« , a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. La société civile locale a accusé des militaires ou d’ex-rebelles de l’est du pays, cantonnés dans la base militaire proche de Kitona, d’être responsables des meurtres. Les autorités estiment que les radios locales ont contribué à répandre cette idée et à se substituer à la justice. Selon le haut responsable congolais, les manifestations ont tourné à l’émeute jeudi avec l’incendie d’un bâtiment officiel et le meurtre d’un « fonctionnaire » brûlé vif par la foule.

(Belga)