Congo : Police et opérateurs de téléphonie impuissants face à l’escroquerie sur le crédit de recharge

telephone portable

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Le transfert du crédit via le téléphone d’un détaillant a presque supplanté l’achat des cartes de recharges. Si l’opération fait gagner du temps, elle demeure cependant risquée car des imposteurs ont pris l’habitude de ne rien envoyer surtout lorsqu’on est pressé.

Au centre-ville et dans les grandes artères, l’activité est de plus en plus épiée par des escrocs qui usent d’astuces pour se faire les poches. Pour briser toute méfiance, ils sont habillés en chasubles aux couleurs des sociétés de téléphonie mobile pour lesquelles ils commercent. Ils sont à l’affût des clients dont le flair de vouloir vite recharger le crédit est perceptible. Mais ils préfèrent ceux qui ont l’air pressé ou distrait, en voiture, à vélo ou en groupe. Plus facile pour tromper, en effet.

Leur mode opératoire : certifier très vite que le crédit a été envoyé et déguerpir précipitamment pendant que le client s’affaire à vérifier. Mercredi à la Place de la gare, à Brazzaville, une femme d’une quarantaine révolue n’a pas eu de saint à qui se vouer lorsque le crédit de 5.000 FCFA acheté auprès d’un ambulant habillé aux couleurs de MTN n’est pas parvenu à son téléphone. Le revendeur avait vite disparu dans la foulée. La victime a promis se rendre chez MTN. Mais vite, l’entourage, quelque peu informé, lui a prévenu que ce n’était pas facile de se faire rembourser son crédit.

Plusieurs personnes ont déjà été victimes de cette escroquerie difficile à déceler, surtout pour des étrangers. Jean Crispin Mbota est un Congolais résidant en France. En vacances à Brazzaville, il a également essuyé le forfait il y a quelques jours. Un crédit de 10.000 FCFA jamais envoyé. Comme la plupart des personnes moins informées, il a fait confiance au gilet rouge d’une société de la place que portait le jeune homme.

La manœuvre est bien connue des services de Police. Mais aucune mesure efficace pour l’heure est susceptible d’être prise pour stopper ces larrons. On s’interroge alors sur la nature de ce business et les mesures de sécurité prises par les opérateurs eux-mêmes à travers ce commerce. Une question fondée, car c’est parfois, et de façon déviée, de l’image de ces entreprises qu’il s’agit.

En attendant que les différents acteurs concernés par le sujet, sans oublier les structures de défense des droits de consommateurs, trouvent un compromis à ce malaise, l’heure est à la méfiance et à l’habileté. Un crédit acheté auprès d’un revendeur ambulant doit avant tout parvenir à votre téléphone, avant de s’acquitter de la facture. Au besoin, vérifier son solde après le message de confirmation.

Si le sujet revient de plus en plus à la une, celui des crédits envoyés à un autre numéro mais jamais rattrapé pose encore problème. Chez certains opérateurs, des solutions semblent être remarquées, cependant rien de formel ne convainc des clients parfois en désarroi.

Quentin Loubou
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Téléphonie: démission du PDG du groupe sud-africain MTN après une amende au Nigeria

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Image d’archive| Will Boase/Bloomberg via Getty Images
Image d’archive| Will Boase/Bloomberg via Getty Images

Le PDG du géant de la téléphonie mobile sud-africain MTN, Sifiso Dabengwa, a démissionné lundi, après la colossale amende de 5,2 milliards de dollars infligée au groupe par le Nigeria, a annoncé lundi la société.

« En raison des circonstances actuelles très fâcheuses chez MTN Nigeria, j’ai, dans l’intérêt de la compagnie et de ses actionnaires, remis ma démission avec effet immédiat », a déclaré Sifiso Dabengwa.

MTN, la plus grande société de téléphonie d’Afrique, a été condamnée fin octobre pour n’avoir pas débranché à temps les cartes SIM dont les propriétaires ne s’étaient pas identifiés au Nigeria.

Le PDG démissionnaire a été remplacé temporairement par Phuthuma Nhleko, PDG de MTN de 2002 à 2011 et actuellement président du conseil d’administration du groupe à titre non exécutif, a annoncé la société lundi.

Phuthuma Nhleko, 55 ans, a accepté d’occuper le poste de PDG pour « une période maximale de 6 mois, le temps que la compagnie identifie un successeur à M. Dabengwa », selon un communiqué. « Je vais assumer les responsabilités de PDG pour les six prochains mois dans la mesure où j’ai régulièrement à faire avec le régulateur nigérian et je continuerai à travailler avec lui pour résoudre, dans un souci d’urgence, les problèmes liés aux abonnés non inscrits ».

Début août, le régulateur des télécommunications du Nigeria (NCC) avait enjoint aux sociétés de téléphonie mobile dans ce pays de désactiver toutes les cartes SIM dont les détenteurs ne s’étaient pas identifiés dans un délai de sept jours, faute de quoi elles encouraient de lourdes sanctions.

MTN, qui avait plus de 62,8 millions d’abonnés au Nigeria au deuxième trimestre 2015, n’a pas respecté ce délai et s’est vu infliger une amende de 1.000 dollars pour chacun de ses clients non identifiés.

Cette amende a entraîné une chute de 17,5% du cours des actions de MTN à la Bourse de Johannesburg, depuis le début de l’affaire, il y a deux semaines. Lundi matin, l’action a chuté de 1,71% à l’ouverture de la Bourse de Johannesburg.

« Il s’agit d’une entreprise qui traverse une crise profonde », et cette démission devrait envoyer un signal positif au marché, a réagi une analyste, Dianna Games, de la Chambre de commerce nigériano-sud-africaine.

« Rien ne laisse penser que la NCC va réduire l’amende. Cette démission est peut-être l’indication que cela ne va pas se produire parce que M. Dabengwa était au Nigeria pour négocier avec le régulateur » en vue de réduire l’amende, a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.

Dianna Games avance plusieurs raisons pour l’amende infligée à MTN. « Le gouvernement nigérian est en crise à cause de la chute des cours du pétrole. 5,2 milliards de dollars vont être une importante source de revenus », a-t-elle expliqué.

Le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari a aussi « présenté comme une priorité les questions de sécurité. (…). Des groupes comme Boko Haram pourraient utiliser des cartes SIM non enregistrées pour conspirer », a-t-elle poursuivi.

MTN est aussi dans le collimateur de la Bourse de Johannesburg, qui a annoncé fin octobre l’ouverture d’une enquête sur de « possibles délits d’initiés » au sein du groupe dans le cadre de l’affaire nigériane.

Par l’AFP

Tchad : la téléphonie mobile, toujours chère et de qualité décevante

téléphonieLe secteur de la téléphonie mobile au Tchad, libéralisée depuis une quinzaine d’années, est en pleine expansion, tandis que les services proposés restent chers et que la qualité du réseau fortement critiqué.

Depuis 2000, date de l’octroi de la première licence, le secteur de la téléphonie mobile connaît une croissance exponentielle au Tchad. Ayant versé 191 milliards F CFA (382 millions USD, Ndlr) entre 2009 et 2013, au titre de diverses redevances d’impôts et taxes, il vient en deuxième position après les industries du pétrole en termes d’apport dans la croissance de l’économie du pays.

Si la téléphonie mobile se porte bien, c’est grâce notamment à deux opérateurs à capitaux étrangers: Airtel, propriété du groupe indien Bharti, et Tigo, filiale du groupe Millicom.

A côté de ces deux géants qui dominent le marché tchadien depuis quatorze ans (plus de 95% du chiffre d’affaires global), la Société tchadienne des télécommunications (Sotel) peine à se faire une place. La situation de l’entreprise publique qui détenait le monopole avant 2000, est aujourd’hui ridicule, comparativement aux deux autres opérateurs. Elle cumule un passif qui s’élève aujourd’ hui à 23 milliards F CFA (46 millions USD), et l’Etat tchadien veut s’en débarrasser. La procédure de privatisation piétine depuis plusieurs années, les employés jugent insignifiantes les mesures sociales proposées.

Parmi les 12 millions d’habitants que compte le Tchad, plus de 4,5 millions sont abonnés aux services à la téléphonie, selon le dernier rapport annuel de l’Observatoire du marché des télécommunications. Mais pour la plupart, les services proposés sont souvent hors de portée.

« Les tarifs d’interconnexion au Tchad sont les plus chers d’ Afrique subsaharienne », affirme Moupeng Tabah, directeur des Etudes et Prospectives à l’OTRT.

Avec de tels prix, les communications ne peuvent se faire qu’en intra-réseau. Cela favorise également l’augmentation du phénomène multi-SIM qui est estimé à 35%. Pourtant, la baisse du tarif d’ interconnexion ferait, selon M. Tabah, augmenter considérablement le volume du trafic, et donc les chiffres d’affaires.

De même, la cherté du prix de connexion à internet fait que ce dernier a très peu de clients: fin 2013, seuls 14.689 consommateurs sont abonnés à l’internet fixe, tandis que 675.387 autres ont utilisé l’internet mobile, soit 6% de la population globale du Tchad. En réalité, il y aurait plus d’utilisateurs internet que les chiffres déclarés. Beaucoup d’utilisateurs internet au Tchad sont des « free riders » et profitent de l’ internet des administrations au lieu de chercher à s’abonner.

« Avec l’avènement de 3G et 4G, si les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d’accès à internet ne font rien pour baisser leur prix de connexion à internet, il se pourrait qu’ils n’aient pas le retour sur investissement comme il le faudrait », explique le directeur des Etudes et Prospectives à l’OTRT.

Pour avoir accès à internet illimité d’un mois au Tchad à l’ heure actuelle, il faut débourser 50.000 F CFA, soit le tiers du salaire d’un travailleur moyen de la Fonction publique ou plus de 83% du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG).

Si les services de la téléphonie mobile sont chers au Tchad, leur qualité laisse également à désirer.

« Les ruptures d’appel sont fréquents, tout comme l’ indisponibilité du réseau. Et comme si cela ne suffit pas, on assiste à une nouvelle pratique de renchérissement des coûts des communications par des prélèvements de taxes et redevances multiples destinées aux secteurs qui n’ont aucun lien de causalité avec les TIC », dénonce M. Daouda Elhadj Adam, secrétaire général de l’Association pour la Défense des droits des consommateurs (ADC).

Au début, l’Etat tchadien avait imposé, à travers une loi, une redevance audiovisuelle de 10 F CFA sur le premier appel passé ou message envoyé dans la journée. L’objectif était de percevoir près d’un milliard F CFA par an qui devront servir à appuyer la création artistique, la presse, la formation professionnelle dans le métier de la communication et les droits d’auteur.

Mais très vite, d’autres taxes ont suivi: 1,18 F CFA par appel téléphonique au profit du Fonds national de développement du sport (FNDS), 1 F CFA au profit du Fonds national de développement des sports, 50 F CFA par minute sur chaque appel international entrant au pays et 1.000 F CFA sur les contrats d’abonnement aux téléphones mobiles prépayés, etc.

« Ça fait trop de taxes pour le Tchadien qui vit avec moins de 1 USD par jour et qui paie déjà une TVA (taxe à la consommation, Ndlr) de 18% », déplore M. Daouda Elhadj Adam.

Le 15 mars 2014, à l’occasion de la journée mondiale des consommateurs, les Tchadiens avaient observé vendredi une « journée sans téléphone » pour protester contre la mauvaise qualité, les coûts élevés des communications téléphoniques et des taxes que les pouvoirs publics ne cessent d’imposer.

Depuis trois ans, le régulateur multiplie les audits sur la qualité du réseau mobile: deux ont été réalisés en 2011, trois en 2012, un en 2013 et deux en 2014. « La poursuite des audits découle de la persistance des motifs d’insatisfaction, en dépit des précédents contrôles réalisés », indique Idriss Saleh Bachar, directeur général de l’Office tchadien de régulation des télécommunications (OTRT).

Le dernier audit, publié fin novembre 2014, démontre que mis à part l’opérateur public Salam, qui n’a pas d’engagement vis-à-vis de l’instance nationale de régulation, les deux autres opérateurs de téléphonie mobile ne respectent pas leurs engagements: 23% seulement à Airtel, contre 38% pour Tigo.

Ces chiffres sont parlants et le régulateur se veut ferme. « Par rapport à ces résultats, nous avons pris des mesures correctives en référence aux lois et textes promulgués », précise M. Saleh Bachar. Il ajoute que son institution jouera pleinement son rôle auprès des opérateurs afin de voir l’amélioration des services de télécommunications mobiles satisfaire le plus grand nombre de nos concitoyens », conclut Idriss Saleh Bachar.

(Xinhua)