Côte d’Ivoire : Simone Gbagbo acquittée

Simone Gbagbo

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Jugée pour crime contre l’humanité, Simone Gbagbo, l’ancienne première dame de Côte d’Ivoire, a été acquitté mardi 28 mars par la Cour d’assises d’Abidjan. « Le jury à la majorité déclare Simone Gbagbo non coupable des crimes qui lui sont reprochés, prononce son acquittement et ordonne qu’elle soit remise immédiatement en liberté si elle n’est retenue pour d’autres causes », a déclaré le juge Kouadjo Boiqui, président de la cour d’assises.

Plus tôt dans la journée, le procureur Aly Yéo avait requis la prison à vie à son encontre. « Messieurs les jurés, vous déclarerez Mme Gbagbo coupable de crime contre l’humanité et de crime de guerre et vous la condamnerez à l’emprisonnement à vie », avait-il déclaré à l’issue d’une heure de réquisitoire.

L’épouse de l’ex-président ivoirien était soupçonnée par les juges d’avoir eu un rôle central dans la crise postélectorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3 000 morts. Il est reproché à « la Dame de fer », comme l’appellent les Ivoiriens, d’avoir participé à des réunions ayant mené à des meurtres, des viols et des actes de persécution commis sur le territoire national.

Selon le procureur, celle qui est considérée comme un pilier inébranlable du régime de Laurent Gbagbo « a commencé à s’imposer depuis l’accession de son époux au pouvoir en 2000 » comme le véritable chef de la Côte d’Ivoire, de l’armée, de la police et de la gendarmerie.

« L’ex-première dame de Côte d’Ivoire a été la chef d’une cellule de crise, véritable organe décisionnel sur le plan sécuritaire », avait souligné le parquet général, sur la base des documents pris chez le couple présidentiel, lors de leur arrestation le 11 avril 2011. Ces documents attestent qu’« elle a répondu à des correspondances de marchands d’armes qui lui proposaient des achats d’armes et d’hélicoptères de combat », affirmait le procureur.

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Un procès sans l’accusée

Le procès de Mme Gbagbo s’est ouvert le 9 mai 2016 devant la cour d’assises d’Abidjan. Elle avait au préalable tenté d’éviter de comparaître en se pourvoyant en cassation, mais la Cour suprême du pays avait rejeté cette demande, ouvrant définitivement la voie à son procès pour crime contre l’humanité.

A la fin du mois d’octobre, les avocats de Mme Gbagbo se sont retirés du procès, invoquant le fait que la cour avait refusé de faire témoigner des personnalités ivoiriennes qu’ils souhaitaient faire entendre. Le lendemain, « la Dame de fer », suivant leur conseil, refusait de comparaître. Le reste du procès s’est déroulé sans elle, et sa défense a été assurée par des avocats commis d’office. Elle était toujours absente mardi, lors du réquisitoire.

Au tribunal, en juin 2016, Simone Gbagbo a plaidé non coupable. Face aux enquêteurs, elle a nié être intervenue dans la gestion du pouvoir et a soutenu que son rôle de première dame se limitait à être l’épouse du président de la République. Un président qui, selon elle, a été choisi par Dieu pour diriger la Côte d’Ivoire et dont les opposants ne pouvaient être que des « démons ».

Dans un autre procès, pour atteinte à la sûreté de l’Etat, la femme de l’ancien président Gbagbo a définitivement été condamnée à vingt ans de prison. Elle était jugée avec 78 coaccusés pour leur rôle dans la crise causée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Les violences qui marquèrent la crise postélectorale de 2010-2011. 

Laurent Gbagbo est, quant à lui, jugé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour des crimes contre l’humanité commis pendant cette crise post-électorale.
Par Lemonde

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Mme Gbagbo estime que son mari l’ «aurait giflé » si elle lui demandait d’ »abandonner » le pouvoir

Laurent Gbagbo et sa femme Simone

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Laurent Gbagbo et sa femme Simone
Laurent Gbagbo et sa femme Simone – Image d’archive|DR

Au troisième jour de son procès en assises, l’ancienne Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, a estimé que si elle demandait à son époux d' »abandonner » le pouvoir lors de la crise postélectorale, il l’ «aurait giflé », au cours de son audition.

Répondant à la question du juge de savoir pourquoi l’ex-Première dame n’avait pas exhorté son époux à « abandonner » le pouvoir, elle a réitéré que c’est lui qui était « vainqueur » de l’élection présidentielle de novembre 2010 et qu’il l’ «aurait giflé » si elle lui faisait « la suggestion ».

Au cours de ce procès, la Cours d’assises devra montrer un lien entre l’influence de l’ex-Première dame avec l’organisation des crimes commis après la grave crise postélectorale qui a fait plus de 3.000 morts dans le pays.

Elle a soutenu qu’elle participait à des manifestations de « jeunes patriotes », notamment proches de l’ex-président Laurent Gbagbo, mais n’avait jamais fiancé leur mouvement.

Le leader des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé, un proche de M. Gbagbo, comparaît avec son mentor à La Haye depuis le 28 janvier pour répondre des « crimes contre l’humanité » lors des violences postélectorales ivoiriennes.

L’ancienne Première dame de Côte d’Ivoire, qui est jugée par la Cours d’assises,  a déjà été condamnée pour « atteinte à la sûreté de l’État » pendant la crise postélectorale de 2010-2011.

Mme Gbagbo est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cours pénale internationale (CPI), mais le gouvernement ivoirien refuse son transfèrement estimant avoir les capacités de la juger de façon équitable sur son sol.

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Côte d’Ivoire: le procès de Simone Gbagbo est celui du « néocolonialisme »

Simone Gbagbo

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Simone Gbagbo
Simone Gbagbo

Le procès de l’ex-Première dame Simone Gbagbo, accusée d’être une protagoniste majeure de la sanglante crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, est celui du « néocolonialisme » français en Afrique, a affirmé vendredi l’un de ses avocats, qui a plaidé l’acquittement.

Le parquet général a requis mardi dix ans de prison contre la « Dame de fer » ivoirienne, accusée de « participation à un mouvement insurrectionnel », « troubles à l’ordre public » et de « constitution de bandes armées ».

Les plaidoiries de la défense, qui ont duré trois jours, se sont terminées en fin d’après-midi. Le verdict pourrait être rendu lundi, de source judiciaire.

« Condamner Simone Gbagbo, c’est reconnaître que l’on a toujours besoin de notre colon pour venir distribuer les bons points et les mauvais points. L’acquitter, c’est montrer notre amour pour la Côte d’Ivoire », a affirmé Me Rodrigue Dadjé.

L’ex-Première dame doit être « déclarée non coupable de tous les chefs d’accusation », a-t-il poursuivi. Mme Gbagbo, drapée dans un pagne multicolore, a paru concentrée et sereine vendredi.

« Il ne s’agit pas d’un procès ordinaire. Il s’agit d’un procès politique, le procès de la politique étrangère française en Afrique », « qui installe qui elle veut à la tête de nos pays », a insisté Me Dadjé.

– Ingérence de la France –

« Il s’agit du procès du néocolonialisme, de la politique d’ingérence de la France dans les pays africains », a fustigé le défenseur.

L’ex-Première dame est jugée depuis début janvier avec 82 autres personnes pour leur rôle dans les violences postélectorales de 2010-2011, causées par le refus de son mari Laurent de reconnaître la victoire de l’actuel chef de l’Etat Ouattara à la présidentielle de novembre 2010. Les violences entre les deux camps ont fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

Les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo, qui contestent sa défaite électorale, critiquent le rôle de la France, l’ancienne puissance coloniale, dont l’armée intervenait sous mandat onusien en Côte d’Ivoire, qualifiant ses soldats de « forces partiales ».

Selon eux, les soldats français, en s’opposant aux forces loyales à Laurent Gbagbo et en bombardant sa résidence, ont permis que l’ancien président soit arrêté par des troupes favorables à Alassane Ouattara.

Laurent Gbagbo est actuellement écroué à la Cour pénale internationale, à La Haye, où son procès pour « crimes contre l’humanité » doit débuter en juillet. La CPI réclame également Simone Gbagbo, mais la Côte d’Ivoire refuse de la lui livrer.

« L’acquittement, ce sera la meilleure solution, ça pourra permettre aux rancoeurs de s’estomper », a estimé Me Toussaint Dako, un autre avocat de la défense.

Simone Gbagbo, 65 ans, est un personnage politique très clivant en Côte d’Ivoire.

Elle a été autant respectée pour son parcours dans l’opposition que redoutée comme « présidente » à poigne, souvent accusée d’être liée aux « escadrons de la mort » contre les partisans de l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara.

Ce procès, le plus important pour la Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise, est entaché de nombreux manquements, aucune preuve matérielle n’ayant été fournie pour les confondre, dénoncent la société civile et des sympathisants pro-Gbagbo.

Si les deux camps se sont montrés coupables d’exactions, aucun responsable pro-Ouattara n’est en outre inquiété, nourrissant des accusations de justice « politique » ou de « justice des vainqueurs ».

AFP

Côte d’Ivoire: 10 ans de prison requis contre Simone Gbagbo

Simone Gbagbo

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Simone Gbagbo
Simone Gbagbo

Le parquet général a requis mardi dix ans de prison contre Simone Gbagbo, une peine relativement mesurée pour l’ex-Première dame, désignée comme une protagoniste majeure de la sanglante crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire.

L’avocat général Simon Yabo Odi a accusé Mme Gbagbo, épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo (actuellement détenu à La Haye où il doit être jugé par la Cour pénale internationale), de « troubles à l’ordre public », « constitution de bandes armées » et « participation à un mouvement insurrectionnel ».

« Simone Gbagbo a bel et bien participé à la constitution de bandes armées à Abobo », une commune d’Abidjan dont elle était députée, a estimé M. Odi. « Ses hommes ont permis l’érection de barrages et participé à un mouvement insurrectionnel », a poursuivi le magistrat.

Le chef d' »atteinte à la sûreté de l’Etat », plus grave, qui a valu vingt années d’emprisonnement requises contre une dizaine de ses co-accusés -dont le général Dogbo Blé, ancien chef de la garde républicaine-, n’a toutefois pas été retenu contre elle.

Ses avocats rejettent ses accusations. Contactés par l’AFP, ils n’ont pas souhaité s’exprimer, réservant leurs commentaires pour leurs plaidoiries, qui se tiendront mercredi.

L’ex-Première dame s’est montrée très calme et attentive durant le réquisitoire, qui a duré près de 4 heures. Elle est demeurée impassible lorsque l’avocat général a enfin évoqué son cas, en toute fin d’audience.

Il y a huit jours, Simone Gbagbo avait eu l’air très à l’aise lors de sa première audition après quatre années de silence public.

Confrontée à cinq témoins, dont deux ont affirmé l’avoir vu livrer des armes à des jeunes d’Abidjan, elle avait calmement nié. « Je ne me reconnais pas dans les faits. Je ne connais pas ces personnes ».

Parfois souriante, ironique ou cinglante, l’ex-Première dame s’était aussi livrée à une diatribe enflammée contre la France et le régime ivoirien actuel.

Simone Gbagbo, 65 ans, surnommée « la Dame de fer » ivoirienne quand son mari Laurent était au pouvoir, a été autant respectée pour son parcours dans l’opposition que redoutée comme « présidente » à poigne, souvent accusée d’être liée aux « escadrons de la mort » contre les partisans d’Alassane Ouattara, aujourd’hui au pouvoir, et qu’elle a toujours honni.

– ‘Crimes contre l’humanité‘ –

Elle est, tout comme son époux, accusée de « crimes contre l’humanité » par la Cour pénale internationale. Mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye au motif que la justice ivoirienne est en mesure de lui fournir un procès équitable.

82 personnes, presque toutes des soutiens de l’ex-président Gbagbo, sont jugées à ses côtés depuis fin décembre afin de déterminer leur rôle dans la crise postélectorale de 2010-2011.

Ce procès, présenté comme le plus important pour la Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise, est entaché de nombreux manquements, aucune preuve matérielle n’ayant été fournie pour les confondre, dénoncent des organisations de la société civile et des sympathisants pro-Gbagbo.

Plus de 3.000 personnes ont péri entre décembre 2010 et mai 2011 en raison du refus de l’ex-président Gbagbo de reconnaître la victoire à la présidentielle d’Alassane Ouattara.

Mais si les deux camps se sont montrés coupables d’exactions, aucun responsable pro-Ouattara n’est inquiété, nourrissant des accusations de justice « politique » ou de « justice des vainqueurs ».

Mardi, deux ans de prison ont par ailleurs été requis contre Pascal Affi N’Guessan, le patron du Front populaire ivoirien (FPI), créé par Simone et Laurent Gbagbo.

Seules les charges de « troubles à l’ordre public » ont été retenues contre M. N’Guessan, qui comparait libre et souhaite représenter le FPI à la présidentielle d’octobre. Si les réquisitions devaient être suivies, sa peine serait couverte par sa détention provisoire.

L’avocat général a aussi demandé 5 ans d’emprisonnement pour Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président Gbagbo, coupable selon le parquet d' »atteintes à l’ordre public » et « participation à un mouvement insurrectionnel ».

« On a essayé de distribuer les peines », a dénoncé Me Mathurin Dirabou, un avocat de la défense. « Il y en a qui sont dans les mêmes cas, mais qui ont eu 24 mois ou 12 mois », a-t-il observé. Et de s’interroger : « Quel est le critère qui a détermine cette distribution de peines? Moi je n’en sais rien. »

Lundi, l’avocat de l’Etat ivoirien, unique partie civile dans ce procès, avait réclamé 3 milliards d’euros de dommages et intérêts aux accusés « pour tous les préjudices subis par l’Etat ».

AFP

Côte d’ivoire: Simone Gbagbo véhémente à son procès après quatre ans de silence

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L’ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo à Abidjan, le 23 février 2015|AFP

L’ex-Première dame Simone Gbagbo, entendue lundi à son procès à Abidjan pour « atteinte à la sûreté de l’État », s’est livrée à une diatribe enflammée contre la France et le régime ivoirien actuel, pour sa première apparition publique en quatre ans.

Les attaques sont vives mais le ton reste serein. « A l’heure où je vous parle, je ne sais pas exactement quels sont les actes matériels qu’on me reproche », observe posément la très controversée épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo.

La « Dame de fer » ivoirienne, souriante à son arrivée au tribunal, lance rapidement la polémique: « Laurent Gbagbo est le vainqueur de la présidentielle de 2010 », lance-t-elle, reprenant elle aussi ce mantra que répètent les caciques pro-Gbagbo jugés dans cette affaire.

Quatre ans après la crise postélectorale de 2010-2011 qui avait embrasé la Côte d’Ivoire, l’identité du gagnant de la présidentielle de décembre 2010 est à nouveau questionnée par l’un des principaux protagonistes.

Le refus de reconnaître la victoire de l’actuel chef de l’État Alassane Ouattara par le président sortant Laurent Gbagbo a provoqué de sanglants affrontements entre les deux camps, qui ont fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

Dans sa robe en pagne à motifs vert et marron, Simone Gbagbo, qui fut autant redoutée par ses opposants que vénérée par ses partisans durant les 10 ans de règne de son mari, entame ensuite un pilonnage en règle de la France et du régime en place.

La France, dont l’armée s’en est prise au cours de la crise postélectorale aux forces loyales à Laurent Gbagbo, permettant qu’il soit renversé par des troupes favorables à Alassane Ouattara, est particulièrement visée.

« De quoi le président Sarkozy se mêle-t-il? », s’interroge l’ex-Première dame, 65 ans, dénonçant « l’ingérence des autorités françaises » dont l’armée a, selon elle, « bombardé la résidence présidentielle pendant une dizaine de jours alors qu’aucune résolution de l’ONU ne lui donnait ce pouvoir ».

Les « troupes rebelles » de « M. Soro (Guillaume, l’actuel président de l’Assemblée nationale) et d’ADO » (Alassane Dramane Ouattara), « appuyées par l’ONU et les forces françaises, ont massacré des populations civiles, humilié des représentants de l’État », affirme-t-elle encore.

– ‘Battue avec une violence inouïe’ –

« Comment puis-je être poursuivie sur la base d’une décision politique? Alors que j’ai respecté la décision du Conseil constitutionnel? », demande-t-elle.

M. Ouattara a été déclaré vainqueur par la commission électorale organisatrice du scrutin, un résultat reconnu par la communauté internationale.

Simone Gbagbo, surnommée la « Dame de fer » ivoirienne, ne s’était pas exprimée publiquement depuis son arrestation le 11 avril 2011, lorsqu’elle était apparue les tresses arrachées et le visage fermé aux côtés d’un Laurent Gbagbo hagard, vêtu d’un simple maillot de corps.

« J’ai été battue avec une violence inouïe » lors de l’interpellation, affirme-t-elle à la barre.

Mme Gbagbo est la dernière des 83 accusés d’un procès-fleuve pour « atteinte à la sûreté de l’État » à être entendue. Elle est également accusée de « crimes contre l’humanité » par la Cour pénale internationale (CPI), comme son époux qui y sera jugé en juillet.

Mais Abidjan refuse le transfèrement de l’épouse à la CPI, assurant que la justice ivoirienne est en mesure de la juger de façon impartiale.

La société civile, qui critique les nombreux ratés de ce procès, dénonce une « justice politique » et une « justice des vainqueurs », aucun cadre pro-Ouattara n’ayant été inquiété alors que les deux camps ont commis des exactions.

La défense de Simone Gbagbo, invoquant une violation de son immunité parlementaire, a demandé une annulation du procès, ce que la Cour a refusé. Simone Gbagbo a été députée d’Abobo, un quartier d’Abidjan connu pour être favorable à Alassane Ouattara, de 2000 à 2011.

Dans le public, Michel Gbagbo, le fils de Laurent Gbagbo, issu d’un premier mariage avec une Française, est venu la soutenir, ainsi que des cadres du Front populaire ivoirien (FPI), un parti qu’elle a créé avec son ex-président de mari.

AFP

Côte d’Ivoire: Ouverture du procès de Simone Gbagbo ce vendredi à Abidjan

Simone Gbagbo

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Simone Gbagbo
Simone Gbagbo

Ce vendredi s’ouvre en Côte d’Ivoire, au palais de justice d’Abidjan, la session d’assises pendant laquelle Simone Gbagbo et 82 autres personnalités de l’ancien régime seront jugées pour atteintes à la sûreté de l’Etat. Il s’agit du premier procès civil de la crise post-électorale. Il a plus de deux mois de retard sur la date initialement prévue. Aucune audition n’est annoncée pour l’instant, ce n’est qu’une rentrée solennelle sous haute sécurité. Cela fait trois ans et demi qu’on n’a pas vu Simone Gbagbo en public. Elle est considérée comme la plus proche conseillère politique de son époux, l’ancien président Laurent Gbagbo.

L’ancienne première dame ivoirienne n’est plus apparue en public depuis son arrestation, le 11 avril 2011. Placée très rapidement en résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest du pays, elle a été envoyée à Abidjan, dans un lieu tenu secret, au début du mois de décembre 2014, pour les actes préparatoires de ces assises. Elle a effectué ce voyage en avion. Une photo volée a filtré dans la presse, mais rien de plus. D’après l’un de ses avocats, elle a reçu plusieurs fois la visite de médecins depuis son arrivée dans la capitale.

Simone Gbagbo serait en forme moralement : elle attend impatiemment de se présenter devant les juges pour savoir exactement ce qu’on lui reproche. Sa défense assure que le dossier est vide et ne mentionne aucune charge spécifique. Les avocats des 83 accusés sont sur cette ligne, considérant que la procédure n’est pas respectée. Ils évoquent un sentiment d’improvisation, et déplorent n’avoir reçu qu’une seule copie du dossier, alors qu’il y a 83 cas à traiter. Mais aucune audience sur le fond n’est prévue ce vendredi ; il s’agit avant tout d’une rentrée solennelle, pour confirmer notamment les six jurés qui sont dédiés à cette affaire, après le désistement de quatre autres.

La Côte d’Ivoire tient à juger Simone Gbagbo

C’est la première fois que Simone Gbagbo et ses 82 co-accusés, dont beaucoup sont en liberté provisoire, se retrouvent dans la même salle d’audience. La session se déroulera dans un palais de justice placé sous haute sécurité. D’abord annoncée fin octobre, c’est finalement deux mois plus tard que se tient d’ailleurs cette rentrée. Peu de magistrats maîtrisent en effet l’organisation d’assises, des procès lourds et coûteux qui s’étaient interrompus après la crise de 2002. Les autorités ivoiriennes veulent néanmoins convaincre de l’avancée des procédures de la crise post-électorale de 2010-2011, pendant laquelle environ 3 000 personnes sont mortes.

Pourtant, aucun crime de sang ne sera jugé pendant ce procès. Ces assises pour atteintes à la sûreté de l’Etat n’abordent pas les charges retenues contre Mme Gbagbo par la Cour pénale internationale, qui la poursuit pour les mêmes motifs que son mari, actuellement détenu à La Haye. La CPI réclame depuis février 2012 qu’on lui livre l’épouse de Laurent Gbagbo, afin de la juger pour crimes contre l’humanité. Le 11 décembre dernier, les juges de La Haye rejetaient encore une fois les arguments présentés par la justice ivoirienne, qui refuse de transférer l’ancienne première dame et assure pouvoir la juger avec équité.

L’UE avait promis de l’argent pour ces assises

Dans un document manuscrit, les magistrats de la CPI remarquent que les faits à l’origine des accusations visant Simone Gbagbo dans son pays sont flous et indéfinis. Pour la Cour, les mesures d’enquête sont rares et disparates, sans progression. Exemple de cette inertie : aucun acte n’a été mené pendant plus d’un an, entre janvier 2013 et février 2014. A Abidjan, comme le note la Fédération internationale des droits de l’homme dans son dernier rapport, la seule victime, c’est l’Etat. Les enquêtes sur les crimes les plus graves, elles, tournent au ralenti.

Pourquoi une telle précipitation dans la tenue de ce procès ? Une piste de réponse se trouve peut-être du côté de l’Union européenne. L’UE avait promis de débloquer 5 millions d’euros en appui budgétaire pour l’organisation d’assises impartiales avant la fin 2014. Pour autant, il paraîtrait surprenant dans ces conditions que l’argent soit attribué.

Par RFI