Sans papiers, des familles congolaises vivotent à Rennes

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« Là-bas, les gens se font enlever. Mais sans papiers, je ne peux rien faire en France, je suis comme un bébé. » Chantal, qui squatte avec une vingtaine de migrants de la République démocratique du Congo (RDC) une maison bourgeoise de Rennes, galère depuis quatre ans pour obtenir un statut protecteur dans l’Hexagone.

Dans la cuisine, cette Congolaise de 35 ans, mère de trois enfants âgés de 5, 7 et 14 ans, s’affaire autour d’un poulet au manioc, qui mijote pour les quelque 25 occupants.

Comme les autres adultes présents, elle arbore une mine défaite. Malgré les difficultés rencontrées à Rennes, impossible pour ces déboutés de l’asile d’envisager un retour en RDC, où ils disent avoir été victimes de persécutions. En 2016, la RDC était le 6ème pays et le 2ème d’Afrique pour les demandes d’asile, selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Mais le sort de ces réfugiés, contrairement à ceux de conflits comme la Syrie ou l’Irak, est mal connu.

« L’État français justifie son refus d’accorder l’asile en expliquant que les demandeurs sont trop +évasifs+, mais quand les Congolais fuient leur pays, ils ne savent même pas qu’ils vont devoir faire une demande d’asile. Ils partent sans documents, d’autant que l’administration congolaise, c’est le chaos. Et s’ils reviennent, c’est la prison », explique à l’AFP Jean-Willy Mbuko-Bayanga, pasteur et militant des droits de l’homme congolais.

Sans statut en France, ils vivent une errance forcée, y compris à Rennes, ville citée en exemple pour sa politique du logement. « Nous avons été dans un foyer, à l’hôtel, par-ci par là à Saint-Malo, Vitré ou Fougères, à la rue quand il n’y a plus de place », raconte Chantal, arrivée en France en 2013 et déboutée de l’asile en 2015.

Difficile pour leurs enfants de suivre une scolarité normale, soulignent les militants du collectif rennais Carpes. Il y a une semaine, ces derniers ont réquisitionné la coquette maison de briques rouges, destinée à être transformée en logements et bureaux, pour y introduire les migrants, majoritairement femmes et enfants.

Sur la façade, une banderole proclame: « Nous dormons dehors alors que des logements sont vides ». Les enfants courent en tous sens, presque insouciants.

Le promoteur immobilier Lamotte, propriétaire des lieux, a indiqué avoir « fait constater par huissier l’occupation illégale ». Selon les militants, une procédure d’expulsion est en cours.

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Maroc : plus de 23.000 sans-papiers régularisés en trois ans

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Plus de 23.000 clandestins ont été régularisés depuis 2013 au Maroc, après trois ans de mise en oeuvre d’une nouvelle politique migratoire, a-t-on appris de source officielle.

Cette opération exceptionnelle de régularisations a abouti à la délivrance de 23.096 cartes d’immatriculation, selon un document rendu public vendredi par le ministère des Affaires de la migration.

Ce texte a été distribué au cours d’une conférence à Rabat, faisant un bilan d’étape trois ans après le lancement d’une nouvelle politique migratoire impulsée par le roi Mohammed VI en septembre 2013.

Le Maroc voyait alors arriver de nombreux subsahariens tentant le passage vers l’Europe, dont certains étaient victimes de mauvais traitements et d’agressions. Rabat était par ailleurs accusé par les pays européens de ne pas en faire assez pour endiguer ce flot.

Tout un panel de mesures ont été lancées ou mises en oeuvre, parmi lesquelles cette opération de régularisation, une initiative unique dans la région, selon Rabat.

Les autorités ont donné une suite positive à 85,53% des 27.649 demandes de régularisation déposées, selon le document. La plupart des sans-papiers régularisés sont originaires, par ordre d’importance, de Syrie, du Sénégal, de la République démocratique du Congo (RDC), de Côte d’Ivoire.

Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), la société civile et des associations de migrants ont été associés à ces régularisations, via la mise en place courant 2014 d’une Commission de recours. Les dossiers des femmes et des enfants ont été systématiquement validés.

En 2015, les premières régularisations avaient été suivies d’une vague d’arrestations de clandestins, souvent dispersés de force dans le sud du pays, suscitant de vives critiques des ONG.

Ca a été un faux pas, ça a très nettement diminué, estime Hicham Rachidi, du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem).

L’implication d’un juge administratif dans le contrôle des reconduites à la frontière a été également une avancée énorme, a analysé pour l’AFP M. Rachidi.

Il reste cependant des points d’améliorations à cette politique volontariste, comme la question clé du budget, a-t-il ajouté.

Depuis 2004, 21.073 migrants originaires de 36 pays ont par ailleurs bénéficié du programme de retour volontaire, la plupart pour rentrer au Sénégal, au Nigeria, au Mali et au Cameroun, toujours selon le ministère des Affaires de la migration.

Les migrants représentent 0,24% de la population totale au Maroc (34 millions d’habitants), selon le ministère, qui reconnait cependant la difficulté de dresser des statistiques précises sur le phénomène.

Autrefois simple pays de transit, le Maroc est progressivement devenu pays d’accueil, même si de nombreux migrants gardent l’espoir de rejoindre l’Europe, en traversant le détroit de Gibraltar ou en pénétrant dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.

Dans un discours le 20 août dernier, le roi Mohammed VI s’est dit fier de l’action menée pour l’accueil des migrants et leur intégration.

Par l’AFP

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