La Banque mondiale va financer à hauteur 2,400 milliards de FCFA, soit 4.133.797 de dollars américains, le Programme activités génératrices de revenus (PAGR), initié par le Congo dans le cadre du Projet Lisungi-Systéme des filets sociaux et ses partenaires, a annoncé vendredi à Brazzaville, la ministre congolaise des Affaires sociales et de l’action humanitaire, Mme Antoinette Dinga-Dzondo.
‘’La mise en œuvre du PAGR, dans le contexte actuel de la crise économique et financière, a été rendue possible grâce au financement additionnel de 2,400 milliards de FCFA obtenu de la Banque mondiale« , a notamment déclaré Mme Antoinette Dinga-Dzondo, au cours d’une conférence de presse.
Le PAGR s’adresse aux populations congolaises très pauvres et pauvres vulnérables inscrites au Registre social unique (RSU), qu’elles soient bénéficiaires ou non des prestations du projet Lisungi.
Le montant alloué aux micro-projets éligibles ne dépassera pas 250.000 FCFA non remboursables, assorti de quelques conditionnalités, et 8000 à 9000 projets seront financés.
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Selon la ministre des Affaires sociales et de l’action humanitaire, à la date d’aujourd’hui, 9336 ménages sont éligibles aux transferts monétaires.
Ces ménages représentent une population de 46.753 individus bénéficiaires des transferts monétaires du projet Lisungi.
Pour l’instant, en attendant la mise en place des conditions indispensables pour le passage graduel à l’échelle, le programme ne couvrira que 16 localités de six départements du Congo, actuellement concernés par le projet.
Plus de la moitié de la population congolaise vit sous le seuil de la pauvreté dont l’incidence est passée, selon les études, de 65 pc à 75 pc entre 2005 et 2011.
Elle est plus concentrée au sein de certaines franges de la société et c’est notamment le cas des personnes âgées chefs de famille, les personnes vivant avec handicap, des populations autochtones, des enfants de la rue, des adolescentes et filles-mères, cibles principales du projet Lisungi.
Image d’archive|L’organisation de défense des droits humains se réfère à une opération dénommée « Mbata ya bakolo » (« La gifle des aînés », en lingala), menée à partir d’avril 2014 – DR
« Dieu, ne déverse plus d’eau, nos mains sont fatiguées ! » Germaine Kandeka, tremblotante, les habits trempés, formule cette prière à la vue des nuages qui assombrissent subitement le ciel de Kinshasa, annonçant une nouvelle inondation de ce qui lui sert de logis après son expulsion de Brazzaville.
Comme les autres « refoulés » qui ont élu domicile sous des bâches bleues tendues le long du mur d’enceinte du stade Cardinal-Malula, dans un quartier populaire du nord de Kinshasa, cette veuve, mère de deux enfants, s’active, à l’aide de vieilles casseroles, à repousser l’eau qui déborde du caniveau et envahit leurs abris de fortune.
D’avril à septembre 2014, plus de 140.000 citoyens de la République démocratique du Congo sont rentrés précipitamment du Congo-Brazzaville après le lancement d’une opération de police musclée destinée officiellement à combattre une recrudescence du banditisme imputée aux étrangers.
Dans un climat de chasse aux « Zaïrois » accompagné de violences policières dénoncées par l’ONU et plusieurs organisation de défense des droits de l’homme, des dizaines de milliers de ressortissants de la RDC ont préféré tout abandonner et rentrer chez eux tandis que des milliers d’autres étaient expulsés manu militari.
Accueillis temporairement à Kinshasa, tous ou presque sont rentrés dans leur region d’origine ou se sont décidés à retraverser le fleuve Congo pour reprendre leur vie sur la rive opposée.
Les « refoulés » du stade Malula n’ont pas eu cette chance. Après avoir transité dans plusieurs sites, ce résidu de « 167 foyers » a décidé de s’installer au coeur de Kinshasa afin que « personne » ne les oublie, explique leur président, François Okitalodi.
Selon M. Okitalodi, ils sont plus de 800 personnes au total, dont 230 enfants, à s’entasser dans la plus grande promiscuité entre le stade et la rigole d’évacuation des eaux usées qui longe la rue Kabambare.
Après les pluies torrentielles qui marquent la fin de la « petite saison sèche », les eaux noirâtres et boueuses charriant des immondices débordent de toutes parts et se jouent des sacs de sable, protection dérisoire dressée par les habitants contre les éléments.
– « Du travail et des parcelles » –
Les fortes précipitations ont eu raison des bâches dont bon nombre, déchirées, prennent l’eau. M. Okitalodi tient en main une facture de « 375 dollars pour des bâches neuves », mais où trouver cet argent ?
Venus d’un pays parmi les moins développés au monde, les « Zaïrois » (d’après l’ancien nom de la RDC) installés au Congo-Brazzaville, où les conditions de vie sont globalement un peu meilleures que chez eux, y exerçaient toutes sortes de métiers peu qualifiés.
De retour au pays, ils retrouvent la misère et l’absence de perspectives qu’ils y avaient laissées.
Les pieds dans l’eau, Léa Ndjoli, la trentaine, tresseuse de cheveux sur un grand marché de Brazzaville, porte sur ses cuisses son bébé d’à peine quatre mois, enroulé dans un linge. « Qu’est-ce que cet enfant a fait pour mériter ce sort ? » demande-t-elle.
Très remontée, Mariam Mayala, qui vendait de l’eau « en face », attribue sa fausse couche récente « aux conditions bestiales » de vie forçant « quatre foyers » à se partager un espace de 2 mètres sur 3.
Aucune installation sanitaire n’étant prévue, chacun fait ses besoins dans un récipient que l’on déverse ensuite dans la rigole qui court le long des tentes et d’où émane une odeur pestilentielle.
A moitié nus dans l’eau sale et boueuse, les enfants mendient auprès de tout passant. Malgré la pluie, ils s’accrochent aux fenêtres des voitures, espérant attirer l’attention et pouvoir s’offrir ne serait-ce qu' »un pain ».
Les parents ne cachent pas leur colère vis-à-vis des autorités qu’ils accusent de les avoir abandonnés.
« Pour nous reloger (les autorités urbaines) nous ont remis 18.000 francs » congolais (environ 20 dollars), affirme M. Okitalodi, dénonçant le montant dérisoire de cette aide.
« Ils ont honte de nous regarder, ces menteurs qui nous dirigent », s’emporte Marie Tshikudi, ex-vendeuse de poisson fumé entourée de ses deux petits-fils.
La communauté dit déplorer déjà onze morts dans ses rangs depuis le mois d’août.
Alain, un jeune du quartier, déplore « le comportement agressif de certains expulsés » mais dit apprécier qu’ils aient détourné une conduite du réseau public d’eau, et qu’ils en fassent profiter les habitants du coin, qui n’ont pas accès au réseau d’adduction.
« Nous demandons qu’on nous donne du travail, des parcelles pour nous installer et nous partirons d’ici », déclare Firmin Kuba, chauffeur sans emploi, à l’attention des riverains qui manifestent publiquement leur hostilité vis-à-vis de ceux qu’ils considèrent comme des « envahisseurs ».
Le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué, le 1er juin à Brazzaville, que près de la moitié de la population vit encore dans la pauvreté. Pour cette institution financière, ce résultat non seulement compromet la bonne gouvernance économique du pays, mais aussi et surtout ternit l’image du Congo qui aspire à devenir pays émergent à l’horizon 2025.
Faisant le point des résultats de cette énième session d’évaluation de la situation macroéconomique du Congo, la cheffe de mission du FMI, Dalia Hakura, a relevé avec regret que les dernières études menées font état que jusqu’à ce jour, près de la moitié de la population congolaise croupit encore dans une grande pauvreté.
Elle a regretté cette défaillance économique que le Congo peine à corriger, au moment où le pays a affiché, jusqu’en 2014, une bonne et solide croissance économique, avec un produit intérieur brut (PIB) qui a atteint 6,8%.
Même si l’inflation a chuté brutalement, en glissement annuel, de 2,1% au dernier trimestre de l’année 2013, pour s’établir à 0,5 la même période courant 2014, à cause de la baisse des prix de baril sur le marché international, les réserves et les dépôts internationaux du Congo effectués à la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), restent les plus importants de tous les États membres de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEMAC).
Ces dépôts jugés les plus élevés, d’après toujours le rapport du FMI, représentent 9,5 d’importations prospectives, et 20% du PIB.
La dette publique du Congo, poursuit le rapport, est établie actuellement à 36% du PIB, contre 32% du PIB enregistré en 2013, et 20% du PIB en 2010, peu après l’atteinte par le Congo du point d’achèvement à l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE).
En perspective, le pays affichera une croissance économique globale annuelle avoisinant les 3%, sur la fourchette 2015-2020, avec une production pétrolière qui connaîtra un pic considérable en 2018, après l’entrée en exploitation d’un nouveau gisement.
Avec tous ces atouts macroéconomiques, le Congo devra donc faire de son mieux pour baisser le taux de pauvreté, en créant des emplois, en valorisant le secteur hors pétrole, dans le cadre de la diversification de l’économie