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Retour sur la guerre secrète la plus longue menée par l’Occident contre un dirigeant africain (1969-2011). Extraits.
<< Après la chute de Tripoli, Kadhafi trouve refuge à Syrte, le 28 août. Il y vit alors entouré de son dernier carré de fidèles et de son fils Mouatassim dans des conditions extrêmement précaires. Abdallah Senoussi les rejoindra brièvement, avant de foncer vers le sud, vers Sebha, pour annoncer à son épouse la mort de leur fils Mohammed. Syrte, la cité loyaliste assiégée, est soumise à un déluge de feu incessant de l’OTAN et de ses domestiques, poussant Kadhafi et ses partisans à changer d’abris tous les quatre jours. Le Guide regarde ainsi l’enfer se déchaîner autour de lui. « À partir de là, nous savions que c’était fini ; il attendait la mort », raconte le général Mansour Dhao, son chef de la sécurité. « Mais je ne voyais pas la peur en lui », nuance Huneish Nasr, son chauffeur personnel, également présent avec lui.
[…] Courant octobre, un premier groupe d’une dizaine de mercenaires étrangers embauchés par une firme britannique non identifiée débarque en Libye, via Dubaï et Le Caire avec pour mission d’exfiltrer le colonel Kadhafi et ses proches du pays via le Niger. Ils sont rejoints peu de temps après par un autre groupe de dix-neuf mercenaires sud-africains blancs recrutés par une responsable de la même firme britannique résidant au Kenya. L’OTAN a donné son feu vert. Selon une source sud-africaine, le dernier contact entre le Guide libyen et l’Alliance a lieu quelques heures seulement avant le départ du dirigeant libyen. « Ils lui ont dit “vous pouvez vous en allez” » assure-t-elle. Des avions sont positionnés à Johannesburg et à Sharjah, dans les Émirats, pour aller chercher les mercenaires et leur « colis » libyen dès que la situation le permettra. Mais lorsque le convoi dans lequel se trouve le colonel Kadhafi, hissant le drapeau blanc de la trêve et de la capitulation, tente de quitter Syrte, au matin du 20, il est attaqué par un drone Predator et un Mirage 2000-D de l’OTAN.
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Mouammar Kadhafi est capturé, livré à la vindicte des insurgés, avant d’être mis à mort dans des conditions insoutenables. L’OTAN déclarera que les attaques ont été menées en toute ignorance de sa présence dans l’une des voitures du convoi. Une affirmation contestée par la Russie et qui ne va pas résister longtemps à l’examen approfondi et rigoureux des faits.
Le 18 octobre, soit deux jours avant l’attaque fatale contre le convoi du Guide, Hillary Clinton effectue une visite surprise à Tripoli et chuchote à ses « amis » islamistes : « Nous espérons qu’il sera bientôt capturé ou tué, de sorte que vous n’ayez plus à le craindre plus longtemps ». Le lendemain, 19, dans l’après-midi, un officier supérieur du Pentagone joint l’un de ses correspondants au sein des services secrets français et lui fait savoir que le colonel Kadhafi, suivi à la trace depuis un moment par un drone Predator, est localisé dans un quartier de Syrte et qu’il était désormais impossible de le « manquer ». Et vu tous les secrets qu’il détenait et qu’il pouvait déballer, le laisser en vie le transformerait en une « véritable bombe atomique », a tenu à préciser l’Américain. Son collègue français à l’autre bout du fil a très bien compris le message. De toute façon, à la DGSE comme à la DRM (Direction du renseignement militaire), on ne se gênait d’ailleurs pas pour évoquer l’« élimination physique » du colonel Kadhafi […] Certes, « il n’y a pas eu de consigne formelle donnée pour l’éliminer, confie un expert militaire fin connaisseur des opérations spéciales. Mais peut-être que tout le monde s’est compris. » Selon le jargon maison utilisé par un officier du CPCO (Centre de planification et de conduite des opérations), l’objectif ultime est de « traiter le Guide libyen et les membres de sa famille. » Autrement dit, les éliminer tous.>> (Patrick Mbeko, OBJECTIF KADHAFI, 2016).
Par Patrick Mbeko
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