Congo : les ailes de poulet reviennent sur les marchés

les ailes de poulet reviennent sur les marchés

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les ailes de poulet reviennent sur les marchés
Les ailes de poulet reviennent sur les marchés

Quasi absents des tables de différents marchés de Brazzaville suite à la publication de la circulaire du ministère de la Santé interdisant la consommation des ailes de poulet en provenance de la Pologne, ces produits congelés reviennent sur les étals.

Aux marchés Total, Poto-Poto et Ouenzé respectivement dans le 3, 4 et 5e arrondissement de Brazzaville, les ailes de poulet inondent une fois de plus les tables des commerçantes qui, il y a un mois, ne proposaient plus que du poulet, du poisson et des côtes de porc ou de boeuf aux acheteurs. Quelques rares commerçantes qui en détenaient encore des stocks les liquidaient discrètement, dans des coins isolés des marchés publics.

Les gérants des chambres froides que nous avons récemment abordés se plaignaient du rejet des ailes de poulet par les consommateurs y compris des cuisses de poulet qui n’étaient pourtant pas concernées par la circulaire. Tout semble revenir à « la normale. »

Quelques raisons du retour à cette habitude alimentaire aux conséquences sanitaires

Abordée, au marché Ouenzé, Marina, une jeune ménagère, affirme être consciente du fait que les produits surgelés rendent malade. « Seulement, les moyens financiers ne me permettent pas de consommer les produits alimentaires frais. Il me faut avoir plus de 5000F pour les acheter », a-t-elle dit.

Et, une autre de lancer, « tout le monde souhaite bien manger pour se maintenir en bonne santé. Malheureusement, vu le nombre de personnes qui composent nos familles congolaises, on est obligé de s’orienter vers les produits congelés. »

Par ailleurs, certains commerçantes affirment avoir liquidé normalement leurs cartons d’ailes de poulets. « Depuis la semaine dernière, les clients sont à nouveau intéressés par ce produit. Je parviens à évacuer ma marchandise petit à petit , contrairement au mois de janvier», affirme Mélanie, une vendeuse au marché Poto-Poto.

Rappelons que la circulaire du ministère de la Santé publiée le 14 janvier dernier indiquait que les germes mis en cause sur les ailes de poulets en provenance de la Pologne sont à l’origine des flambées des maladies diarrhéiques causées par la présence de la « salmonella entericia » retrouvée dans ces aliments.

Lopelle Mboussa Gassia 

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Brazzaville : A l’insalubrité s’ajoute l’inondation dans les marchés

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En cette période pluvieuse, les notions d’hygiène dans les marchés, on ne le dira jamais assez, font toujours couler beaucoup d’encre. Faire des courses après la pluie n’est pas chose aisée dans la plupart des marchés de la capitale. Constat.

Dans des marchés où le système d’évacuation d’eau ne fonctionne presque plus, les eaux de pluie envahissent automatiquement les trottoirs, empêchant du coup les vendeurs et les clients de circuler normalement. C’est le cas du marché Plateau des 15 ans, dans le quatrième arrondissement.

À l’origine de cette situation récurrente depuis deux ans, les collecteurs installés dans le marché n’évacuent plus convenablement les eaux de pluie. Pour contourner la difficulté, les commerçants et propriétaires des boutiques ont disposé des sacs remplis de sable tout le long des trottoirs afin de permettre aux clients d’accéder facilement aux étals malgré les eaux.

« Cette situation freine nos affaires, car les clients ont du mal à circuler pour atteindre nos tables. Cela porte un coup dur sur nos recettes journalières parce que les clients qui n’acceptent pas du tout patauger dans l’eau, et choisissent d’aller ailleurs », déplore Henriette Ndalla, présidente dudit marché, et vendeuse de légumes secs (haricots, petits pois, arachides).

Autres occupants des tables et échoppes lèvent également le ton et marquent leur indignation en critiquant rudement les autorités municipales de la ville, qui, selon eux viennent relever tous les jours des taxes, « au lieu de chercher à résoudre l’épineux problème d’évacuation d’eau et même de salubrité qui se posent dans ce marché ».

Ils regrettent par ailleurs l’absence de coordination avec ces autorités et les accusent de venir les « rançonner » chaque jour en relevant des taxes qui « n’aboutissent à rien ».

Au marché Thomas Sankara…

Ici au marché Thomas Sankara, dans le 9ème arrondissement, en plus des inondations, s’ajoutent des coulées de boue qui peuvent durer longtemps avant de disparaitre (2 à 3 semaines), d’après la vice-présidente de ce marché, Henriette Atti. En effet, la grande avenue transformée en gare routière où viennent stationner les véhicules remplis de marchandises en provenance de l’intérieur du pays est totalement impraticable.

En attendant que la boue sèche, certains vendeurs impatients choisissent d’aller squatter chez les voisins dans des pavillons situés à proximité. D’autres par contre préfèrent attendre chez eux, jusqu’à la disparition partielle de la boue.

« Pendant la saison sèche, il n’y a pas de problèmes. Mais, dès les premières pluies, c’est la déception, plus rien ne marche. À cause de l’état de notre marché, nos clients ne viennent plus », a expliqué la vice-présidente du marché.

Assises sous des parapluies, un groupe de six femmes lancent : « Nous avons de sérieux problèmes dans ce marché. Regardez les conditions dans lesquelles nous vendons lorsqu’il pleut ! Que les autorités municipales entendent nos cris. Pour l’heure, nous leur demandons de venir renverser ne fut ce que du sable pour permettre à nos clients d’accéder facilement jusqu’ici. Cela nous permettra d’écouler facilement nos marchandises ».

Le marché de dix Francs…

Construit dans une zone marécageuse à Moungali, dans le deuxième arrondissement, le marché de dix Francs, vieux de 60 ans est également confronté au problème d’évacuation des eaux de pluie.

En dehors de cette situation, les responsables réclament également la réhabilitation de leur marché, notamment les trois pavillons détruits par un vent violent depuis 2015, qui heureusement, n’avait pas fait de victimes humaines.

Par ailleurs, le président de ce marché, Frédy Koubanzila, ainsi que d’autres vendeurs s’indignent du manque d’attention des autorités municipales car, jusqu’à présent, explique-t-ils, les occupants de la partie détruite ont trouvé mieux d’aller s’installer au bord de la rue.

« Depuis que cette partie du marché s’est effondrée il y a de cela deux ans, nous n’avons reçu qu’une seule visite d’une autorité. Nos doléances et nos revendications n’obtiennent aucune réponse de la part des autorités », a regretté Frédy Koubanzila.

Les notions d’hygiènes loin d’être respectées

Même pendant la saison sèche, dans la totalité des marchés de Brazzaville, les notions d’hygiène sont fréquemment foulées au pied par les vendeurs, à l’image des denrées alimentaires sensibles que l’on voit souvent exposées longtemps au soleil et à la merci des mouches et autres insectes porteurs de maladie.

À l’entrée et même sur les trottoirs séparant les tables, ce sont les tas d’immondices qui accueillent les clients à la grande indifférence des vendeurs qui les côtoient sans gêne.

On déplore parfois le comportement de certains vendeurs qui n’hésitent pas de satisfaire leurs besoins naturels dans des endroits inappropriés, même sur des immondices entassées qui attendent à être évacuées.

« Nous vivons dans un environnement insalubre. Cette attitude renforce de plus en plus l’état d’insalubrité dans lequel est plongé ce marché. Même si l’on accuse la pluie qui vient dégrader la situation, il faut reconnaitre que nous ne sommes pas propres », a reconnu Sylvestre, vendeur de poisson de mer au marché Ouenzé.

« Le marché est un milieu de vie des commerçants qui doit être gardé propre. Malheureusement, ce sont d’abord les vendeurs qui polluent le marché tout en oubliant qu’ils sont les premières victimes des maladies liées à  l’insalubrité », s’est plaint un autre vendeur.

Pour la plupart des clients, les commerçants sont les seuls responsables de l’insalubrité.

Rappelons que la quasi-totalité des marchés du pays sont confrontés au manque de collecteurs d’eau, provoquant les inondations récurrentes. L’insalubrité dans ces lieux de vente constitue également un grand problème de santé publique quoique quelques efforts aient été entrepris par les autorités municipales. Bref, une véritable politique d’aménagement des marchés domaniaux s’impose.

Yvette Reine Nzaba

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Qui gère réellement les marchés à Brazzaville ?

Marche total de Brazzaville

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Marche total de Brazzaville
Image d’archive|Salubrité publique: triste spectacle au marché Total de Bacongo

Entre insalubrité, insécurité et taxes jugés excessives les occupants des tables et échoppes dans les différents marchés de Brazzaville lèvent le ton et marquent leur indignation. De même que les visiteurs effarés devant les immondices qui jonchent les marchés, les commerçants se demandent à qui revient finalement leur gestion.

Le sujet sur la saleté dans les marchés de Brazzaville est dans toutes les bouches, même des plus jeunes. Visibles, les dépotoirs qui encombrent l’entrée et les abords ne laissent personne indifférent. A Bacongo, le grand marché Total délocalisé (avant la construction du nouveau marché) et d’autres petits espaces de vente à l’instar de Kolelas ou Bourreau n’échappent pas à ce sombre tableau. La situation est encore pire après une pluie. A Ouenzé, le constat est le même. L’avenue Miadeka laisse de temps à autre apercevoir un mont de poubelle devant des étalages. Au marché de Moungali, entre la rue Bandza et celle des Martyrs avant de joindre les couloirs de vente de la friperie, le spectacle est désolant. Les exemples sont multiples.

La situation qui devient de plus en plus intenable laisse entendre une mauvaise gestion des marchés. A l’époque, s’en souvient un ancien boucher au marché de Moungali, la salubrité était l’affaire des « Comités de marchés » en connivence avec la Mairie sur la base des taxes prélevées chez les commerçants.  Constitués en association après la dépossession de nombreux de leurs avantages, les commerçants ont vu apparaître de nouveaux opérateurs privés qui gèrent tant bien que mal les marchés.

Celui qu’on cite actuellement est un certain M.H.I (Maïga Halilou Issa), un opérateur malien qui aurait bénéficié depuis septembre 2014, au sortir des délibérations du Conseil municipal de Brazzaville, de la gestion des marchés de la capitale. L’opérateur a confié à son tour l’exécution des tâches liées à la salubrité et à la sécurité des lieux à une société congolaise nommée Miledi et basée à Poto-Poto.

Des grincements de dents dans les marchés

Une taxe journalière de 200 FCFA a été instituée par les nouveaux gestionnaires des marchés auprès de chaque commerçant pour assurer l’assainissement. Pourtant, la saleté ne quitte pas les lieux. Les montagnes d’ordures croissent au fil des jours. A l’entrée du marché Kolelas sur l’avenue de l’OUA et à l’arrêt de bus à destination de M’filou, à l’intersection de l’avenue des trois martyrs et l’avenue Miadeka, au marché Mampassi. Les caniveaux sont bouchés…

« 200 FCFA par jour pour chaque table est un pactole qui aurait servi à une meilleure gestion, lorsqu’on sait que le groupe Bak qui gérait avant le marché Total de Bacongo faisait des recettes d’environ 8 millions de FCFA le mois », témoigne un ancien collaborateur de l’entreprise Bak.

Les commerçants regrettent par ailleurs l’absence de bureaux de relais dans les marchés, d’où les collaborateurs se réunissent dans les bars. « Nous les voyons dans les buvettes faire leur comptabilité »,explique un vendeur au marché de Moungali.

L’on reproche à la société le fait de ne pas avoir un personnel qualifié et du matériel professionnel.  A Total, par exemple, les ex-combattants recrutés par Bak l’ancien soumissionnaire, qui assuraient à la fois l’assainissement et la sécurité du marché, ont été dépossédés de leur travail. Depuis, explique-t-on, des vols et des cas d’insécurité ont repris.

« Comment pouvez-vous imaginer que dans chaque marché il n’y ait que six gardiens ? », appuie un commerçant bien informé de la situation. « La saleté était jetée derrière le bar La main bleue. Or là, vous la trouvez devant les marchés. Il n’y a aucun véhicule pour la déplacer », complète-t-il.

La Mairie responsable ?

Des interrogations multiples autour du contrat entre la mairie et le délégataire M.H.I. L’on se demande pourquoi la mairie ne fournit pas ses engins à ces sociétés pour le ramassage d’ordures. Récemment, le gouvernement aurait doté chaque mairie d’engins lourds pour assurer l’assainissement de la ville.

« Il semble que ces sociétés n’aient pas de moyens conséquents de leur politique. Ils n’ont pas d’engins. Il les loue à hauteur de 450.000 FCFA par intervention. Ce qui peut expliquer pourquoi le souci dans l’évacuation des ordures entassées le long des marchés », commente Paul, un ancien membre du Comité de marché de Poto-poto.

« Ici, il n’y pas d’endroit pour jeter les ordures. C’est à Mfilou que la société va déposer ces poubelles. Il faut donc des engins », souligne-t-il.

Où sont passés les engins donnés par l’Etat aux mairies ? Qu’attendent les autorités pour mettre en place de vrais mécanismes de gestion d’ordures ? Les questions se posent. Dans les marchés où les commerçants incinèrent eux-mêmes certains déchets, les supputations sont multiples.  Certains évoquent un complot entre les autorités municipales qui recevraient des pots de vin en retour d’un silence sur une situation qui gangrène sérieusement la santé des Congolais.

Une nouvelle taxe auprès des commerçants des marchés vient d’être annoncée par la mairie. Même si elle priorise une indépendance du budget de la municipalité vis-à-vis de l’Etat qui y participe à 80%, les commerçants espèrent y trouver des solutions pour améliorer leur environnement de travail.

© Adiac-Congo