Guillaume Soro rend une visite «symbolique» à Blé Goudé à la Haye

Guillaume Soro et Charles Blé Goudé

[GARD align=« center »]

Guillaume Soro et Charles Blé Goudé
Guillaume Soro et Charles Blé Goudé

L’ancien président du parlement ivoirien, Guillaume Kigbafori Soro, a rendu dimanche à la Haye, une visite «symbolique» à Charles Blé Goudé, ancien co-détenu et ancien ministre de Laurent Gbagbo en liberté conditionnelle aux Pays-Bas. 

Au cours de cette visite M. Soro a souhaité le retour de Charles Blé Goudé en Côte d’Ivoire pour «qu’ils construisent ensemble» la nation ivoirienne.

« Pour la Côte d’Ivoire et pour les générations à venir, il est bon que nous venions de façon symbolique vous saluer et souhaiter que vous rentriez en Côte d’Ivoire pour participer à la réconciliation » a déclaré M. Soro, précisant que « ce n’est pas des élections que je suis venu chercher ».

« Je suis venu vous voir pour qu’on construise ensemble la nation ivoirienne », a poursuivi Guillaume Soro s’adressant à son ancien compagnon des années 1990 au sein de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire ( FESCI, le plus grand syndicat estudiantin ivoirien) qu’il n’avait pas rencontrer officiellement depuis la fin de crise postélectorale ivoirienne de 2010.

[GARD align=« center »]

Selon M. Soro qui est également le président de Générations et peuples solidaires (GPS, mouvement politique), les retrouvailles entre M. Blé et lui pour la construction de la nation ivoirienne sont « plus importantes que nos ambitions personnelles».

Ancien leader des jeunes patriotes ivoiriens, Charles Blé est en liberté conditionnelle aux Pays-Bas après cinq ans de détention à la Cour pénale internationale ( CPI) pour son implication présumée dans la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011.

Quant à M. Soro, depuis sa démission de la présidence du parlement ivoirien en février dernier pour divergence d’opinion avec le président ivoirien Alassane Ouattara, il a rejoint l’opposition et a déclaré sa candidature pour la présidentielle ivoirienne de 2020.

Avec APA 

[GARD align=« center »]

Fatou Bensouda retarde le retour de Laurent Gbagbo et Blé Goudé en Côte d’Ivoire

Laurent Gbagbo

[GARD align=« center »]

Laurent Gbagbo
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a fait appel lundi contre l’acquittement de crimes contre l’humanité prononcé en janvier à l’encontre de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de l’un de ses proches, Charles Blé Goudé.

« L’appel démontrera que la chambre de première instance a commis des erreurs de droit et de procédure qui ont abouti à l’acquittement de M. Gbagbo et de M. Blé Goudé pour tous les chefs d’accusation », a déclaré dans un communiqué le bureau de la procureure, Fatou Bensouda.

Laurent Gbagbo a été reconnu non coupable de crimes contre l’humanité commis en 2010 et 2011 au cours des violences post-électorales en Côte d’Ivoire, et libéré en février sous conditions.

Les juges ont acquitté les deux hommes « sans formuler correctement et sans appliquer de manière cohérente une norme de preuve clairement définie », a déclaré Mme Bensouda.

[GARD align=« center »]

La Belgique avait accepté d’accueillir Laurent Gbagbo, 73 ans, libéré en février. Il est actuellement en liberté conditionnelle à Bruxelles en attendant un éventuel procès en appel. Blé Goudé vit aux Pays-Bas dans des conditions similaires.

Maintenu en détention pendant plus de sept ans, Laurent Gbagbo était jugé pour des crimes commis pendant la crise de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

Il avait été arrêté en avril 2011 par les forces du président Ouattara, soutenues par l’ONU et la France. Il est le premier ancien chef d’Etat à avoir été remis directement à la CPI.

MM. Gbagbo et Blé Goudé étaient accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.

Avec AFP

[GARD align=« center »]

La Cour pénal internationale (CPI) acquitte l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Elle demande aussi leur libération immédiate

Laurent Gbagbo

[GARD align=« center »]

Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo

Laurent Gbagbo a été acquitté mardi 15 janvier de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), qui a ordonné la mise en liberté immédiate de l’ancien président de la Côte d’Ivoire.

« La Chambre fait droit aux demandes d’acquittement présentées par Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé (ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, fidèles à M. Gbagbo) concernant l’ensemble des charges » retenues contre eux et « ordonne la mise en liberté immédiate des deux accusés », a déclaré le juge président Cuno Tarfusser.

[GARD align=« center »]

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, le Roi miraculé !

Laurent Gbagbo

[GARD align=« center »]  

Laurent Gbagbo

« Même si tu n’aimes pas le lièvre, tu ne peux pas refuser qu’il court vite », renseigne un proverbe Burkinabè. Il y a quelque chose de fascinant chez cet homme dont les adversaires tombent l’un après l’autre sans que Gbagbo en soit ni de loin, ni de près à la manœuvre. Étrange.

À commencer par Sarkozy, considéré comme le cerveau penseur de la chute suivie de l’humiliation du président fondateur du FPI. Alors que Chirac, le premier à vouloir déboulonner Gbagbo, est devenu inapte, Sarko a, contre toute attente, lamentablement échoué à la présidentielle française devant un François Hollande dépourvu d’expérience politique. Wade, le relais de Sarkozy, a été balayé par l’ouragan politique de Dakar.

Idem pour Goodluck Jonathan et, surtout, Blaise Compaoré, le parrain de la rébellion dirigée par Soro. Tandis que Bongo et Kadhafi, le financier de la rébellion, sont passés à l’au-delà. Raïla Odinga, le médiateur( bien partisan) de l’Union Africaine pendant la période de crise à Abidjan, vole d’échec en échec pour accéder à la magistrature suprême au Kenya.

Et que dire de Jean Ping, le président de l’UA à l’époque de la crise ivoirienne? Il demandait récemment le recomptage des voix, à l’issue de la très discutable présidentielle au Gabon à laquelle il a lui-même pris part. L’arrosoir arrosé. C’est exactement ce qu’il a refusé à Laurent Gbagbo. C’est cela le vrai « kwembali « ( malédiction de l’ethnie téké)!

Et, cerise sur le gâteau, Moreno O Campo, l’ex procureur argentin de la CPI, est au cœur d’énormes scandales qui puent abondamment l’instrumentalisation, les conflits d’intérêts…
Reste à présent le sort qui sera réservé à tous ceux qui, en interne, ont joué au pitoyable rôle de « valets locaux de l’impérialisme « , selon les anciens marxistes léninistes congolais de Brazzaville .

Par Alphonse Ndongo

[GARD align=« center »]

Côte d’Ivoire: Mangou cloue Gbagbo «l’armée n’a pas pour mission de se battre pour maintenir un président qui n’a pas gagné les élections»

A son deuxième jour d’interrogatoire face à la défense de Laurent Gbagbo, le général Mangou a affirmé que même avec des munitions et des armes il n’aurait pas fait la guerre et, coup fatal pour l’ancien président, que l’armée n’a pas pour vocation de maintenir un président qui n’a pas gagné les élections.

« Si j’avais eu des armes et des munitions je n’aurai pas fait cette guerre car notre mission (l’armée, ndlr) c’est de défendre l’intégrité du territoire, protéger les personnes et les biens, l’armée n’a pas pour mission de se battre pour maintenir un président qui n’a pas gagné les élections » s’est par ces mots exprimé le témoin de l’accusation signifiant clairement que, pour lui, Laurent Gbagbo n’avait pas gagné la présidentielle de 2010 et tentait de se maintenir au pouvoir par l’usage de la force.

Par ailleurs le Général a expliqué que toutes les communications de l’armée ivoirienne étaient interceptées et que l’armée française usait de moyens aérien et satellitaire pour le renseignement.

« On n’avait pas de système pour coder donc c’était au téléphone portable qu’on communiquait en 2002 comme en 2011…Chaque fois l’armée française déployait un satellite et un avion « breguet », un avion de renseignement qui sert à écouter, à prendre des photos aériennes à haute altitude…J’ai pas de doute je sais que nous étions écoutés par les services français » confiera le témoin qui expliquera ensuite que les infiltrations ennemies dans les rangs de l’armée servaient au commando invisible.

« Nous étions infiltrés par des militaires qui transmettaient les renseignements aux ennemis, pendant la crise de 2010 à 2011 c’était transmis au commando invisible ».

Laurent Gbagbo reste en prison à la CPI

[GARD align=« center »]

La chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a cassé mercredi une décision refusant de libérer  pour le reste de son procès et ordonné à la chambre de première instance de réexaminer sa situation.

L’ancien président ivoirien en prison à la Cour pénale internationale, à La Haye reste en détention, selon une décision annoncée mercredi par la CPI.

Premier ex-chef d’État remis à la CPI, Laurent Gbagbo avait fait appel en mars de la décision de la Cour de le maintenir en détention à La Haye pendant toute la durée de son procès pour crimes contre l’humanité commis lors de violences post-électorales ayant déchiré la Côte d’Ivoire en 2010-2011.

« La chambre d’appel décide d’annuler la décision remise en question et ordonne à la chambre de première instance de mener un nouvel examen quant à savoir si M. Gbagbo devrait continuer à être détenu ou devrait être libéré avec ou sans conditions », a déclaré le juge Piotr Hofmanski, faisant état d' »erreurs » lors du premier jugement.

L’ancien président, âgé aujourd’hui de 72 ans, et Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à Laurent Gbagbo, sont accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Les deux hommes ont plaidé non coupable.

[GARD align=« center »]

Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, entre décembre 2010 et avril 2011, dans les deux camps, lors de cette crise née du refus de l’ex-chef de l’Etat de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de la présidentielle de 2010.

Cette crise, émaillée d’exactions perpétrées par les deux camps, avait paralysé pendant plusieurs mois ce pays, premier producteur mondial de cacao et moteur économique de l’Afrique de l’Ouest.

Le procès, qui devrait durer trois à quatre ans, s’est ouvert le 28 janvier 2016 à La Haye. Laurent Gbagbo avait été livré à la CPI en 2011 et « le procureur est toujours dans le processus de collecte de preuves », a souligné M. Hofmanski.

En mars, la défense avait de nouveau demandé la libération conditionnelle de l’ancien chef d’Etat, arguant qu’il était « déjà détenu depuis presque six ans » et qu’il souffrait de « maladies qui l’affectent tant physiquement que psychologiquement ».

« La chambre de première instance aurait dû prendre en considération la durée que M. Gbagbo a passé en détention et (déterminer) si la détention de M. Gbagbo continue d’être raisonnable », a affirmé le juge.

L’ancien président ivoirien restera en détention jusqu’à ce que la question soit réexaminée.

Par l’AFP

[GARD align=« center »]

L’Afrique attend la décision que devra prendre la CPI sur une éventuelle libération de Laurent Gbagbo

Laurent Gbagbo

[GARD align=« center »]

La Cour pénale internationale (CPI) doit rendre mercredi sa décision sur la demande de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo d’être libéré pour le reste de son procès pour crimes contre l’humanité lors de violences post-électorales ayant déchiré la Côte d’Ivoire en 2010-2011.

Premier ex-chef d’État remis à la CPI, Laurent Gbagbo avait fait appel en mars de la décision de la Cour de le maintenir en détention à La Haye pendant toute la durée du procès.

L’ancien président, âgé aujourd’hui de 72 ans, et Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à Laurent Gbagbo, sont accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Les deux hommes ont plaidé non coupable.

Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, entre décembre 2010 et avril 2011, dans les deux camps, lors de cette crise née du refus de l’ex-chef de l’Etat de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu vainqueur de la présidentielle de 2010.

Cette crise, émaillée d’exactions perpétrées par les deux camps, avait paralysé pendant plusieurs mois ce pays, premier producteur mondial de cacao et moteur économique de l’Afrique de l’Ouest.

Le procès, qui devrait durer trois à quatre ans, s’est ouvert le 28 janvier 2016 à La Haye. L’accusation a alors affirmé que l’ancien président s’était accroché au pouvoir « par tous les moyens », tandis que la défense a accusé Alassane Ouattara d’avoir pris le pouvoir par la force avec l’aide de la France, ancien pays colonisateur.

Laurent Gbagbo, dont la santé est « fragile », selon ses avocats, avait été livré à la CPI en 2011. Charles Blé Goudé l’avait été en 2014.

L’ex-président ivoirien est accusé d’avoir fomenté une campagne de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir. Charles Blé Goudé aurait, lui, été à la tête d’hommes ayant tué et violé des centaines de personnes dans le but de maintenir Laurent Gbagbo à la tête du pays.

[GARD align=« center »]

– ‘Risque de fuite‘ –

En mars, la défense avait de nouveau demandé la libération conditionnelle de l’ancien chef d’Etat, arguant qu’il était « déjà détenu depuis presque six ans » et qu’il souffrait de « maladies qui l’affectent tant physiquement que psychologiquement ».

L’accusation avait réfuté que l’ancien président disposait toujours d’un réseau important de militants et qu’il pourrait profiter d’une éventuelle libération pour « s’enfuir vers un territoire hors de la compétence de la Cour ».

Les juges avaient alors décidé à deux contre un de le maintenir en détention. Seul le juge Cuno Tarfusser avait exprimé un point de vue divergent, faisant valoir que la détention avait « excédé le seuil d’une durée raisonnable et que, vu son âge et son état de santé, le risque qu’il prenne la fuite pour échapper à la justice devient de plus en plus improbable ».

La Chambre d’appel de la CPI « rendra son jugement » relatif à l’appel à l’encontre de la décision sur la détention de M. Gbagbo mercredi à 16H30 (14H30 GMT).

Son avocat, Emmanuel Altit, a déclaré à l’AFP que la défense attend que la chambre d’appel « dise le droit », soulignant qu’un maintien en détention devait se faire selon des critères très précis et que les juges en première instance n’avaient pas réussi à prouver que le risque de fuite existait.

« Le président Gbagbo veut éclaircir la vérité. Il veut montrer quelle était la réalité des événements et quelle est la réalité de l’implication des différents réseaux, notamment les autorités françaises », a déclaré M. Altit.

Selon les militants des droits de l’homme, il est peu probable que Laurent Gbagbo soit libéré. « Il y a un risque de fuite », a estimé Carrie Comer, de la Fédération internationale des droits de l’homme, soulignant « la gravité des crimes dont il est accusé ».

Par l’AFP

[GARD align=« center »]

Exclusif-Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo se confie depuis La Haye sur la crise ivoirienne et le complot des lobbies dont il est victime

Laurent Gbagbo

[GARD align= »center »]

L’ancien président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, en détention provisoire depuis 2011 à la Cour pénale internationale à La Haye, affirme dans un entretien exclusif à Mediapart que la France de Jacques Chirac, puis de Nicolas Sarkozy , a systématiquement saboté sa présidence.

Refusant une trop grande indépendance du pouvoir d’Abidjan, Paris n’a cessé d’œuvrer au renversement de l´ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo.

Ce qui ressort de l’interview préparée par l’envoyée spéciale de Médiapart, Fanny Pigeaud et acceptée par le détenu politique dans les geôles de la Cour Pénale Internationale ( CPI ) à la Haye, Pays Bas.

Les récentes mutineries de militaires en Côte d’Ivoire sont venues rappeler que le président Alassane Ouattara était arrivé au pouvoir, en 2011, en recourant aussi à des combattants mercenaires, dont certains avaient été engagés dès 2002 dans un coup d’État raté contre Laurent Gbagbo. Dans le processus qui a conduit Alassane Ouattara à être déclaré élu à la présidence ivoirienne, il y a eu un acteur majeur : la France. Pour beaucoup de citoyens d’Afrique francophone, son implication dans la crise politico-militaire qu’a traversée la Côte d’Ivoire de 2002 à 2011 est évidente, même si elle a toujours cherché à cacher ou à faire oublier son rôle.

Responsabilité évidente de la France dans la crise politico- militaire

Détenu depuis six ans à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo est poursuivi pour « crimes contre l’humanité », des crimes qui auraient été commis en 2010 et 2011 : « meurtre, viol, autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – tentative de meurtre et persécution ».

L’ancien président ivoirien a une vision très précise de cette responsabilité française. Il l’a récemment détaillée dans des circonstances singulières : il a accepté que je lui rende visite dans sa prison, le 15 mai 2017. À la fin de nos échanges, il a donné son accord pour l’utilisation dans un article de certains de ses propos, qu’un de ses proches, présent aussi ce 15 mai, a relus avant publication

Le contexte entourant cette visite était également particulier. Chaque nouvelle audience du procès ouvert contre l’ancien président en janvier 2016, il y a donc bientôt déjà un an et demi, montre que la thèse de l’accusation s’effondre. En outre, il est de plus en plus question pour lui d’une possible libération, en raison de sa santé fragile, de son âge – 72 ans – et surtout de la durée de sa détention provisoire, qui a dépassé les normes admises par la Cour européenne des droits de l’homme.

Lors de cette entrevue du 15 mai, Laurent Gbagbo, élu en 2000, a dit n’avoir aucun doute : la France a cherché, pendant toutes ses années à la présidence, à l’écarter du pouvoir. À l’époque, il l’avait déjà plusieurs fois laissé entendre. Peu après le départ de Jacques Chirac de la présidence française, en 2007, il avait par exemple déclaré : « Depuis que Jacques Chirac est parti, je dors d’un sommeil profond et je me réveille tranquillement, sans penser que la nuit on peut attiser des militaires à droite et à gauche. »

Aujourd’hui, il assure « avoir su depuis le début »que Paris était derrière la tentative du coup d’État du 19 septembre 2002. Lorsque cette opération armée, menée par des ex-soldats ivoiriens pro-Ouattara, a eu lieu, Laurent Gbagbo était en visite officielle en Italie, où il s’était entretenu avec le président du Conseil, Silvio Berlusconi. Ce dernier l’avait mis en garde, raconte-t-il : « Il m’a dit : “Ne fais pas confiance à Chirac, il te plantera un coup de couteau dans le dos.” La nuit suivante, la Côte d’Ivoire était attaquée. »

À l’époque, la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie avait refusé d’appliquer l’accord de défense liant la France à la Côte d’Ivoire et prévoyant l’intervention de l’armée française en cas d’agression extérieure contre la Côte d’Ivoire. Elle avait justifié cette décision en soutenant qu’il s’agissait d’un conflit entre Ivoiriens. Pourtant, les assaillants étaient partis du Burkina Faso, qui les avait appuyés sur le plan financier et logistique.

Par la suite, cette rébellion armée, qui a pris le nom de Forces nouvelles, a entretenu un état de guerre permanent et occupé 60 % du territoire ivoirien jusqu’en 2011, avec le soutien actif du président burkinabè Blaise Compaoré. Des militaires français n’ont jamais compris pourquoi le gouvernement français avait refusé d’aider l’armée ivoirienne à déloger cette rébellion, qui non seulement tenait la moitié du pays mais aussi y faisait régner la terreur. Une telle action militaire n’aurait pris que quelques jours.

Mais « cette décision politique de dire “Oui, on soutient le gouvernement Gbagbo, et on va rétablir la paix et la stabilité au nord de la zone de confiance” n’est jamais venue. […] La France a souscrit à cette partition du pays avec au nord les Forces nouvelles et au sud le gouvernement du président Laurent Gbagbo », a relevé en 2012 Georges Peillon, ancien porte-parole de Licorne, opération militaire française en Côte d’Ivoire.

C’est parce qu’il était « de gauche » que le pouvoir français a tenté de le renverser, affirme aujourd’hui Laurent Gbagbo, qui a longtemps lutté pour la restauration du multipartisme en Côte d’Ivoire, obtenue en 1990. « Une partie de la droite [française], et surtout Villepin [qui est en 2002 secrétaire général de la présidence de la République avant de devenir ministre des affaires étrangères – ndlr], ne voulait pas que je sois président », dit-il, ajoutant : « Les Français m’ont toujours préféré dans l’opposition. »

L’ex-président précise que ses ennuis ont réellement commencé quand le socialiste Lionel Jospin a quitté ses fonctions de premier ministre en France et a été battu à l’élection présidentielle de mai 2002. C’est en effet seulement quelques mois plus tard qu’a eu lieu l’attaque du 19 septembre 2002. Si « la gauche » lui « a foutu la paix » au début, des cadres du Parti socialiste l’ont cependant fortement combattu par la suite. L’ex-ministre Henri Emmanuelli a été l’un des rares à être restés pour lui un fidèle ami, tout comme Guy Labertit, qui a été le « Monsieur Afrique » du Parti socialiste.

« J’étais trop indépendant » vis-à-vis de la France, avance aussi Laurent Gbagbo pour expliquer l’acharnement des autorités françaises contre lui. Il rappelle qu’il a dû un jour répondre à Chirac qu’il n’était pas un de ses sous-préfets. C’était en 2006 et il avait précisément déclaré : « Je ne suis pas président de la République pour travailler sous la dictée de quelqu’un. Je ne suis ni gouverneur, ni sous-préfet, ni préfet. Je suis un chef de l’État élu par son peuple. »

[GARD align= »center »]

Suspension des prêts de l’Union européenne et de la France

Pour illustrer cet esprit d’indépendance qui aurait déplu à Paris, l’ex-chef d’État évoque plusieurs mesures, prises très vite après sa prise de fonctions, dont l’adoption d’un « budget sécurisé » : il s’agissait pour l’État ivoirien de ne compter que sur ses ressources propres pour se financer. La France et l’Union européenne avaient à ce moment-là suspendu leurs prêts à la Côte d’Ivoire, après le rejet de la candidature d’Alassane Ouattara, pour défaut de nationalité ivoirienne, à des élections législatives.

Les Français « voulaient nous étouffer. Avec le budget sécurisé, l’idée, c’était : on ne demande rien à personne. Bien sûr, si certains voulaient nous aider, nous acceptions. Mais il n’était pas question de réclamer quoi que ce soit », explique Laurent Gbagbo. Ce dernier a aussi cherché à équiper
l’armée ivoirienne en s’adressant à d’autres pays que la France. « Lorsque je suis arrivé à la présidence, nous avions des officiers très bien formés, mais qui n’avaient pas d’outils de travail. Kadhafi – qui jouait sur plusieurs tableaux à la fois – nous a procuré cent kalachnikovs : elles ont été les premières armes de la police. Ensuite, je me suis adressé à Eduardo Dos Santos », président de l’Angola, qui a lui aussi accepté de fournir des armes à la Côte d’Ivoire.

Mais « si on se passe des Français, c’est comme si on les agresse. Pour eux, c’est la France qui doit dicter la voie à suivre à la Côte d’Ivoire », constate l’ancien chef de l’État. « J’ai pensé que les réformes que je voulais engager auraient amené les Français à dire : “C’est un homme d’État, laissons-le travailler.” »

Paris voulait un Président docile en l’imposant à Houphouet- Boigny en 1989

Seulement, Paris voulait qu’Alassane Ouattara, au profil plus conciliant, arrive au pouvoir. Les Français « ont imposé Ouattara en 1989 à Houphouët-Boigny [président de la Côte d’Ivoire de 1960 à 1993 – ndlr]. L’objectif, dès cette époque, c’était de l’amener à la présidence », analyse Laurent Gbagbo. Allié fidèle des Français en Afrique de l’Ouest, Blaise Compaoré a soutenu ce projet : « Compaoré m’a dit : “Tu es mon ami, mais il faut Ouattara comme président.” » Blaise Compaoré « a toujours agi pour le compte de la France », selon l’ex-chef d’État. C’est d’ailleurs l’armée française qui a exfiltré Blaise Compaoré du Burkina Faso, fin 2015, alors qu’il était menacé par un important mouvement de contestation.

Début 2003, la France a poussé la Côte d’Ivoire à signer l’accord dit de Linas-Marcoussis, qui a enlevé à Gbagbo une partie de ses prérogatives présidentielles et l’a obligé, notamment, à faire entrer des représentants des Forces nouvelles dans le gouvernement. « Je me suis retrouvé avec des ministres totalement illettrés, qui ne savaient ni lire ni écrire ! », se souvient-il. Le président a fait par la suite de nombreuses concessions à ses adversaires, acceptant par exemple que l’opposition politique et armée devienne majoritaire au sein de la « commission électorale indépendante » chargée d’organiser les élections.

Le bombardement de Bouaké

En novembre 2004, les relations entre la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et la France de Jacques Chirac se sont considérablement détériorées. Le 6 novembre a eu lieu ce qu’on appelle aujourd’hui le « bombardement de Bouaké » : des avions ivoiriens pilotés par des Biélorusses ont tué neuf soldats français, à Bouaké. Chirac a aussitôt accusé son homologue ivoirien d’avoir été le donneur d’ordre. Ce dernier a nié toute responsabilité, sans être cru.

Trois jours plus tard, le 9 novembre, dans un contexte de grande confusion et après ce qui a ressemblé à un nouveau coup d’État raté, l’armée française a tiré sur une foule de manifestants non armés devant l’hôtel Ivoire, à Abidjan, tuant plusieurs dizaines de personnes. L’État ivoirien n’a jamais porté plainte à propos de cette fusillade, contre l’avis de collaborateurs de Laurent Gbagbo. Ce dernier dit aujourd’hui avoir plutôt « compté sur le temps pour que les gens y voient plus clair ».

Peut-être ce moment est-il arrivé : ces dernières années, l’enquête de la justice française sur le bombardement de Bouaké s’est orientée vers l’hypothèse d’une implication voire d’une responsabilité française. Début 2016, la juge chargée de l’enquête, Sabine Kheris, a ainsi demandé que les anciens ministres Dominique de Villepin, Michel Barnier, Michèle Alliot-Marie soient renvoyés devant la Cour de justice. Laurent Gbagbo se réjouit d’avoir pu être entendu par la magistrate, venue spécialement à La Haye, et d’avoir pu aussi rencontrer l’avocat des familles des soldats français, lui aussi persuadé de son innocence.

[GARD align= »center »]

Accord signé en 2007 avec Guillaume SORO

En 2007, Laurent Gbagbo a conclu un nouvel accord de paix avec le chef des Forces nouvelles, Guillaume Soro. L’élection présidentielle qui devait avoir lieu peu après a cependant été plusieurs fois retardée. Laurent Gbagbo a été accusé de chercher à repousser au maximum cette échéance pour se maintenir au pouvoir. Les pressions politiques, venues essentiellement de Paris, ont fini par faire oublier que les rebelles n’ont jamais respecté les différents accords signés, dont celui de Linas-Marcoussis, qui fixaient leur désarmement comme préalable à l’organisation de la présidentielle. Les Forces nouvelles ont toujours refusé de se séparer de leurs armes.

Le scrutin a finalement été programmé pour la fin de l’année 2010. Nicolas Sarkozy, ami d’Alassane Ouattara, était alors président de la France depuis 2007. Laurent Gbagbo a vite vu que les choses allaient mal tourner : « J’ai compris que Sarkozy voulait utiliser les élections comme prétexte. On nous a par exemple imposé l’entreprise Sagem »pour assurer une grande partie des opérations techniques liées à l’organisation du vote. L’Élysée a en effet fortement insisté pour que Sagem Sécurité, société française, soit choisie par le gouvernement ivoirien. Ensuite, « Sarkozy a répété à Ouattara : “Tu vas gagner.” Puis ils ont levé des mercenaires dans la sous-région en leur promettant que s’ils arrivaient à enlever Gbagbo, ils auraient 12 millions de francs CFA chacun ».
La crise éclate début décembre 2010, après le second tour de la présidentielle. À l’issue d’un processus douteux, la commission électorale indépendante annonce des résultats provisoires donnant Alassane Ouattara victorieux, avec plus de 54 % des suffrages. Mais le Conseil constitutionnel décide, le lendemain, d’annuler pour fraudes massives les résultats dans sept départements du Nord, sous contrôle rebelle depuis 2002. Et il proclame la victoire de Laurent Gbagbo avec 51,45 % des suffrages, contre 48,55 % à son rival. Le représentant de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et la communauté internationale, dont la France, prennent le parti d’Alassane Ouattara. Dès lors, le conflit est inéluctable.

Auparavant, Laurent Gbagbo avait plusieurs fois signifié son souhait de voir l’armée française quitter la Côte d’Ivoire, où elle dispose d’une importante base. Il l’avait en particulier fait savoir à une délégation envoyée par Nicolas Sarkozy à Abidjan pour revoir l’accord de défense liant les deux pays. Il se souvient avoir déclaré : « Cette ère [de présence militaire française en Côte d’Ivoire] est finie. » « J’ai cru que la sagesse l’emporterait. Je ne pensais pas qu’ils iraient jusqu’à bousiller le pays », commente aujourd’hui l’ancien président.

Pendant les cinq mois de crise postélectorale de 2010-2011, l’escalade des violences fait officiellement trois mille morts dans le pays. Face aux combattants de Ouattara, Laurent Gbagbo s’appuie sur les forces de défense et de sécurité, elles-mêmes soutenues par des groupes d’autodéfense (notamment dans l’Ouest), mais aussi sur le mouvement dit des « Jeunes patriotes » de Charles Blé Goudé, fidèle devenu ministre et jugé aujourd’hui dans le même procès que lui à La Haye. Mais la France, allant au-delà du cadre d’une résolution de l’ONU dans lequel elle était censée agir, a fait un usage inédit de la force, qui a stupéfié beaucoup d’Ivoiriens : début avril 2011, des hélicoptères français ont pilonné pendant plusieurs jours la résidence officielle du chef de l’État ivoirien, où ce dernier se trouvait avec ses enfants, ses petits-enfants et des dizaines de collaborateurs. Plusieurs de ces derniers restent aujourd’hui persuadés que l’intention des Français était d’éliminer physiquement Laurent Gbagbo.

Le 11 avril 2011, après une dernière nuit d’intenses bombardements, une opération au sol menée par l’armée française a abouti à son arrestation. La résidence était alors en feu et en ruine. Ailleurs dans le pays, l’armée française a aussi joué un rôle important auprès des troupes levées par Alassane Ouattara pour prendre le contrôle de l’ensemble du territoire – avec, à la clé, la perpétration de massacres.

Complot contre un patriote

Six ans après, Laurent Gbagbo est donc toujours en détention provisoire. Il a d’abord passé huit mois dans le nord de la Côte d’Ivoire, dans des conditions éprouvantes et en dehors de tout cadre légal. Il est depuis novembre 2011 au centre de détention de Scheveningen de la CPI, à La Haye. Comme les six autres prisonniers (tous africains) de la CPI, il est détenu dans une cellule de 10 m2 et est soumis à des contrôles stricts. Il n’a pas vraiment été surpris de se retrouver là : depuis 2003, ses adversaires le menaçaient de l’amener devant la justice internationale, rappelle-t-il. Blaise Compaoré avait en effet déclaré en marge des « négociations » de Linas-Marcoussis, en janvier 2003 : « Gbagbo finira comme Milosevic, c’est-à-dire devant le Tribunal pénal international. » Quelques semaines après, en février 2003, Chirac avait repris la menace. Nicolas Sarkozy a fait de même en 2010, tout au début de la crise postélectorale.

Otage pour les intérêts des lobbies

« Je ne suis pas en prison. Je suis otage », estime Laurent Gbagbo. « Je suis là pour permettre à Ouattara d’être à la présidence » et aux Français de continuer à avoir la mainmise sur la Côte d’Ivoire, assure-t-il. Il n’en revient pas que Alassane Ouattara ait été obligé de faire appel à des aides extérieures pour assurer le fonctionnement de l’État ces dernières années. « J’ai toujours payé les fonctionnaires. L’État ivoirien a largement les moyens de fonctionner », affirme-t-il.

Le Titre pour ICIBrazza , les intertitres sont de Confidentiel Afrique 

Depuis La Haye ( Pays -Bas), l’envoyée spéciale de Médiapart, Fanny Pigeaud

[GARD align= »center »]

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo envoie l’ASEC en finale de la Coupe !

[GARD align= »center »]

Mise à rude épreuve par le Stella Club d’Adjamé mercredi soir, l’ASEC Mimosas a dû son salut à une réalisation d’un certain Laurent Gbagbo Magbi qui a envoyé les Mimos en finale de la Coupe de Côte d’Ivoire (1-0).

Le nom de Laurent Gbagbo a été longuement scandé par les actionnaires à la fin du match ASEC Abidjan-Stella Club d’Adjamé (1-0) comptant pour les demi-finales de la coupe nationale. Et pour cause, c’est de ce joueur homonyme de l’ancien président ivoirien qu’est venu le salut des Mimos.

Pris dans l’étau des Magnans d’Adjamé, l’attaquant au nom très évocateur a dû faire parler son efficacité pour inscrire l’unique but de la partie à la 78e minute. Sur une offensive partie d’une rentrée de touche, le ballon a profité à Laurent Gbagbo, dans la surface de réparation du Stella Club. Sans se faire prier, l’attaquant mimosas a enchaîné une frappe limpide qui a laissé pantois Kotoko Mohamed Ouattara, le portier adverse.

Laurent Gbagbo Magbi permet ainsi à l’équipe jaune et noire de se hisser en finale de la Coupe nationale. L’ASEC aura pour adversaire le Séwé Sport de San Pedro, qualifié plus tôt dans la soirée aux dépens de l’AFAD. Dans un match à rebondissement sanctionné par un excellent nul (2-2) dans le temps réglementaire, les Portuaires ont réussi à se débarrasser des Académiciens à l’issue de l’épreuve des tirs au but (4-3, tab). La finale est prévue pour le samedi 6 août au stade Champroux de Marcory.

© afrik-foot

[GARD align= »center »]

L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo plaide non coupable devant la CPI

Laurent Gbagbo

[GARD align= »center »]

Laurent Gbagbo
L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo au premier jour de son procès devant la CPI, le 28 janvier 2016.

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a plaidé non coupable jeudi à l’ouverture de son procès devant la Cour pénale internationale, cinq ans après des violences postélectorales qui ont déchiré une Côte d’Ivoire toujours en quête de « vérité ».

M. Gbagbo est le premier ex-chef d’Etat poursuivi par la CPI. Son procès est un vrai test pour la Cour, entrée en fonction en 2003. Lui et son co-accusé Charles Blé Goudé, 44 ans, ancien chef de milice, sont
poursuivis pour leur rôle dans la crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, à l’issue de l’élection présidentielle de fin
2010.

M. Ouattara avait été reconnu vainqueur notamment par les Etats-Unis et l’Union européenne. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, transformant
en champ de bataille certaines zones du premier producteur mondial de cacao, moteur économique de l’Afrique de l’Ouest.

« Je plaide non coupable », a déclaré Laurent Gbagbo, 70 ans, après lecture des charges par un représentant du greffe : meurtres, viols, actes inhumains et persécutions. M. Blé Goudé l’a imité quelques instants plus tard. M. Gbagbo, portant un costume bleu foncé, était apparu souriant et détendu à l’ouverture de l’audience, vers 09H35 (08H35 GMT).

L’accusation devrait avoir la parole la majorité de la journée de jeudi. Suivront dans l’après-midi les représentants des 726 victimes admises aux procédures, puis, vraisemblablement vendredi, la défense.
– ’Libérez Gbagbo’ –

Quelques centaines de partisans de l’ex-président avaient fait le déplacement et chantaient jeudi matin leur soutien devant la bâtiment de la CPI, arborant des écharpes, chapeaux et autres apparats aux couleurs de la Côte d’Ivoire: vert, blanc et orange.

« Libérez Gbagbo! », « Procès de la honte! », « Gbagbo président! » scandaient-ils au rythme de tambours, se réchauffant dans la fraîcheur matinale néerlandaise. L’ex-président ivoirien est accusé d’avoir fomenté une campagne de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir. Charles Blé Goudé aurait, lui, été à la tête d’hommes ayant tué et violé des centaines de personnes dans le but de maintenir l’ex-chef de l’Etat au pouvoir.

Mais pour le camp Gbagbo, ce dernier est un chantre du multipartisme et la France, ancienne puissance coloniale, est derrière le « complot » qui a entraîné la chute de ce farouche nationaliste.

Reporté à plusieurs reprises, ce procès est attendu autant par le camp Ouattara que par celui de Gbagbo, d’autant qu’il repose la question cruciale des rapports entre justice et réconciliation.

En Côte d’Ivoire, dans les bastions des deux accusés, des écrans géants ont été installés pour que la population puisse suivre les procédures. Devant la CPI, les partisans de M. Gbagbo ont leur idée de la vérité. « Notre rêve de voir notre président retrouver sa liberté commence
aujourd’hui », affirme à l’AFP Marius Boué, qui a fait le déplacement depuis le nord de la France.

Le juge président Cuno Tarfusser a de son côté mis en garde contre toute « instrumentalisation politique » du procès, qui porte sur un conflit qui divise encore la Côte d’Ivoire.

« Ce n’est pas un procès contre la Côte d’Ivoire ou contre le peuple ivoirien, mais contre deux personnes physiques », a-t-il dit, affirmant que la Cour travaillera en toute « impartialité ».

– ’Justice des vainqueurs’ –
Cette « vérité » tant attendue par les Ivoiriens, accusation et défense ont promis mercredi de la faire « éclater ».

L’avocat de M. Gbagbo, Emmanuel Altit, avait par exemple assuré que son client « veut que toute la vérité soit dite, pour que les Ivoiriens puissent se réapproprier leur propre histoire ». Laurent Gbagbo, dont la santé est « fragile », selon ses avocats, avait été livré à la CPI en 2011. Charles Blé Goudé avait, lui, été transféré à La Haye en 2014.

L’accusation assure disposer de 138 témoins, qui ne seront pas tous appelés en audience. Elle compte présenter plus de 5.300 éléments de preuve dans un procès qui devrait durer entre trois et quatre ans. Simone Gbagbo, épouse de Laurent, a été condamnée à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour son rôle dans la crise, en compagnie de 78 autres personnes.

Aucun membre du camp Ouattara n’a encore été inquiété par la CPI, ce qui lui vaut parfois d’être taxée de « justice des vainqueurs », mais le bureau du procureur a promis d’intensifier son travail d’enquête, alors que les avocats
d’un millier de victimes présumées s’inquiètent de « l’impunité » dont jouissent les partisans de l’actuel président ivoirien.

« Village après village, dans l’ouest lointain, des membres des forces républicaines loyales à Ouattara ont tué des civils de groupes ethniques associées à Gbagbo », dénonce l’ONG Human Rights Watch dans un communiqué.

Par l’AFP

[GARD align= »center »]