Justice : le député Ghislain Galibali condamné à 30 ans de travaux forcés

Ghislain Galibali
Le député Ghislain Galibali

La Haute cour de justice a condamné, le 17 mai à Brazzaville, le député de la circonscription électorale unique de Lékana, dans le département des Plateaux, Ghislain Millet Galibali, à trente ans de travaux forcés.

Jugé par défaut criminel depuis le 13 mai dernier, l’élu du peuple a été reconnu coupable des faits qui lui sont imputés. En effet, l’infraction de faux et usage de faux a été requalifiée en faux criminels, en usage de faux criminel et escroquerie pour salaire.

Ainsi, pour faux en écriture publique, Ghislain Galibali doit payer, dans deux ans, la somme de 101 319 705 FCFA à son employeur, le Fonds routier, en termes de remboursement des salaires qu’il a perçus pendant quatorze ans. La Haute cour de justice lui a également infligé dix ans d’inéligibilité avec interdiction de s’inscrire sur les listes électorales et lui a décerné un mandat d’arrêt à l’audience.

Selon le verdict rendu public par le président de la Haute cour de justice, Henri Bouka, le recrutement de Ghislain Galibali au Fonds routier était entaché de plusieurs irrégularités dont la présentation d’un faux diplôme d’ingénieur en développement. Grâce à ce diplôme « consciemment établi », il percevait mensuellement la somme de 615 077 FCFA. « Il était un employé peu assidu qui ne faisait qu’à sa tête », peut-on lire dans l’arrêt de la Cour.

Notons que la Haute cour de justice est composée de trente-six cadres congolais dont les magistrats de la Cour suprême, les sénateurs et les députés. Unique juridiction dont la mission cardinale est de juger les parlementaires, le Premier ministre, les ministres, les membres de la Cour suprême et ceux de la Cour constitutionnelle ayant commis des infractions pénales, c’est pour la première fois qu’elle rend un arrêt depuis sa création en janvier 1999.

Parfait Wilfried Douniama

Congo Hold-up : « des accusations soutenues par aucune preuve fiable » avocat de Joseph Kabila

Kabila, congo
Joseph Kabila dans sa ferme à Kinshasa le 10 décembre 2018 (Photo by John WESSELS / AFP)

Le collectif d’avocats de Joseph Kabila s’est présenté devant la presse ce jeudi. Il est dirigé par Raphaël Nyabirungu, un juriste chevronné proche de l’ancien président. Il a dénoncé une « campagne médiatique sans précédent menée pour atteindre et abattre un homme, Joseph Kabila ». 

« Pendant plus d’un mois, fidèle à son image image de force tranquille et d’homme de réflexion, il a gardé silence. Aujourd’hui, son temps de parole commence par ce premier point de presse », a déclaré Raphaël Nyabirungu qui a précisé qu’ un autre collectif est installé en Europe et un autre en Afrique Australe. 

Pour lui, Congo hold-up est sans aucun fondement, mais simplement diffamatoire et calomnieuse contre « une personnalité de premier plan en RDC et en Afrique » qui n’a causé aucun tort à « aucun de leurs pays ». Il n’est soutenu par aucune preuve fiable, dit-il: « Aucun compte au nom de Joseph Kabila n’a été cité ».

« Le but de Congo Hold-up est de maintenir le contrôle du sol et sous-sol congolais, ajoute Raphaël Nyabirungu.

Près de 140 millions de dollars auraient été décaissés entre 2013 et 2018 au profit des proches de l’ancien président, selon les enquêtes Congo Hold-up. Des comptes du cercle de Joseph Kabila auraient aussi bénéficié des crédits de plus 100 millions USD. Problème: l’origine de ces fonds n’a pas été déterminée. Le média évoque aussi des dépôts en liquide d’environ 40 millions USD.

Ces médias et des ONG auteurs de ces vastes enquêtes pointent du doigt les faiblesses du système bancaire congolais avec, selon les enquêteurs, ce qu’on peut appeler des complicités internes à la BCC avec des soupçons de blanchiments d’argent, des transferts vers des sociétés écrans qui seraient basées dans des paradis fiscaux et d’autres flux opaques. 

De son côté, Rose Mutombo, ministre de la Justice, a donné « injonction » au procureur général près la Cour de cassation « d’ouvrir une instruction judiciaire » sur les « révélations de détournements de fonds publics impliquant plusieurs sociétés congolaises et internationales » contenues dans les enquêtes de Congo Hold-up.

Cameroun : deux femmes transgenres condamnées à cinq ans de prison

L'homosexualité est passible de cinq ans de prison au Cameroun. Getty Images / WOJTEK RADWANSKI
L’homosexualité est passible de cinq ans de prison au Cameroun. Getty Images / WOJTEK RADWANSKI

Au Cameroun, deux femmes transgenres ont été condamnées, mardi 11 mai 2021, à cinq ans de prison pour « tentative d’homosexualité » et « outrage public aux mœurs », une décision qui renforce les craintes d’une répression croissante contre les minorités sexuelles.

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Selon les informations du Guardian, les chefs d’accusation comprenaient également la non-possession d’une carte d’identité nationale, une infraction rarement poursuivie au Cameroun.

Shakiro, une figure populaire des réseaux sociaux, et Patricia ont été arrêtées le 8 février dans un restaurant de Douala, la plus grande ville du Cameroun, et prises pour cible en raison de leurs tenues vestimentaires, selon leurs avocats.

Les gendarmes les ont interrogées sans la présence d’un avocat, les ont frappées et menacées de les tuer, les couvrant d’insultes anti-LGBT et les forçant à signer des déclarations, selon des militants et des avocats qui leur ont rendu visite en détention. Shakiro et Patricia ont ensuite été transférées à la prison centrale surpeuplée de Douala où elles ont déclaré avoir été battues et insultées par des gardiens et d’autres détenus

L’homosexualité illégale

Selon Richard Tamfu, l’un des avocats des femmes, le jugement est inhabituellement sévère. « C’est un message clair envoyé à la communauté LGBT, à savoir qu’elle n’est pas la bienvenue au Cameroun et qu’elle risque cinq ans d’emprisonnement en cas d’arrestation » condamne l’avocat, qui a fait appel de la décision mercredi.

Les actes homosexuels sont illégaux au Cameroun et passibles d’une peine maximale de cinq ans. Pourtant, aucune preuve n’a été fournie par le tribunal pour les actes commis, a déclaré Tamfu. « Nous savons que dans le Code pénal camerounais, l’homosexualité est punie d’une peine allant entre six mois et cinq ans. Donc pour quelqu’un qui est poursuivi pour tentative d’homosexualité, avoir été condamné à cinq ans, c’est très sévère. »

Comme dans beaucoup de pays africains, l’homosexualité est souvent tournée en dérision, jugée contre nature et importée de la culture occidentale. Les arrestations arbitraires, les extorsions et les abus à l’encontre des minorités sexuelles sont monnaie courante au Cameroun.

Multiplication des arrestations

Avant 2013, les autorités camerounaises étaient parmi les plus agressives au monde en matière de poursuites contre les actes homosexuels. Après des années de baisse significative des poursuites, on a assisté l’année dernière à une recrudescence des incidents signalés, a déclaré au Guardian Neela Ghoshal, directrice des droits LGBT à Human Rights Watch.

RDC : Arrestation du ministre de l’éducation, Willy Bakonga à Brazzaville

Willy Bakonga
Willy Bakonga
Willy Bakonga

Le ministre sortant de l’Enseignement de la République démocratique du Congo, Willy Bakonga a été arrêté mardi soir à Brazzaville à la demande de Kinshasa qui l’accuse de détournement de fonds, a appris mercredi l’AFP de source policière.

« Willy Bakonga, ancien ministre de l’Enseignement de la RDC, a été débarqué mardi soir d’un vol d’Air France en partance pour Paris, à la demande de Kinshasa qui sollicite son extradition », a déclaré à l’AFP cette source policière sous couvert d’anonymat.

M. Bakonga était recherché par le parquet depuis le 16 avril dans le cadre d’une affaire de détournement des fonds.

Ancien ministre des Sports sous le régime de l’ex-président Joseph Kabila, Willy Bakonga occupait depuis août 2019 le portefeuille de l’Enseignement primaire et secondaire de la RDC dans l’équipe gouvernementale démissionnaire du président Félix Tshisekedi.

« Il est détenu présentement dans les locaux de la Centrale d’intelligence et de la documentation« , ex-direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a ajouté la même source sans plus de commentaire.

En RDC, le directeur du service de paie des enseignants et le secrétaire général du ministère de l’Enseignement primaire et secondaire ont été condamnés le 25 mars à 20 ans de prison pour détournement de fonds.

La gratuité de l’enseignement primaire est une des mesures phares du M. Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019.

La Banque mondiale a suspendu en février un financement de 100 millions de dollars en faveur de la gratuité de l’enseignement, en raison d’une affaire de corruption. Deux responsables de l’enseignement public ont été condamnés fin mars à 20 ans de prison.

L’arrestation de Willy Bakonga intervient moins d’une semaine après la visite du président Tshisekedi à Brazzaville, où il a assisté le 16 avril à l’investiture de son homologue Denis Sassou Nguesso qui entame un quatrième mandat.

Entre Brazzaville et Kinshasa règne un climat de confiance « mutuelle », avait alors déclaré le président Tshisekedi.

Par le passé Kinshasa a réclamé en vain l’extradition du général Munéné, un dignitaire du régime Joseph Mobutu (1965-1997).

C’est au Congo-Brazzaville qu’un chef rebelle Udjani de la province de l’Equateur (nord-est de la RDC) a trouvé la mort en 2010. Il n’avait pu être extradé après son arrestation.

Avec AFP

La CPI confirme en appel l’acquittement de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé

Laurent Gbagbo, le 31 mars 2021 à la CPI.

Laurent Gbagbo, le 31 mars 2021 à la CPI.
Laurent Gbagbo, le 31 mars 2021 à la CPI.

La Cour pénale internationale a confirmé, mercredi, l’acquittement prononcé en 2019 de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, premier ancien chef d’État qu’elle a jugé, lors d’un procès pour crimes contre l’humanité liés aux violences post-électorales en 2010 et 2011.

Laurent Gabgbo de nouveau acquitté. La chambre d’appel de la Cour pénale internationale a confirmé, mercredi 31 mars, l’acquittement de l’ancien président ivoirien des crimes contre l’humanité et crimes de guerre, commis entre décembre 2010 et avril 2011 en Côte d’Ivoire, dont il était accusé. 

Le ministère public, à l’origine de l’appel sur lequel la CPI a statué mercredi, avançait que les juges de première instance avaient commis une erreur en considérant en 2019 que l’accusation n’avait pas apporté la preuve de la culpabilité de Laurent Gabgbo et de Charles Blé Goudé, son coaccusé. 

Laurent Gbagbo, 75 ans, et Charles Blé Goudé, 49 ans, avaient été accusés de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, notamment meurtres, viols et persécution, au cours des violences post-électorales en Côte d’Ivoire de 2010-2011, lorsque Gbagbo avait refusé d’accepter sa défaite face à son rival Alassane Ouattara, l’actuel président. 

Les deux pouces levés

Laurent Gbagbo, premier ancien chef d’État jugé par la CPI, et Charles Blé Goudé ont toujours clamé leur innocence dans ces crimes ayant fait 3 000 morts en Côte d’Ivoire. En confirmant l’acquittement sous l’œil des deux hommes, présents à l’audience mercredi, la chambre d’appel de la CPI écarte la tenue d’un procès en appel et a clos l’affaire, près de 10 ans après l’ouverture du dossier.

« À la majorité, la chambre d’appel rejette l’appel du procureur et confirme la décision de la chambre de première instance », a déclaré le juge présidant la chambre d’appel, Chile Eboe-Osuji, ancien président de la CPI, basée à La Haye.

Laurent Gbagbo a hoché de la tête à l’annonce de la décision, puis a levé deux pouces en l’air et a souri. À la fin de l’audience, il s’est levé et a applaudi, tandis que Charles Blé Goudé à légèrement secoué ses poings en signe de victoire.

La CPI « abroge par la présente toutes les conditions restantes à la libération de M. Gbagbo et M. Blé Goude », a poursuivi le juge, ordonnant aux fonctionnaires du tribunal de « prendre des dispositions pour le transfert en toute sécurité de M. Gbagbo et M. Blé Goudé vers le ou les États d’accueil ».

Gbagbo toujours populaire chez ses partisans

Depuis son acquittement, Laurent Gbagbo vit en Belgique. La CPI avait refusé sa demande de liberté sans condition, mais autorisé l’ex-président à quitter la Belgique vers un pays acceptant de le recevoir.

En possession, selon son avocate, de deux passeports, un ordinaire et un diplomatique, remis par les autorités ivoiriennes, l’ex-président avait annoncé en décembre son désir de rentrer en Côte d’Ivoire, mais ce retour se fait toujours attendre.

La décision de la CPI sur l’appel de l’accusation était attendu en Côte d’Ivoire, où l’ombre de Laurent Gbagbo plane toujours sur une nation meurtrie par les violences politiques depuis plus de 20 ans. De nouvelles violences liées à la dernière présidentielle d’octobre 2020, remportée par Alassane Ouattara qui se représentait pour un troisième mandat controversé, ont fait près de 100 morts.

Président de 2000 à 2010, Laurent Gbagbo, toujours très populaire chez ses partisans, avait été arrêté en 2011. Après son acquittement surprise – les juges ayant notamment estimé que les preuves à charge étaient insuffisantes –, le bureau de la procureure de la CPI avait estimé que les magistrats n’avaient pas rendu une décision motivée en bonne et due forme et avaient commis des erreurs de droit et de procédure.

La procureure générale sortante de la Cour, Fatou Bensouda, avait interjeté appel en septembre 2019, huit mois après l’acquittement, réclamant la tenue d’un procès en appel. Fatou Bensouda, ainsi que ses services, sont sous le feu des critiques : si la CPI, fondée en 2002 pour juger les pires atrocités commises à travers le monde, a notamment condamné des chefs de guerre congolais et un jihadiste malien, l’accusation a échoué dans ses dossiers les plus emblématiques.

Avec Reuters et AFP

France – Grenoble : la justice valide l’expulsion d’une aide-soignante béninoise

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La jeune femme est venue vivre en France à la mort de son mari savoyard et travaille dans un Ehpad. Le préfet n’a pas renouvelé son titre de séjour, arguant qu’elle n’a pas de famille sur le territoire français…

En pleine crise sanitaire, le tribunal administratif de Grenoble (Isère) a rejeté le recours déposé par une aide-soignante béninoise visée par obligation de quitter le territoire. Le préfet n’avait pas renouvelé le titre de séjour de Lydia Veyrat, 39 ans, domiciliée à Montmélian (Savoie) et employée dans un Ehpad de Pontcharra (Isère). Une décision préfectorale que la justice estime motivée, selon France Bleu, qui révèle cette affaire.

Mariée à un Savoyard avec qui elle a vécu vingt ans dans son pays d’origine, elle était venue s’installer en France en mai 2019 à la mort de son mari. Depuis, elle travaille dans l’Ehpad qui l’a recruté en CDI auprès de pensionnaires atteints de la Covid-19 À ce titre, elle avait reçu la prime de 1.000 euros destinée aux personnels soignants lors de la première vague de la pandémie. Son visa long séjour ayant expiré, l’obligation de quitter le territoire lui avait été notifiée en septembre dernier.

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« Elle n’a pas de famille en France »

Dans son jugement rendu le 23 octobre, le tribunal administratif estime qu’elle « n’a pas de famille en France et n’établit pas avoir en France des liens privés anciens, intenses et stables alors qu’elle n’est pas dépourvue de tous liens familiaux dans son pays d’origine où réside notamment son fils issu d’une précédente union », indique encore France Bleu.

« Je suis dans un service avec des malades Covid, je risque ma vie, je me donne à fond, je ne compte pas les heures, et mon parcours n’est absolument pas pris en compte. Où sont passées les valeurs de la France ? Mes collègues sont dans le même sentiment de révolte », déclare Lydia Veyrat à France Bleu Pays de Savoie.

Son avocat, Me Didier Besson, qualifie la décision de « scandaleuse » et annonce qu’il va déposer un nouveau recours devant la cour administrative d’appel de Lyon.

Par Le Parisien 

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Congo – Justice : Mokoko, Dabira, Mbemba et Okombi justice rendue?

Général Jean-Marie Michel Mokoko (G) et André Okombi Salissa (D), candidats à la présidentielle du 20 mars 2016 au Congo-Brazzaville

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Général Jean-Marie Michel Mokoko (G) et André Okombi Salissa (D), candidats à la présidentielle du 20 mars 2016 au Congo-Brazzaville
Général Jean-Marie Michel Mokoko (G) et André Okombi Salissa (D), candidats à la présidentielle du 20 mars 2016 au Congo-Brazzaville

Accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, chef d’accusation abolie par la Constitution du 25 octobre 2015, pour les uns, et de détention illégale d’armes et munitions de guerre pour l’autre, Jean-Marie Michel Mokoko, Norbert Dabira, Jean-Martin Mbemba et André Okombi-Salissa ont tous été reconnus coupables et condamnés à des peines d’emprisonnement différentes par la Cour d’appel, siégeant en session criminelle sous la présidence de Christian Oba. Mais, quelle leçon tirer de ces quatre procès qui ont laissé dubitatifs les Congolais ?

L’ancien candidat à la présidentielle de 2016, Jean-Marie Michel Mokoko, 71 ans, a été condamné le 11 mai 2018, à 20 ans de prison ferme. Jusqu’à la fin du procès, il a nié les faits qui lui étaient imputés. Le général de deuxième section a accueilli le verdict en regardant le président de la Cour, Christian Oba, droit dans les yeux et impassible, lui qui ne s’est quasiment pas exprimé au cours de son procès. Tout était parti d’une cassette vidéo tournée en 2007, qui avait ressurgi en pleine campagne présidentielle.

Au terme presque de deux années d’instruction, il a suffi d’un peu plus de quatre heures à l’accusation pour présenter les éléments censés démontrer la culpabilité du général à la retraite. Il fut aussi question de conversations téléphoniques que le général était accusé d’avoir eues avec des mercenaires français postés au Gabon à l’époque de la présidentielle.

Ni le général Mokoko, ni ses avocats n’ont pris la parole. Il n’y a donc eu aucun débat contradictoire à ce procès, les éléments de preuve présentés par le procureur général n’ont pas pu être discutés et seule l’accusation s’est exprimée au cours des plaidoiries.

Dans une lettre publiée depuis sa cellule de prison, Jean-Marie Michel Mokoko qui a refusé d’interjeter appel, a pointé du doigt ce qu’il présente en quelque sorte comme son péché originel: sa décision d’affronter le président Denis Sassou-Nguesso à l’élection de 2016.

Après le procès Mokoko, un autre officier général qui fut proche du président Denis Sassou-Nguesso, était à la barre. Norbert Dabira, 68 ans, était jugé lui aussi pour des faits presque similaires. L’ancien inspecteur des Forces armées congolaises aurait ourdi un complot selon un plan qui consistait à «recruter deux tireurs d’élite ayant pour mission d’abattre le chef de l’Etat en tirant sur son aéronef soit au décollage, soit en plein vol, soit à l’atterrissage». Les faits remontent à 2017. Au cœur de ce procès, une conversation téléphonique qui aurait été interceptée par les services de renseignements intérieurs, entre les généraux Norbert Dabira et Ngatsé Nianga Mbouala, alors commandant en chef de la Garde républicaine. Il y est question d’un projet de coup d’Etat.

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Contrairement à Mokoko, Norbert Dabira n’a pas gardé le silence ; il a parlé. Au terme de cinq jours de procès, l’ancien Haut-commissaire à la réinsertion des anciens combattants a été condamné le 19 mai 2018 à 5 ans d’emprisonnement ferme avec interdiction d’exercer des activités politiques ou militaires. Ses avocats congolais et français ont dénoncé un «règlement de compte politique maquillé en procédure judiciaire». Son procès avait débuté le 15 mai 2018. Le condamné a lui aussi refusé d’interjeter appel.

Un autre proche du président de la République, Jean-Martin Mbemba, a été condamné par contumace le 1er juin 2018, à 10 ans de détention criminelle. Il lui est reproché d’avoir, à Brazzaville courant 2013, commis le crime d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat dans le but, soit de détruire ou changer le Gouvernement, soit d’inciter les citoyens à s’armer contre l’Etat congolais en appelant à l’insurrection et à la désobéissance civile, soit en voulant déstabiliser les institutions dans le but de s’emparer du pouvoir.

La direction générale de la surveillance du territoire (DGST) avait ouvert à son encontre une enquête pour possession d’armes de guerre. Là aussi, les preuves de l’accusation n’ont pas été démontrées ou prouvées par le ministère public. Son procès avait débuté le 23 mai 2018. Jean-Martin Mbemba n’était pas présent dans la salle d’audience; il a gardé le silence tout le long du procès en choisissant de s’exiler.

André Okombi-Salissa (56 ans), ancien ministre et candidat à la présidentielle de 2016, proche du président de la République, a été condamné à 20 ans de travaux forcés le 6 mars 2019, en l’absence de ses avocats, confirmant le réquisitoire du parquet. Il a été reconnu coupable, au cours d’un procès qui a débuté le 17 janvier dernier.

Comme Jean-Michel Mokoko et Norbert Dabira, le sort d’André Okombi-Salissa a été scellé avec les nouvelles preuves apportées en cours d’audience. Il s’agit des écoutes téléphoniques qui, pour le parquet général et la partie civile, constituent une preuve supplémentaire de l’accusation. La défense n’a pas partagé cet avis. Pour elle, ces écoutes portent sur la période 2015 alors que les enquêtes préliminaires concernant André Okombi-Salissa ont eu lieu courant 2016: «Du coup, ces écoutes ne doivent pas être versées au dossier». La défense a même argué, sans succès, que les écoutes téléphoniques, quelle que soit leur raison, sont une pratique devenue illégale car le Congo a ratifié en 1983 un traité qui les interdit. Il s’agit du pacte international aux droits civils et politiques.

Les leçons à retenir des quatre procès, c’est que tous ont porté sur un complot en vue de renverser, soit les institutions de la République soit tuer physiquement le Chef de l’Etat. En plus des chefs d’accusation d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, Mokoko, Okombi et Mbemba étaient également poursuivis pour détention illégale d’armes et munitions de guerre.

Les deux généraux et André Okombi Salissa ont fait l’objet d’écoutes téléphoniques qu’on a auditionnées pendant leur procès. Jean Marie Michel Mokoko a opté pour le silence lors du procès, tandis que Dabira et Okombi ont décidé de parler. Les avocats de Mokoko et d’Okombi avaient quitté la salle d’audience le dernier jour du procès, alors que ceux de Dabira y sont restés jusqu’à l’annonce du verdict. Les inculpés ont été reconnus coupables des faits qui leur ont été reprochés. Au-delà de ces chefs d’accusation, les écoutes téléphoniques ont plutôt alimenté les débats et servi de preuves de condamnation, à l’exception du procès de Jean-Martin Mbemba. 

KAUD

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Congo : Deux braconniers condamnés à trois ans de prison ferme pour braconnage d’un éléphant

Michel Anoumzock et Jouanin Andoula condamnés/Adiac

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Michel Anoumzock et Jouanin Andoula condamnés/Adiac
Michel Anoumzock et Jouanin Andoula condamnés/Adiac

L’instance judiciaire locale a récemment rendu son verdict en matière correctionnelle, condamnant les deux délinquants fauniques à plusieurs années de prison ferme et à payer des amendes.

Au terme de plusieurs semaines d’instruction, les charges retenues contre les deux braconniers sont, entre autres, l’abattage et la complicité d’abattage d’un éléphant, espèce intégralement protégée par la loi. 

Les deux sont condamnés à trois ans de prison ferme et doivent payer une amende d’un million de francs CFA ainsi que des dommages et intérêts d’un million de francs CFA sur la base de l’article 113 de la loi n°37-2008 du 28 novembre 2008 sur la faune et les aires protégées. 

En effet, l’auteur de cet abattage, le chasseur autochtone Jouanin Andoula, est interpellé par les éco-gardes du projet espace Tridom interzone Congo. A l’issue d’un interrogatoire, ce dernier a reconnu qu’il « pratique la chasse à l’éléphant depuis plusieurs années ». Fort de son expérience, les commanditaires louent ses services pour abattre des éléphants afin d’en extraire les pointes d’ivoire. Le dernier qu’il aurait abattu avec une arme de guerre de type PM AK47 est la ènième battue de sa carrière.

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Par contre son commanditaire, Michel Anoumzock, a été propriétaire de l’arme de guerre utilisée pour ce braconnage. Le présumé complice a été également interpelé au terme d’une fouille de ses sacs. Une trompe et une queue d’éléphant ainsi que des cartouches artisanales auraient été retrouvées à la suite d’une perquisition par des agents en application de la loi dans le campement de ce dernier, au village Ekokola.

« En dépit des efforts fournis par l’Etat congolais et ses partenaires dans le processus de conservation de la biodiversité, plusieurs Congolais et sujets étrangers ne sont pas encore dissuadés et continuent à se livrer aux actes de braconnage et au commerce illégal des produits issus des espèces animalières en voie d’extinction. La condamnation de ces deux personnes démontre l’impartialité et la détermination de la justice congolaise dans la protection de notre faune sauvage », a commenté une source proche du Projet Espace tridom interzone Congo).

Signalons que Michel Anoumzock a été jugé puis condamné, à plusieurs reprises, pour le trafic et la complicité d’abattage des espèces intégralement protégées.

Fortuné Ibara 

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Violences conjugales au Congo : un cri étouffé par la société

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Marlène Binta Tchibinda a été agressée par son mari à leur domicile dans le quartier de Bacongo à Brazzaville Ph twitter @danielesng1

Caractérisées par les abus physiques et/ ou psychologiques, les violences conjugales demeurent  un sujet encore tabou en République du Congo. Encore banalisées de nos jours, ces pratiques  gangrènent pourtant la société congolaise et le nombre de victime ne cesse d’augmenter. Tout  récemment, en Janvier 2019, une dénommée Marlène Binta Tchibinda a été attaqué à la machette par son mari pour des raisons obscurcies. Un autre cas avait été recensé dans la ville de Dolisie, où une femme du nom de Olga avait été assassiné par son époux car elle ne voulait  pas « satisfaire au devoir conjugal » du soir. Tous ces abus ne laissent pas la population congolaise indifférente. Un mouvement du nom de #JenesuispasunTamTam a vu le jour sur la sphère virtuelle congolaise en guise de soutien aux victimes des violences conjugales. À cela s’ajoute les structures mis en place par l’Etat, en l’occurrence un guichet unique et un numéro vert permettant de recevoir à distance les victimes. Des Organisation non gouvernementales travaillent également sur ce sujet. De plus, une loi congolaise prévoit des sanctions sur les violences domestiques. Nonobstant toutes ces mesures, le cri de douleur des victimes est asphyxié par le regard de la société et le poids de la tradition.

Le silence des victimes 

Le principal frein à l’expansion des mouvements de luttes contre les violences conjugales à l’égard des femmes est sans aucun doute le silence des victimes. Une partie de population tient à perpétuer l’image archaïque de la femme africaine. Cette image est basée sur une théorie stipulant que le statut et le respect de la femme reposent sur le mariage et la capacité à avoir des enfants. De ce fait, souvent considéré comme une honte, les victimes développent une culture de silence autour de ce sujet. Les conséquences sont multiples tant sur l’état d’esprit de la victime que sur sa personne. Grossesses forcées et non désirées, avortement dangereux, fistules traumatiques, maladies sexuellement transmissibles, constituent les conséquences directes de ce fléau. Il convient de noter qu’à ce stade, les enfants deviennent le seul point d’équilibre du foyer à ce stade. Ces femmes qui sont des mères de famille ont peur d’abandonner leurs enfants ou n’ont tout simplement pas les moyens pour les élever. Jusqu’à aujourd’hui, aucune victime n’a officiellement porté plainte auprès des services de police pour violences conjugales. Ainsi, les services sociaux se sentiraient découragé de sensibiliser les adultes car aucune d’entre elles n’a dénoncé son conjoint.

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Taux d’alphabétisation chez les femmes remis en cause 

Au sein de la société congolaise, le taux de chômage est plus élevé dans les campagnes, tant chez les hommes que chez les femmes. Le risque est plus élevé dans les milieux ruraux où le taux de scolarisation chez les jeunes filles est faible. Elles sont encore moins sensibilisées aux violences conjugales, et ne sont pas forcément au courant de leurs droits. La plupart exercent des métiers issus du secteur informel et ne possèdent pas de revenus importants. Ces jeunes femmes dépendent économiquement de leurs maris. La crainte de « désobéir » à son mari s’explique par le fait qu’elles se verraient ainsi privé de d’argent de popote par leurs maris. Interrogés sur ce phénomène, les hommes justifient leurs actions en affirmant que leurs épouses seraient insolentes et moins « soumises » qu’à l’époque de leurs mamans. Ils rajoutent qu’elles ne participeraient pas financièrement à la vie du foyer. Est-ce pour autant une raison ? Le socle d’un couple est la communication et le respect, si ces deux qualités n’existent pas, il serait préférable de rompre au lieu de lui frapper dessus. La décadence sociale accentuée par le patriarcat et les mauvaises interprétations de la religion contribuent à la perpétuation de ces pratiques immondes.

Justice !

La première étape consiste à briser le silence autour de ce sujet. Il n’y aura pas de justice sans la collaboration de victimes ou de leurs proches. Une action pour lutter contre les violences à l’égard des femmes au foyer serait d’instaurer un système de foyers d’accueil. Un numéro vert existe déjà, l’idéal serait de médiatiser les campagnes de sensibilisation. Un passage au parquet suivi des années de condamnation pour les agresseurs ainsi qu’un versement d’indemnités importante à l’égard de la victime en guise de réparation. Proposer des ateliers de prise de parole dans les quartiers et un suivi psychologique des victimes. La société civile entière est concernée par cette problématique car si les victimes ne désirent pas s’exprimer à ce sujet, leur entourage devrait prendre cette responsabilité. Ainsi chaque citoyen congolais deviendra le gardien d’un autre. Aucun défi sociétal ne se résout sans la participation de la société civile. Il est important de noter que ces femmes vivent non seulement avec une incontinence chronique mais aussi avec un traumatisme psychologique et la stigmatisation. La femme dispose du droit intrinsèque de propriété de son corps.

Deborah BAKALA (Wa Semo )- 

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Congo – Violence conjugale: quinze ans de travaux forcés et des millions d’amende pour Patrick Fouti

Patrick Fouti sur le banc des accusés

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Patrick Fouti sur le banc des accusés
Patrick Fouti sur le banc des accusés

En dehors des années de travaux forcés, le condamné paiera trente millions de FCFA d’amende, selon le verdict rendu le 8 février, au Palais de justice de Brazzaville, en début de soirée, après une longue audience.

Patrick Fouti avait roué sa femme, Marlène Binta Tchibinda, de coups de machette dans la nuit du 20 janvier dernier, pour infidélité supposée. Il avait pris la fuite avant d’être rattrapé par la police.

Le 8 février à la barre, il a tenté de justifier son acte en présence de la victime qui a quitté son lit d’hôpital pour prendre part à l’audience. Patrick Fouti a évoqué l’infidélité de sa femme qui de surcroît, a-t-il dit, le battait régulièrement. C’est ainsi que, le 15 janvier, décidait-il d’acheter une machette pour en finir avec elle. Placée sous le matelas, Patrick Fouti a sorti cette machette cinq jours plus tard pour passer à l’acte, blessant gravement sa femme admise à l’Hôpital central des armées Pierre-Mobengo depuis lors.

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Les faits que le condamné a retracés donnent à croire que le forfait était prémédité. Lors de l’audience, la victime a tenté de donner sa version des faits mais sa voix n’a pas porté pour se faire entendre. Elle a quitté le Palais de justice avant que le verdict ne soit prononcé. Son état de santé qui s’améliore progressivement ne lui a pas permis d’y rester jusqu’à la fin de l’audience. C’est donc à distance qu’elle a appris la condamnation de son bourreau de mari à quinze ans de travaux forcés et à une amende de trente millions de FCFA.

Rominique Makaya

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