Idriss Déby promet de punir les auteurs du double attentat de N’Djamena

Le président Idriss Déby Itno

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Le président Idriss Déby Itno
Le président Idriss Déby Itno

Le président tchadien Idriss Déby a prévenu mardi que le double attentat-suicide attribué aux islamistes de Boko Haram à N’Djamena « ne restera pas impuni » et que ses auteurs « répondront de leurs actes ».

Deux attaques simultanées contre le commissariat central et l’école de police de N’Djamena avaient fait 24 morts et une centaine de blessés lundi, une première dans la capitale tchadienne placée sous très haute surveillance policière.

« La main invisible et ses commanditaires viennent de nous frapper durement. Et c’est avec une très grande tristesse que nous avons appris cette nouvelle bouleversante », a déclaré Idriss Déby visiblement ému à sa sortie de l’avion qui le ramenait de Johannesburg après avoir participé au 25e sommet de l’Union africaine.

M. Déby a jugé que ce type d’attaque était toutefois prévisible, en raison de l’engagement de l’armée tchadienne en première ligne dans une opération militaire régionale contre l’insurrection de Boko Haram, qui s’est étendue au-delà du nord-est du Nigeria vers les pays limitrophes.

« Je ne suis pas trop surpris puisque depuis notre engagement le 17 janvier 2015 aux côtés des pays qui sont menacés par les terroristes (Nigeria, Niger, Cameroun, NDLR), j’ai continuellement dit au gouvernement de ne pas baisser la garde », affirmé le président tchadien.

Les mesures de sécurité avaient de fait été considérablement renforcées dans la capitale tchadienne.

Le double attentat n’a pas été revendiqué mais les autorités ont accusé lundi les islamistes nigérians d’en être les auteurs.

Plusieurs « suspects » ont déjà été interpellés par les forces de l’ordre, a annoncé mardi le parquet de N’Djamena, qui a ouvert une information judiciaire.

« Nous continuons à chercher les commanditaires et les complices, parce que nous pensons que de telles attaques ne peuvent pas se faire sans une préparation minutieuse (…) », a expliqué le procureur de la République Alghassim Khamis.

Mardi, la ville était entièrement quadrillée par les forces de l’ordre, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Policiers et soldats étaient déployés en masse aux abords des mosquées, des églises, des marchés et sur les grandes artères, fouillant systématiquement les véhicules et leurs occupants.

Des check-points barraient l’accès à la zone du commissariat central et à la voie passant devant le palais présidentiel. Le gouvernement a annoncé dès lundi soir l’interdiction « formelle » de la « circulation des véhicules à vitres fumées ».

A l’hôpital de l’Amitié, où ont été évacués plusieurs dizaines de blessés, « c’est le drame ». « Beaucoup de blessés risquent de perdre la vie si la population ne vient pas nous donner du sang. On n’a plus de sang », s’inquiétait une infirmière, Ache Zenaba.

Le bilan des attaques a été porté à 24 morts après qu’un blessé a succombé à ses blessures lundi soir, d’après une source hospitalière.

Selon les autorités, quatre « terroristes » ont également été tués.

– ‘L’engagement courageux du Tchad’ –

Les Tchadiens ont été confrontés à la violence durant des décennies, entre guerre civile (1979-1982), rébellions multiples et tentatives de coups d’Etat (la dernière date de 2008). Mais c’est la première fois que N’Djamena est frappée par un tel attentat.

« C’est vraiment cruel, c’est quelque chose qu’on à jamais connu. C’est un deuil pour mon pays », commente ainsi Haroun Yaya, chauffeur de taxi.

« Je vis avec la peur, je n’ai pas pu regarder ces images horribles. (…) On voyait ces choses ailleurs et on croyait que ça n’allait pas arriver chez nous. Il faut maintenant interdire le port de casque et turban », susceptibles de dissimuler les visages, propose de son côté un fonctionnaire, André Toal.

Brice Mbaimon, président d’un parti d’opposition, le Mouvement populaire pour le travail et la réconciliation, a pour sa part demandé au gouvernement « de mettre en place très rapidement un plan de vigilance nationale ».

Le président François Hollande a « salué l’engagement courageux du Tchad contre le terrorisme et a assuré son homologue du soutien de la France dans ce combat » lors d’un entretien téléphonique avec Idriss Déby, a indiqué l’Elysée dans un communiqué mardi.

Le Tchad est un allié de poids pour Paris dans la lutte contre les groupes jihadistes en Afrique sahélienne. L’armée française a établi à N’Djamena l’état-major de son opération Barkhane qui lutte contre ces groupes.

Par l’AFP

L’ancien président égyptien Mohamed Morsi condamné à mort

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l'ex-président Mohamed Morsi condamné à mort | DR
l’ex-président Mohamed Morsi condamné à mort | DR

L’ex-président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l’armée en 2013, a été condamné à mort samedi en première instance avec une centaine d’autres accusés pour des évasions de prison et des violences durant la révolte populaire de 2011 contre Hosni Moubarak.

Quelques heures après l’annonce du verdict, deux juges, un procureur et leur chauffeur ont été tués par balle dans le nord de la péninsule du Sinaï, dans la première attaque contre des magistrats dans cette région, théâtre d’attentats quasi-quotidiens visant l’armée et la police.

Parmi les dizaines de personnes ayant écopé de la peine capitale samedi, figure le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans de M. Morsi, Mohamed Badie. Ces condamnations doivent encore recueillir l’avis, non contraignant, du mufti d’Egypte avant d’être confirmée ou infirmée le 2 juin.

Ces nouvelles peines capitales sont prononcées alors que le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée tombeur de M. Morsi, mène une répression sanglante contre les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections démocratiques après la chute de Hosni Moubarak.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussitôt dénoncé le verdict, y voyant un retour « à l’Egypte antique », tandis qu’Amnesty international a estimé que la peine de mort était devenue « l’outil de prédilection des autorités égyptiennes pour éliminer l’opposition politique ».

M. Morsi avait déjà été condamné à 20 ans de prison il y a trois semaines dans un premier procès pour des violences contre des manifestants durant sa mandature d’un an.

– Espionnage –

Le tribunal devait prononcer samedi des verdicts dans deux procès.

Le premier concernait M. Morsi et 128 co-accusés, dont des membres des Frères musulmans, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, pour des évasions massives de prison et des attaques visant la police pendant la révolte de 2011.

Dans cette affaire, des dizaines ont été condamnés à mort, dont M. Morsi, Mohamed Badie et le prédicateur islamiste qatari Youssef al-Qardaoui. Ce dernier était jugé par contumace.

Le second procès était relatif à une affaire d’espionnage, entre 2005 et 2013, notamment au profit du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. Seize personnes ont été condamnées à mort, dont une femme. Ceux qui ont échappé à la peine capitale dans cette affaire, comme M. Morsi, connaîtront leur sort le 2 juin.

L’ex-président et 35 autres personnes étaient accusés d’avoir fourni « des rapports de sécurité » à l’Iran et répondaient également d’espionnage en faveur du Hamas et du Hezbollah « en vue de mener des attaques terroristes dans le pays pour y semer le chaos et renverser l’Etat ».

– ‘Diabolisation’ –

Fawzy Barhoum, un porte-parole du Hamas à Gaza, a vu dans ce verdict « la poursuite de la campagne de diabolisation » visant son mouvement, affirmant que plusieurs des accusés palestiniens étaient morts ou détenus dans les prisons israéliennes au moment des faits.

Sous la présidence Morsi, Le Caire avait resserré ses liens avec les islamistes du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza voisine et affilié aux Frères musulmans. Depuis son éviction, le pouvoir égyptien accuse le mouvement palestinien d’avoir soutenu M. Morsi et d’avoir mené des attentats en Egypte.

Sur les 165 accusés au total jugés samedi, seuls 50 étaient présents dans le box des accusés, dont M. Morsi, qui comparaissait souriant dans une cage insonorisée.

M. Morsi avait été destitué et arrêté sur les ordres du général Sissi le 3 juillet 2013, après que des millions d’Egyptiens furent descendus dans la rue pour réclamer son départ, lui reprochant d’accaparer tous les pouvoirs au profit de sa confrérie islamiste et d’achever de ruiner une économie déjà au bord du gouffre.

Dans les mois qui ont suivi, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15.000 Frères musulmans. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs et qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’Histoire récente » du monde.

Si M. Sissi jouit d’une indéniable popularité auprès des Egyptiens qui sont lassés par quatre années de chaos après 2011, les organisations internationales de défense des droits de l’Homme accusent son régime d’être plus répressif que celui de M. Moubarak.

Mohamed Morsi doit encore être jugé dans deux autres procès, l’un pour « outrage à magistrat » et l’autre pour espionnage au profit du Qatar.

Par l’AFP