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Évêque du Pool durant la guerre civile de 1997-1998, l’archevêque de Brazzaville Monseigneur Anatole Milandou a brisé vendredi le silence et exprime son inquiétude sur le conflit qui y oppose depuis un an forces de sécurité et partisans de Frédéric Binsamou, alias Pasteur Ntumi (leader des rebelles Ninjas du Pool). Conflit dans lequel les populations civiles sont prises en étau.
Dans une interview accordée à Rfi, le prélat indique que le Pool est désormais une région qui se détruit. «Avant de partir de ce diocèse, j’avais dit à monseigneur Portella (Ndlr: Louis Portella Mbuyu) qui m’a remplacé, malheureusement, je suis en train de te laisser des ruines parce que la guerre continue», a-t-il révélé.
Pour l’homme de Dieu, la situation en cours dans la région n’est rien d’autre qu’une guerre.
« Les gens sont déplacés, les gens souffrent. Tout dernièrement, on l’a même vu, il y a déjà des malnutritions qui sont arrivés ici. C’est les conditions que nous ne connaissons pas très bien, dans quelles conditions les gens vivent puisque les gens sont déplacés de leur village. Cela pose beaucoup de problèmes», explique Mgr Milandou.
L’archevêque de Brazzaville se veut encore plus précis et confie que le l’archidiocèse de Kinkala était resté fermé.
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«Moi, j’ai deux paroisses ici qui sont fermées. Personne ne peut y aller. Les prêtres n’y vont pas et n’y sont pas puisqu’on a forcé les populations à sortir de là. Donc c’est ce manque d’informations que nous n’avons pas, c’est difficile de savoir réellement ce qui se passe. C’est pourquoi parfois, on s’enferme dans le silence. Mais tout dernièrement, on a vu à l’hôpital, des cas de malnutrition », a-t-il décrié.
Prenant le contrepied des déclarations des autorités, Mgr Milandou affirme que la crise persiste et que les gens souffrent.
Les populations qui quittent leur village dans le Pool fuient toujours les hommes en armes.
« Mais là, les gens sont forcés, les hommes en armes forcent les gens à partir, à quitter le village, à vider les villages. Je pense que c’est une technique, je ne peux pas en dire plus. », dit-il précisant que ces hommes armés sont tant les partisans du pasteur Ntumi, que les forces de sécurité congolaises.
«… l’armée dans sa méthode voudrait vider les populations des villages pour peut-être mieux cerner le problème de Ntumi. Je pense à ça. », a-t-il ajouté.
Et c’est dans ce contexte que le pouvoir de Denis Sassou-Nguesso annonce la tenue des élections législatives. Pour l’évêque de Brazzaville, il sera difficile d’aller battre campagne dans la région du Pool.
Pour sortir de cette situation, Mgr Milandou prescrit des solutions politiques. Selon lui, l’Église a toujours proposé quelque chose mais certains protagonistes n’en veulent pas.
Le prélat le déclare à qui veut l’entendre qu’il y a des gens qui ne veulent pas que la guerre cesse. C’est un fonds de commerce aussi.
«…. ça profite à quelques-uns en tout cas. La première guerre, c’était comme ça. On a senti que c’était un fonds de commerce», soutient l’homme de Dieu qui appelle à plus de bonne volonté de part et d’autre. Mgr Milandou le dit sans ambages, la situation qui prévaut dans le Pool est désespérante et exaspérante
«… J’étais évêque de Kinkala avant. Nous avons fait ce qu’on pouvait faire pour essayer de diminuer les souffrances. Et ça revient, un perpétuel recommencement. Finalement, cela ne nous réjouit pas», a-t-il conclu.
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