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« Un grand garçon fort pour les travaux dans les champs » dit un homme que l’on ne voit pas. Le son est mauvais, l’image de la vidéo granuleuse. Elle montre un jeune Nigérian d’une vingtaine d’année.
« 900, 1000 » Les enchères grimpent, les montants sont en dinars libyens. Le jeune homme sera adjugé 1200 dinars, l’équivalent de 340 euros. Ce jeune migrant vient d’être vendu comme esclave. La vidéo de cette vente a été envoyée au mois d’août à la rédaction de la télévision américaine CNN qui a décidé d’enquêter et de vérifier si des esclaves sont effectivement vendus en Libye.
Douze esclaves vendus en 6 minutes
Une de leurs journalistes se rend sur place et finit par assister dans la cour d’une maison à une scène inimaginable. Douze jeunes Nigérians sont installés côte à côte, un des hommes présent crie « 600 ». « 650 » surenchérit un autre. En quelques minutes à peine, l’affaire est réglée, les 12 migrants ont été achetés par leurs nouveaux maîtres. La journaliste est bouleversée par ce qu’elle vient de voir et de filmer discrètement. Des hommes sont réduits à l’esclavage en Libye aujourd’hui, elle en a la preuve.
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Chaque année, des dizaines de milliers de personnes tentent de rejoindre l’Europe via la Libye. Nombre d’entre eux donnent tout ce qu’ils possèdent aux passeurs pour y parvenir. Quand cela ne suffit pas, ils sont vendus comme le confirme Victory, un Nigérian de 21 ans, emprisonné dans un centre pour migrants de Tripoli.
« Sur le trajet pour venir jusqu’ici j’ai été vendu. Après la première semaine, ils commencent à te frapper pour que l’argent arrive plus vite. J’ai mis 8 mois avant de pouvoir payer et de pouvoir partir. Si vous regardez la plupart des gens ici, si vous regardez leurs corps, vous verrez des cicatrices. Ils sont battus avec des câbles électriques. » Victory a été pris par les gardes-côtes libyen alors qu’il espérait embarquer pour l’Europe. Il attend d’être renvoyé vers son pays d’origine, le Nigéria. Sa voix se brise quand il évoque son futur. « Je ne sais pas par où recommencer. Parce que j’ai dépensé tout ce que j’avais pour quitter mon pays. Vous comprenez?
Rentrer maintenant… »
Depuis peu, les bateaux pleins à craquer ne parviennent plus que très rarement à traverser la Méditerranée. Les gardes-côtes libyens les arrêtent, le trafic a été drastiquement réduit. Résultat, les passeurs se retrouvent avec beaucoup de gens qui ne leur rapportent plus rien. Ils se transforment alors en maîtres, les migrants en esclaves, de la simple marchandise vendue au plus offrant.
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