Le président turc Erdogan demande aux Européens de « se mêler de leurs affaires »

Recep Tayyip Erdogan

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 Recep Tayyip Erdogan Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’en est pris vivement lundi à l’Union européenne, qui avait critiqué les arrestations massives en Turquie visant des médias opposés à son régime, demandant aux Européens de « se mêler de leurs affaires ».

Les critiques de l’UE contre les arrestations de journalistes n’ont pas beaucoup ému le président turc Recep Tayyip Erdogan. « Ce que pourrait dire l’UE, ou qu’elle nous accepte ou pas, nous est parfaitement égal », a déclaré Recep Tayyip Erdogan, au lendemain de l’arrestation de 27 personnes, qui visait principalement le quotidien Zaman et une télévision proche du religieux islamiste Fethullah Gulen, en exil aux Etats-Unis, ancien allié d’Erdogan devenu son pire ennemi. « L’Union européenne ne peut pas interférer dans des mesures prises… dans le cadre légal, contre des éléments qui menacent notre sécurité nationale » a-t-il ajouté dans un discours retransmis à la télévision. « Ils n’ont qu’à se mêler de leurs affaires ».

La chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini et Johannes Hahn, commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d’élargissement, avaient dénoncé dimanche les arrestations, les qualifiant de contraires aux « valeurs européennes » et « incompatibles avec la liberté de la presse ». « Je me demande si ceux qui maintiennent ce pays aux portes de l’UE depuis 50 ans savent ce que représentent ces mesures », a cependant rétorqué Recep Tayyip Erdogan.

Nervosité des marchés
« Des éléments qui menacent notre sécurité nationale vont recevoir la réponse appropriée, quand bien même ils font partie de la presse », a-t-il ajouté. La chef de la diplomatie européenne s’est dite « très surprise », lundi à Bruxelles, de la véhémence des déclarations de M. Erdogan. « Lors de ma visite la semaine dernière (en Turquie), nous avons parlé d’une manière très constructive (…) de la façon d’aller de l’avant » dans les relations entre l’UE et la Turquie, a déclaré Federica Mogherini à la presse.

Signe de la nervosité des marchés, la livre turque est tombée lundi à 2,38 pour un dollar (-3,34%), un plus bas depuis janvier dernier, et à 2,96 pour un euro (-3%).

La police a arrêté dimanche 27 personnes à Istanbul et dans plusieurs villes de Turquie, essentiellement des journalistes, dont Ekrem Dumanli, le rédacteur en chef de Zaman, l’un des grands quotidiens en Turquie.Plusieurs policiers ont également été arrêtés, dont le chef du département anti-terroriste et le chef du département du crime organisé de la police d’Istanbul. Le quotidien Zaman titrait lundi matin, sur fond noir : « Journée noire pour la démocratie ».

M.B (avec AFP) – leJDD