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Concernant la probable dévaluation du franc CFA-Cemac plusieurs questions se posent, il serait difficile d’apporter des réponses de façon parfaitement exacte parce que la science économique est un grand champ d’incertitude.
La première question est celle de savoir si le franc CFA-Cemac a-t-il vraiment besoin d’être dévalué. Cette question est pourtant simple mais la réponse peut se montrer beaucoup plus complexe d’abord parce que le franc CFA n’est pas(semble t-il) une monnaie “souveraine”, elle a été créée à base de certains accords qu’on aura toujours du mal à comprendre, donc du coup la définition iniciale de sa valeur n’était pas fonction de la situation économique des pays qui l’utilisent, si c’était le cas je pense que le régime de taux de change fixe CFA-Euro aurait sauté depuis un bon moment déjà. Tous les points que je viens de citer sont à mon avis des questions totalement politiques, pas Politique Économique mais carrément politique pure. Maintenant regardons la chose du côté totalement économique avec une légère tendance keynesienne.
L’information du moment est celle qui dit que le CFA-Cemac sera dévalué à 50% tandis celui de l’UEMOA sera réévalué. Est-il possible qu’une telle opération se fasse? La réponse est OUI. Comme nous le savons tous, une grande partie des pays de la zone CEMAC est très dépendante du pétrole, ces États ont basé leurs économies principalement sur l’exploitation de cette matière première. C’est bien beau, le pétrole c’est “l’or noir” on doit se rejouire de l’avoir, mais le problème c’est que ces nations vendent du brute et rachètent les produits finis du pétrole à des prix plus élevés. Imagine que tu vends un kilo de farine à monsieur X au prix de 1 dollars(qui est la monnaie des transactions internationales) et monsieur X te revend le pain qu’il fabrique avec la farine que tu lui as vendu, sauf que son pain il le vend à 2 dollars. Si le même processus se répète 10 fois par an, tu recevras 10 dollars venant de monsieur X pour vente de farine et tu donneras 20 dollars à monsieur X pour achat de pain(fabriqué avec la farine que tu produis). Ceci est le comportement des balances commerciales(différence entre exportations et importations) des pays de la zone Cemac, des balances déficitaires. La monnaie peut être considérée comme tout autre bien à valeur marchande, quand il y a excès d’offre d’un bien sur le marché son prix baisse et c’est ce qui se passe dans la zone Cemac, les dépenses sont superieures aux gains et cela provoque un excès d’offre de franc CFA-Cemac dans le marché financier d’où la chute de sa valeur réelle(dévaluation). De l’autre côté s’il est réellement question de réévaluer le CFA-Uemoa cela veut dire que les pays de la zone ont su diversifier leurs économies ce qui leur a permi d’avoir des taux d’exportations beaucoup plus importants que ceux de la zone CEMAC.
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Alors, est-ce qu’une dévaluation est forcément une mauvaise chose? Pour la zone Cemac oui parce qu’elle importe quasiment tout. Il est fort probable que ces économies connaitront des taux d’inflations très élevés et le bien-être des familles sera très affecté par cette élévation des prix. Par contre la dévaluation de la monnaie peut être un facteur positif pour un pays qui produit la quasi totalité de ses biens et qui exportent beaucoup plus qu’elle n’importe. Dans ce cas on parle de dévaluation compétitive qui est une des politiques clés de la Chine qui inonde le monde avec ses produits bon marché. La dévaluation de sa monnaie fait à ce que ses produits coutent moins chers dans le marché international, donc le monde n’arrêtera pas d’acheter des produits Chinois. La Chine a donc de ce fait une balance comerciale positive et possède de grandes reserves en dévise internationale(principelement le dollars) recoltée grace à ses exportations, cela lui donne le pouvoir de manipuler le taux de change de sa monnaie de façon relativement plus flexible et bien sûr avoir un taux de croissance économique très élevé.
Revenant à la probable dévalution du franc CFA-Cemac, la réalité c’est que le CFA-Cemac a été effectivement dévalué le jour ou l’information de sa probable dévaluation a été rendue publique. Je ne parle pas de sa valeur nominale actuelle mais plutôt de sa valeur réelle, soit ce qu’elle vaut réellement si on éliminait tout accord de parité de taux de change. Les économies capitalistes fonctionnent avec des expectatives, soit des attentes fondées sur des promesses ou des résultats qu’une certaine action présente apportera dans le futur. Un agent économique(entreprise, personne physique…) n’investit que s’il espère avoir des retours positifs dans le futur. Raison pour laquelle en période de crise la récupération est lente parce que les investisseurs n’ont pas foi en un futur meilleur et ils ne prennent aucun risque. C’est ce même processus de décision que l’agent économique utilise pour décider s’il est plus sûr de garder une devise X ou Y. Le principe est simple, supposons que je suis un gros investisseur de la zone CEMAC, donc mes gains et mes richesses sont comptés en CFA-Cemac. Un bon
matin je me réveille et j’apprends que dans les semaines qui suivent le CFA-Cemac sera dévalué par contre celui de l’UEMOA sera réévalué, en ce moment là la décision la plus rationnelle et la plus facile serait de me débarasser du CFA-cemac pour me procurer celui de l’Uemoa(par exemple) pendant que les deux monnaies ont encore la même valeur afin de conserver la valeur réelle de ma richesse. Bien évidemment je ne serais pas le seul “malin” à penser comme ça, beaucoup d’autres agents économiques voudront se débarasser du CFA- Cemac avant qu’il ne soit trop tard. Le résultat de ce “grand menage” fera à ce que le franc CFA-Cemac soit effectivement dévalué selon le principe de l’excès d’offre et celui de l’UEMOA sera effectivement réévalué grace à l’excès de la demande. À mon avis le CFA-Cemac est déjà condamné à sa dévaluation et elle ne pourra garder sa valeur actuelle que si l’accord de taux de change fixe est maintenu.
Espérant Chardevy Biniakounou, étudiant en Sciences Économiques à l’Université Fédérale de Minas Gerais, Belo Horizonte- Brésil.
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