Le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou N’Guesso
Au Congo-Brazzaville, les toutes dernières consultations présidentielles sur la vie de l’Etat et de la nation semblent avoir créé des divisions au sein de l’opposition. Plusieurs responsables ont été sanctionnés pour y avoir pris part malgré l’interdiction. Frappé par une double suspension à l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) et au Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad ), le député Joseph Kignoumbi Kia Mboungou ne regrette pas d’avoir dit « non » au président de vive voix. L’opposition affirme qu’elle l’avait déjà fait de plusieurs façons et qu’elle ne réclame plus qu’une organisation crédible de la présidentielle en 2016.
Joseph Kignoumbi Kia Mboungou minimise ces sanctions venant de l’UPADS et du Frocad. Pour lui, les consultations présidentielles étaient la meilleure occasion donnée à l’opposition d’aller dire au chef de l’Etat en face que le changement de la Constitution n’a aucun sens. « De notre point de vue, la sanction ne se justifie pas puisque nous n’avons ni parlé au nom de l’UPADS, ni au nom du Frocad. Nous avons pensé qu’il fallait aller dire non au président de la République de vive voix et non derrière les murs. C’est ce que nous avons fait. Je suis allé lui donner mon point de vue », explique Joseph Kignoumbi Kia Mboungou.
Mais Paul Marie Mpouelé, coordonnateur du Frocad, qui a pris la note sanctionnant Kignoumbi Kia Mboungou, rejette les arguments de ce dernier et pense que le président de la République connaît déjà la position de l’opposition qui ne réclame plus que l’organisation consensuelle de l’élection présidentielle en 2016. « Mais pourquoi le lui dire en face si les mécanismes que nous offre le monde moderne nous ont permis de lui parler ? Nous n’avons pas spécialement besoin d’aller lui dire en face. Ça changerait quoi ? Nous l’invitons donc à s’asseoir pour que nous préparions ensemble les conditions d’une élection transparente en 2016. C’est tout ce qui nous intéresse et pour le reste, c’est sans objet », explique-t-il.
Après les consultations présidentielles, les Congolais doivent s’attendre sans nul doute à la convocation d’un dialogue national.
Alors que le membre du bureau politique de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale(Upads), Ange Edouard Pounguia écopé d’une suspension pour avoir été reçu par le chef de l’Etat dans le cadre des consultations politiques, l’autre membre influent de ce même parti et deuxième secrétaire de l’Assemblée nationale, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou a franchi le 3 juin le perron du palais du peuple.
Interrogé par les journalistes sur les risques qu’il court de se faire sanctionner par son parti, Joseph Kignoumbi kia Mboungou a simplement répondu que « le Congo, notre pays, est au-dessus des partis et des hommes politiques. En tant qu’acteur politique, je n’ai pas de raison de tourner le dos au Congo. Nous avons parlé avec le président de la République des problèmes liés à la vie du pays. Pour ce qui est de la sanction, c’est une affaire interne à notre parti ».
En ce qui concerne le changement ou non de la Constitution, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou pense qu’il n’est pas opportun de changer ou même de réviser la loi fondamentale parce qu’elle ne pose aucun problème du moins, a-t-il insisté, dans le fonctionnement des institutions. Par contre, il se dit favorable au dialogue national qu’il pense être le moyen le plus indiqué d’apporter des solutions aux différends politiques et sociaux.
De son côté, la délégation du Conseil œcuménique du Congo, conduite par son vice-président, le pasteur Joseph Mavoungou Tchibinda, pense qu’il est une entité neutre qui n’a pas le pouvoir de donner son point de vue sur le changement ou non de la Constitution du 20 janvier 2002. Cependant, il accompagne le président de la République à consolider la paix chèrement acquise au Congo. En outre, le Conseil œcuménique du Congo a suggéré au chef de l’Etat de convoquer le dialogue national seul lieu idéal, selon le conseil, pour débattre des sujets liés à la marche du pays.
Le président de la Force montante congolaise( Fmc), jeunesse affiliée au parti congolais du travail (Pct), Juste Bernadin Gavet, qui conduisait la délégation de son mouvement, a indiqué à la presse qu’il est venu réaffirmer au président de la République la volonté de son organisation de changer la Constitution actuelle. En outre, il a mis à profit cette occasion pour aborder les problèmes auxquels la jeunesse congolaise est confrontée, à savoir : le chômage et la pauvreté.
La délégation de la Confédération des syndicats libres et autonomes du Congo(Cosylac), conduite par son chargé de la communication, Lessita Otangui, dit avoir parlé avec le chef de l’Etat des questions liées à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. En ce qui concerne le changement de la Constitution, la Cosylac affirme ne pas avoir le pouvoir de parler des questions politiques. Par contre, elle soutient la convocation du dialogue national, parce que, a dit Lessita Otangui, il est le seul moyen par lequel les syndicalistes résolvent leurs différends.
Le Mouvement national pour une nouvelle République est favorable aux réformes institutionnelles et au dialogue. Sa délégation était conduite par le député Paul Tchignoumba. Sa Majesté le Roi de Mbaya a choisi de ne rien révéler à la presse après son entretien avec le chef de l’Etat.
L’ancien ministre Clément Mouambaest la première personnalité à avoir été reçue par le chef de l’Etat dans l’après-midi. Il a indiqué aux journalistes qu’il n’a pas évoqué avec le président de la République la question relative au changement de la Constitution. Par contre, il est favorable au dialogue national qui constitue, selon lui, une condition nécessaire pour apporter les solutions idoines aux contradictions politiques actuelles.
Invité par les journalistes à s’expliquer sur l’éventualité d’une sanction du parti qui l’attend, l’ancien ministre a indiqué qu’il a averti la hiérarchie de son organisation avant de répondre à l’invitation du chef de l’Etat. Malgré son refus, a-t-il expliqué, il s’est entêté à venir s’entretenir avec le président de la République.
De son côté, le collectif des ex-combattants de la Bouenza, conduite par Sadath Sakala, souhaite la poursuite du dialogue entre les congolais à l’image des précédentes tenues à Brazzaville, Ewo et Dolisie. Cet avis est presque partagé par le collectif des transporteurs en commun du Congo dont la délégation était conduite par Patrick Milandou.
Denis Moungalla, qui a conduit la délégation de Synergie 30, a indiqué à la presse que le chef de l’Etat devrait poursuivre son œuvre de construction et de reconstruction du Congo. Le Cercle des jeunes nationalistes que dirige Elie Sosthène Olessongo, pour sa part, est favorable au changement de la Constitution et à la convocation du dialogue.
Au sortir de sa rencontre avec le chef de l’Etat, l’ancien ministre des Finances a exprimé son opinion sur les principaux sujets qui marquent l’actualité nationale.
Quelles sont les préoccupations que vous avez fait savoir au chef de l’Etat ?
J’ai dit au président que le dialogue est une vertu, le dialogue est une question nécessaire, mais pas suffisante. Lorsqu’il y a un dialogue, lorsqu’on arrive aux conclusions, il faut que ces conclusions soient appliquées. Ce qui n’a pas été le cas pour Ewo et Dolisie. C’est une attente, personnellement je suis pour le dialogue. Si le dialogue aboutit à des conclusions consensuelles et qu’elles soient appliquées, c’est comme cela qu’on peut faire fonctionner notre démocratie, en essayant de bannir l’intolérance et l’incompréhension que nous constatons dans un camp comme dans l’autre. J’ai également dit que dans ce dialogue il ne faut pas occulter la lancinante question de la gouvernance électorale. Il faut que dans notre pays quand quelqu’un est élu, qu’il soit fier de la légitimité populaire, parce qu’il est proprement élu. Et que celui qui n’est pas élu soit également capable de reconnaitre, avec dignité son échec. Ce n’est pas une fatalité. Et quand nous aurons atteint ce niveau, je crois que le Congo aura fait des progrès, parce que nous balbutions. Il faut renforcer cette démocratie. Voilà les thèmes essentiels sur lesquels j’ai donné mon avis au chef de l’Etat.
Et au sujet de la Constitution ?
Tout est question des priorités. Un pays peut prioriser ses problèmes. Aujourd’hui c’est un ordre qui pose problème. J’ai dit au président qu’il y avait une passion autour de cette question. Lorsqu’il y a une passion, on peut prendre des décisions dans une période aussi passionnelle. Parce que cette constitution pose effectivement des problèmes. La modifier ou ne pas la modifier je lui ai dit simplement qu’il y a des camps, le pour et le contre, c’est tout à fait normal. Il faut les réconcilier, il faut aller à un consensus. Moi, à titre personnel, j’ai marqué des réserves sur son changement, surtout par rapport au moment où il faut le décider. J’ai dit au président, par rapport à une date buttoir, celle de juin-juillet 2016, pour la prochaine élection. Donc il faut faire en sorte que tout cela puisse être réglé dans les délais, pour que la bulle que nous sentons dans le pays ne puisse pas éclater dans le désordre. A titre personnel je ne suis pas partant pour un changement de la constitution, je l’ai exprimé courageusement au président. Je lui ai également suggéré que le dialogue, il faut le poursuivre, même sans cameras. Il faut parler, continuer à parler aux populations, à tout le monde. Je lui ai montré que j’étais toujours ouvert au dialogue. C’est ce que je viens de faire. Il faut briser les glaces. Je suis venu ici et j’assume ce que je fais, je suis citoyen de ce pays. Et j’ai aussi déploré que nous ayons autant d’hommes politiques dans le pays, mais très peu d’hommes d’Etat. Quand on est homme d’Etat on sait avaler sa colère. Dans ma langue on dit la colère d’un insensé on la lit sur la figure, celle d’un sage est enfouie dans les entrailles.
Sur l’économie ?
On n’a pas parlé d’économie. Puisqu’on lit la macro économie, les tendances sont bonnes, les taux sont bons ; nos taux de croissance, pratiquement tournent autour de 5%, c’est une aubaine, par rapport à ce qui se fait ailleurs. Donc l’économie congolaise, globalement, se porte, relativement bien, même si le pétrole nous joue des sales tours. Là aussi le grand problème, c’est la répartition de la richesse nationale, pour consolider l’unité nationale. Tout le monde doit participer à cet effort et jouir de cette richesse. C’est fondamental.
Sur les raisons d’avoir répondu positivement à l’invitation du Chef de l’Etat ?
Avant de venir ici, j’ai saisi Tsaty Mabiala qui est le secrétaire général. Je lui ai dit que j’avais une invitation et que j’irais. Il me l’a déconseillé, comme le parti avait pris position. J’ai dit, à ce moment-là vous me prendrez pour un indiscipliné, mais je ne suis pas paniqué pour cela. J’ai beaucoup travaillé pour l’unité de l’UPADS et je continue à travailler pour l’unité de ce parti. Je ne regrette pas la décision ni le déplacement que je viens de faire ici. Vous lisez les médias, vous lisez les réseaux sociaux. Il parait qu’on vient ici pour ramasser de l’argent. On ridiculise les cadres, on veut les vilipender dans le monde entier, je trouve cela, totalement, désolant. Je n’ai aucun complexe de venir saluer le chef de l’Etat, le chef du village. Quelle qu’en soit la nature des problèmes, ce que je viens de faire je l’assume. Je parle la tête haute, regardez mes mains, elles ne sont pas pleines d’argent. Je n’en ai pas non plus dans les poches.
Sur la sanction qui pourrait en découler ?
La sanction ? Mais je l’assume. J’étais dans ma vie un bon élève, rarement sanctionné, et j’ai fini ma carrière, je n’ai même pas eu un blâme.
L’ancien Premier ministre congolais Ange Edouard Poungui
Ange Édouard Poungui est membre du bureau politique et du comité d’honneur de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads). Il vient d’être suspendu du parti à titre conservatoire. Motif énoncé : avoir pris part aux consultations sur la vie de la nation et de l’État initiées par le président de la République.
En s’y rendant, ce sénateur de l’Upads a agi en violation de la décision du parti qui avait dit son refus de prendre part à ces consultations. Cette décision prise le 2 juin à Brazzaville, après débat, est motivée par les articles 90, 93 des statuts et 184, 187 du Règlement intérieur de l’Upads.
En rappel, cet ancien Premier ministre a déclaré, le 1er juin, à sa sortie d’audience au Palais du peuple qu’il privilégiait le dialogue. Interrogé sur la mise en garde de l’Upads aux cadres et militants qui prendraient part aux consultations du chef de l’État, Ange Édouard Poungui avait déclaré qu’il s’agissait des questions internes au parti.
Sa Majesté, Moe Makosso IV, le Roi de Loango a été reçu, le 2 juin 2015 à Brazzaville, par le Président de la République.|Ph DR
Sa Majesté, Moe Makosso IV, le Roi de Loango a été reçu, le 2 juin 2015 à Brazzaville, par le Président de la République, dans le cadre des consultations nationales. Selon le porte-parole de la cour royale, Florent Tchibouanga, plutôt que du changement, le roi est favorable à la révision de la constitution du 20 janvier 2002.
ait accompagné de quelques membres de sa cour. «La délégation du royaume de Loango a répondu favorablement à l’appel du Président de la République. A l’heure actuelle, il y a un sujet tabou, notamment le changement ou non de la constitution. Nous nous sommes rendu compte que le Président de la République est une grandeur d’âme, pour avoir fait ce geste », a expliqué le porte-parole du royaume.
Florent Tchibouanga a ajouté : « Le roi a dit au Président de la République qu’il détient un pouvoir moral et que le pouvoir moral ne s’exécute qu’au ’’bongui’’. Aujourd’hui, comme il y a ceux qui disent oui au changement de la constitution et ceux qui disent non, il est mieux d’aller au ’’bongui’’, puisque c’est au ‘’’bongui’’ qu’on trouvera la solution. Le roi a demandé au Président de la République d’être courageux, parce qu’il a les destinées du pays et que c’est lui qui est en train de travailler. Malgré tout ce que les gens racontent, il doit accepte. Le moment opportun on trouvera la solution».
Il a insisté : «Nous avons dit au Président de la République qu’il serait mieux de parler de la révision de la constitution et non du changement. Car, dans la constitution actuelle, il y a aussi de bonnes choses qu’on peut garder. Tout n’est pas mauvais».
Après la délégation du royaume de Loango, le Chef de l’Etat a reçu l’ancien président de l’Assemblée nationale, Alphonse Mouissou-Poaty. A sa sortie de la rencontre, ce dernier a dit : «Nous venons de répondre à l’invitation aimable que le Président de la République nous a faite pour prendre part aux audiences qu’il accorde aux dirigeants actuels et anciens dirigeants que nous sommes, sur les problèmes qui concernent le pays à l’heure actuelle. Nous avons indiqué à Monsieur de la République quelques pistes pour régler le problème qui se pose aujourd’hui. Ce, à la lumière de la sagesse que les dirigeants ont eue dans le passé lorsque le pays s’était trouvé confronté à une situation pareille».
M. Mouissou-Poaty a rappelé que la vie humaine est un perpétuel recommencement. Ainsi, les pistes qu’il a proposées au Chef de l’Etat portent sur le dialogue. «Lorsqu’on ne s’entend pas sur une question, on doit se mettre ensemble pour se fixer, se toucher et se parler. Il n’y a pas d’autres inventions. Nous avons laissé la primeur à Monsieur le Président», a-t-il conclu.
Outre ces deux délégations, le Président Denis Sassou N’Guesso a reçu, en matinée, la Confédération syndicale congolaise (CSC) ; des ex-combattants du Niari membres de la Dynamique pour la paix ; et le Rassemblement Citoyen (RAC – Collectif des églises de réveil).
L’après-midi, la chance de rencontrer le Président de la République pour dire son mot est revenue au Rassemblement pour la Démocratie et le progrès Social (RDPS) ; à la Dynamique pour le Développement du Congo (DDC-opposition), membre du FROCAD ; au Conseil islamique du Congo, conduit par son président El Hadj Djibril Bopaka ; et au Conseil des Associations des étudiants de l’université Marien N’gouabi, conduit par Stalgard Gantsiala.
Les consultations se poursuivront mercredi et jeudi, selon le programme qui nous a été communiqué verbalement. Au terme de toutes ces rencontres avec ses compatriote se prononcera.
L’ancien Premier ministre congolais Ange Edouard Poungui
L’ancien Premier ministre congolais Ange Edouard Poungui s’est prononcé lundi contre le changement de la Constitution.
« Nous avons dit au président de la République que la Constitution du 20 janvier 2002 ne doit pas être changée », a déclaré à la presse à Brazzaville M. Poungui au sortir des consultations avec le président Denis Sassou N’Guesso.
« Nous devons dialoguer, toujours dialoguer pour la paix et ne pas se jeter la pierre, on ne peut pas rejeter le dialogue », a-t- il insisté.
M. Poungui, 73 ans, Premier ministre du Congo de 1984 à 1989 sous le régime du parti unique dirigé par le président Sassou N’ Guesso, est actuellement sénateur du premier parti de l’opposition congolaise, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) .
Depuis le 20 mai dernier, le président Sassou N’Guesso mène des « consultations sur la vie de la nation et de l’Etat », au cours desquelles plusieurs responsables des partis politiques, de la société civile et des confessions religieuses, ont fait connaître leurs opinions sur l’idée de modifier la Constitution.
La Constitution congolaise de 2002 limite à deux le nombre de mandats du président de la République, ce qui signifie que le président Sassou N’Guesso, dont le deuxième mandat s’achevera en 2016, ne devrait pas se porter candidat à la prochaine élection présidentielle.
Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo
Le président congolais Joseph Kabila lancera samedi des consultations tous azimuts en vue d’un dialogue politique aux contours encore flous et rejeté par une partie de l’opposition qui y voit un stratagème pour permettre au chef de l’Etat de rester au pouvoir illégalement.
« C’est demain (samedi) que les consultations vont commencer, c’est ce que ce nous avons appris », a expliqué à l’AFP une source à la présidence.
« Le chef de l’Etat commence vendredi des consultations avec toutes les forces vives de la nation », avait auparavant annoncé à l’AFP un haut responsable congolais dans la nuit de jeudi à vendredi.
« Il va écouter tout le monde », en particulier « les réflexions sur le calendrier électoral global », a ajouté ce responsable, sous couvert d’anonymat.
Publié en février par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), cet échéancier prévoit une série d’élections (locales, provinciales, sénatoriales…) devant commencer en octobre et mener jusqu’à la présidentielle et aux législatives en novembre 2016.
Selon le haut responsable congolais, les interlocuteurs du chef de l’Etat « vont faire des réflexions sur le dialogue » politique et dire « quel pourrait en être le format » et « quand il pourra avoir lieu ».
« Depuis plus d’un an, le principal parti d’opposition (Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS) a multiplié les prises de position exigeant un dialogue (…) Le président a répondu à une initiative de l’UDPS », a expliqué Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, lors d’une émission politique sur la Radio-télévision nationale congolaise.
Il a ajouté qu’il fallait « absolument être à l’écoute des points de vue » de l’UDPS: ce parti a rejeté le résultat des élections présidentielle et législatives de novembre 2011, remportées par le président Kabila et son camp après des scrutins entâchés d’irrégularités massives.
Depuis, le pays traverse une grave crise politique. « Il faut parler (…) parce que le pays a besoin de cette façon de gérer les problèmes (…). Ce n’est pas en se taisant qu’on peut résoudre les problèmes », a souligné M. Mende.
Agé de 43 ans, M. Kabila est à la tête de la République démocratique du Congo depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter à la fin de son mandat s’achevant fin 2016 et, jusqu’à présent, il refusé de céder aux demandes de l’opposition l’enjoignant de s’engager publiquement à quitter le pouvoir à l’issue de son mandat.
Après la chute du président burkinabè Blaise Compaoré en octobre, le gouvernement congolais a abandonné un projet de révision constitutionnelle dont les termes n’avaient jamais été publiés mais que l’opposition soupçonnait d’avoir été conçu pour permettre à M. Kabila de briguer un nouveau mandat.
Les trois grands partis de l’opposition que sont l’UDPS, le Mouvement de libération du Congo (MLC) et l’Union pour la nation congolaise (UNC) estiment en substance que le programme arrêté par la Céni fait planer l’incertitude sur la tenue de la prochaine présidentielle dans les délais prévus par la Constitution.
– Congo-Brazza, Burundi, Rwanda –
Les consultations voulues par M. Kabila commencent moins de dix jours après le début d’une initiative similaire au Congo-Brazzaville voisin, où il est de plus en plus question d’une révision de la Constitution pour permettre au président Denis Sassou Nguesso de se représenter en 2016.
Elles surviennent aussi alors que le Burundi est plongé dans une grave crise politique depuis l’annonce fin avril de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, et moins de 48 heures après l’annonce au Rwanda d’une possible révision constitutionnelle qui autoriserait un nouveau mandat au président Paul Kagame.
M. Kabila doit recevoir les chefs des confessions religieuses puis les chefs coutumiers avant de discuter avec ceux des partis politiques de l’opposition puis de la majorité, des groupes parlementaires et regroupements politiques pour finir avec les diplomates accrédités en RDC et le chef de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco), Martin Kobler.
La durée de ces consultations n’a pas été précisée.
L’UDPS a dit être prête à participer au dialogue. Cependant, c’est à « Martin Kobler de faire des consultations pour le dialogue, et non à monsieur Kabila », car sinon il va « s’arroger le droit d’être juge et partie », a déclaré à l’AFP Bruno Tshibala, porte-parole de l’UDPS.
A l’inverse, une coalition regroupant le MLC, l’UNC, des dissidents de l’UDPS et des représentants de plusieurs dizaines de petits partis s’y oppose, y voyant une manoeuvre pour retarder la prochaine présidentielle et permettre à M. Kabila de rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat.
« La position du MLC est claire: pas de nouveau forum, cap vers les élections », a dit à l’AFP Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC, plaidant plutôt pour un « dialogue permanent avec la Céni et les acteurs impliqués dans les élections ».
L’ancien ministre d’État, Martin Mberi, a déclaré, le 27 mai, s’être réjoui de l’audience que lui a accordée le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, qui poursuit ses consultations avec les forces vives de la nation depuis une semaine.
« Le chef de l’État m’a dit que les consultations en cours avaient pour but l’organisation du dialogue national. Cela me tient à cœur, car le dialogue, c’est une chance pour notre pays. C’est l’occasion de négocier le tournant historique qui est devant nous », a indiqué Martin Mberi avant d’ajouter : « Nous sommes une génération partante ; vous allez nous succéder, et s’il y a un contrat moral qui nous lie, ce ne sera pas de laisser ce pays dans l’éternel recommencement. Je retiens cette disponibilité du président de la République à faire que tout aille pour le mieux dans notre pays ».
S’agissant du changement ou non de la Constitution, sujet d’actualité abordé par la plupart des personnalités et dirigeants politiques reçus par le chef de l’Etat avant lui, Martin Mberi a répondu qu’il n’a pas évoqué la question avec ce dernier : « Nous ne l’avons même pas abordée ! », s’est-il exclamé, indiquant toutefois qu’il ne devrait pas avoir de questions taboues : « Dans un pays où l’on parle de dialogue et de consensus, qu’est-ce qui est impossible ? Que l’on soit pour le changement ou non, s’il y a dialogue et consensus, c’est qu’il y aura une solution » a renchéri l’orateur pour qui ce débat sur la Constitution est devenu tellement partisan qu’il devient « un faux débat ».
L’ancien ministre a soutenu dur comme fer sa position, expliquant que le dialogue envisagé ne sera pas une rencontre qui mettrait en avant les rapports de force entre les parties, mais privilégiera le consensus : « C’est notre pays, nous lui voulons tous du bien, alors pourquoi voulez-vous ne pas garder l’espoir que tout s’arrangera ».
S’agissant certaines formations politiques qui ont refusé de s’associer aux consultations en cours, Martin Mbéri a avoué ne rien comprendre à une telle attitude, dans la mesure, a-t-il souligné, les audiences initiées par le chef de l’Etat sont une première étape du processus conduisant au dialogue : « Franchement, je n’y comprends rien, quand je pense que parmi ceux qui ont décliné l’offre des consultations, il y en a qui sont pour la tenue du dialogue », a poursuivi l’ancien ministre qui a regretté « un procès d’intention » et conclu son propos en déclarant : « Ils refusent ces consultations pour des raisons que la raison ignore ».
La position du RDD
Chef de la délégation du Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD), le parti de l’ex-président Joachim Yhombi Opango, reçu la veille par le chef de l’État, Émile Opangault s’est contenté d’indiquer « Nous avons eu une conversation correcte, franche ». Une expression par trop savante pour la presse qui a appris à faire avec du « précis et du clair ». Et c’est là que le dirigeant du RDD s’est dévoilé un peu : « Nous avons discuté des problèmes qui minent la société congolaise : l’école ne marche pas, la santé ne marche pas bien, l’eau et l’électricité posent encore problème, le transport en commun, c’est la catastrophe. Autant de questions qui préoccupent les Congolais au quotidien. Sur le plan politique, le problème de fond, pour notre parti concerne la gouvernance électorale. Nous devons désormais organiser des élections crédibles ». Pour Émile Opangault, il n’y a pas d’argument juridique permettant de changer de fond en comble la Constitution du 20 janvier, cependant qu’elle peut évoluer au regard des mécanismes internes, s’est-il défendu.
Le RAD, et la société civile
Le président du Rassemblement des acteurs de la démocratie (RAD) a souhaité, pour sa part que l’on trouve un juste milieu entre la Constitution du 15 janvier 1992, de régime semi-présidentiel et celle du 20 janvier 2002, de régime présidentiel pour façonner la nouvelle loi fondamentale. Son parti est favorable à la tenue d’un dialogue national inclusif.
Prier pour que le débat qui anime la société congolaise avant l’échéance présidentielle de 2016 se déroule dans l’apaisement et la concorde nationale, telle a été l’invite du Conseil supérieur des églises de réveil du Congo (Coserco), dont la délégation a été conduite par son président, Germain Loubota.
Pour sa part, la présidente de l’Association actions novatrices pour la paix et le développement, Inès Nefer Ingani, s’est prononcée pour le changement de la Constitution du 20 janvier 2002, qu’elle estime en inadéquation avec la politique sociale du Congo. Elle s’est notamment appuyée sur le volet de la parité homme-femme : « Dans un monde où l’homme ne peut plus seul subvenir aux besoins de sa famille, le sexisme n’a plus sa place. Il est temps de donner à la femme la place qui lui revient den droit », a notamment déclaré la présidente de l’association qui a appelé à l’avènement d’un régime semi-présidentiel, dans lequel, a-t-elle précisé, le gouvernement est responsable devant le parlement. Inès Nefer Ingani a souligné que le président de la République a été attentif au message de son organisation.
Image d’archive|Sassou N’Guesso et Joachim Yhombi Opango
Poursuivant ses consultations, le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, recevra ce 26 mai, en matinée, le président de l’Assemblée nationale, Justin Koumba, le président Joachim Yhombi Opango, en sa qualité d’ancien chef de l’État, le Mouvement pour les intérêts congolais et le salut (MIS) de Bonaventure Mizidy, la Jeunesse unie pour la République (JUR), le Conseil national de la jeunesse (CNJ).
Dans l’après-midi, le tour reviendra aux Partis et groupements politiques du Centre de Maurice Kiloko, le Parti pour l’unité, la liberté et le progrès (PULP de Médard Moussodia, l’Association des défenseurs et messagers de la paix de Romuald Tchissambou
La convocation du référendum constitutionnel a occupé une place de choix la troisième journée des consultations présidentielles, le 22mai 2015 à Brazzaville. L’Union des forces démocratiques (UFD) de Josué Rodrigues Ngouonimba a émis le vœu au président Denis Sassou N’Guesso de convoquer le référendum constitutionnel avant la fin de cette année.
Les consultations présidentielles se poursuivent à Brazzaville. Le troisième a été consacrée à la coordination des associations et réseaux de la société civile au Congo (CARESCO) et à l’œil du peuple, deux plateformes de la société civile puis à l’union des forces démocratiques (UFD) en fin d’après-midi.
L’UFD, affiliée à la majorité présidentielle, après avoir loué cette initiative qui va dans le sens de la tradition bantoue, a invité le président Denis Sassou N’Guesso à convoquer le référendum avant la fin de l’année 2015 pour que les congolais soient situés véritablement sur l’avenir de leur pays.
Selon le président de l’UFD, le président Denis Sassou N’Guesso leur a répondu que c’était effectivement dans cette vision que s’inscrivaient ces consultations nationales. La délégation de l’UFD a saisi également cette occasion pour évoquer la révision de l’accord signé depuis le 14 février 2001 avec le parti congolais du travail (PCT). « Dans cet accord, il y’a un article qui stipule que l’UFD s’engage à soutenir le candidat Sassou N’Guesso. Et, nous avons dit au président que le changement de la constitution que nous appelons de tout notre vœu se fera et s’il est candidat nous le soutenons … », a indiqué Josué Rodrigues Ngouonimba.
La plateforme « Œil du peuple » a abordé dans le même sens que L’UFD. Son président Djibril Abdoulaye Bopaka dit avoir soutenu devant le président Sassou N’Guesso l’engagement pris depuis 2013 se traduisant par la rédaction d’un projet de constitution. Il a conclu en disant en félicitant le président Sassou N’Guesso d’avoir tracé la voie du dialogue : « C’est pour cela que, la concertation est une bonne démarche pour le Congo, mais le référendum c’est la finition. Donc la Face A c’est le dialogue et la face B, c’est le referendum. »
Pour la CARESCO, qui représente 1000 associations, son point de vue est clair et net. « Vous connaissez le point de vue et nous n’avons qu’à renouveler ce que nous avons décidé dans nos instances de direction, à savoir le dialogue inclusif et sans préalable. », a dit son président Yves Mahoungou-Massila à sa sortie du palais présidentiel.
A noter que, la journée du 22mai était très chargée en matinée. Le président Denis Sassou N’Guesso a reçu, tour à tour, le parti pour l’unité et la république (CLUB 2002 PUR) de Wilfrid Nguesso, le rassemblement citoyen (RC) de Claude Alphonse Nsilou, le forum de la société civile pour les élections libres et transparentes ( FOSOCEL) de germain Cephas Ewangui, le mouvement pour l’unité et la démocratie au Congo (MUDEC) de Apollinaire Mouyombo et la coordination générale des partis et associations politiques du centre gauche congolais de Marcèl Valère Mabiala Mapa.