Le président congolais Denis Sassou Nguessou dépose son bulletin dans l’urne le 25 octobre 2015 à Brazzaville
Le Président de la République du Congo, M. Denis Sassou-N’guesso a déclaré, le 25 octobre à Brazzaville, après avoir accompli son acte civique pour le vote référendaire que «lorsqu’’il s’agit des questions qui intéressent la vie et l’avenir du peuple congolais, c’est lui seul qui doit décider, personne d’autre, quels que soient des pressions et des assauts». Le Chef de l’Etat a souligné que c’est un jour très important pour le peuple congolais parce qu’il va montrer à la face du monde qu’«’il est un peuple libre et souverain». Il espère que le peuple va se déterminer, puisque partout dans le pays, il vote. A cette occasion, il n’a pas manqué de fustiger les forces négatives qui ont essayé de ramener la violence dans le pays, «alors que c’est chèrement que nous avons pu conquérir la paix. «Elles seront vaincues parce que je sais que notre peuple aspire à la paix». Saisissant l’occasion, le Président Sassou-N’guesso a lancé un appel à préserver la paix partout parce que, a-t-il dit, c’est grâce à elle que le Congo a enregistré quelques avancées dans la construction du pays. Répondant à la question sur le mot d’ordre de boycott de ce référendum lancé par les opposants congolais, le Président de la République a fait savoir que « si l’opposition a demandé à ses militants à ne pas se rendre aux urnes, cela peut s’assimiler à l’abstention, encore que ça aurait été mieux que cela soit exprimé par un Non dans les urnes. On aurait donc une partie du peuple qui a pu dire Oui et une autre Non». «Et nous continuerons, a-t-il rassuré, de construire le pays avec tous les Congolais». Le Chef de l’Etat était accompagné de son épouse, Mme Antoinette Sassou-N’guesso, qui a également rempli son devoir civique.
Le président congolais Denis Sassou Nguesso, le 12 octobre 2014 à Pointe-Noire au Congo
La situation est tendue au Congo-Brazzaville, où le président Denis Sassou Nguesso souhaite modifier la Constitution pour pouvoir se présenter pour un troisième mandat à l’élection de 2016. La colère de ses opposants grondent, mais ils savent que le dirigeant est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.
Qui aura le dernier mot ? Le président ou le peuple ? Denis Sassou Nguesso, qui cumule plus de 30 ans à la tête de la République du Congo, est accusé de vouloir se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Dimanche, cinq dirigeants de l’opposition congolaise ont été bloqués plusieurs heures par les autorités à Pointe-Noire, au lendemain d’une manifestation contre le référendum constitutionnel du 25 octobre entachée de violences dans cette ville sud du pays. Finalement, «l’interdiction et les poursuites judiciaires que le procureur voulait intenter contre (eux) ont été levées sans autre forme de procès», a confié Mabio Mavoungou Zinga, porte-parole du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) à «Jeune Afrique». «J’ai accompagné les amis à l’aéroport. Ils ont tous regagné Brazzaville pour préparer le meeting déterminant du 20 octobre» à Brazzaville, a-t-il ajouté.
En vertu de la Constitution congolaise, M. Sassou Nguesso, élu président en 2002 et réélu en 2009, ne peut pas briguer un troisième mandat à la présidence. Il n’a théoriquement doublement pas le droit de se représenter, car l’âge maximal pour être candidat à la magistrature suprême est de 70 ans. Or, le chef d’Etat soufflera ses 72 bougies le 23 novembre. Toutefois, le septuagénaire n’a pas l’intention de transmettre les rênes. Aussi a-t-il annoncé, le 22 septembre, son intention d’organiser un référendum visant à adopter une nouvelle Constitution qui ferait sauter ces deux verrous en vue de l’élection présidentielle de juillet 2016. (Le texte prévoirait un mandat de cinq ans au lieu de sept, renouvelable deux fois ; sans limite d’âge si ce n’est un minimum de 30 ans…) L’opposition congolaise dénonce un «coup d’Etat constitutionnel». «Tout sauf Sassou III !», ont scandé des citoyens lors de manifestations. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #Sassoufit rassemble les mécontents. Le Frocad et l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) oeuvrent main dans la main pour que soient respectés l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique. Ce sont ces deux mouvements qui ont organisé un meeting, samedi, suite auquel cinq de ses leaders* ont été arrêtés –tandis que quatre personnes ont été blessées par balles par un policier.
SOUPÇONNÉ DE CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ
Denis Sassou Nguesso est l’un des fondateurs du Parti congolais du travail (PTC). D’obédience marxiste-léniniste à l’origine, et parti unique sous le régime de la République populaire du Congo, le PTC a abandonné l’idéologie communiste à la chute de l’URSS, pour adopter une ligne officiellement proche du socialisme démocratique. Dans une interview accordée à Paris Match il y a deux ans, l’homme politique s’était décrit comme un «socialiste hybride, issu du communisme primitif puisque j’ai grandi dans un village où il n’y avait pas de barrières, et où la communauté se répartissait les tâches.» L’ancien militaire a dirigé le pays à l’époque du parti unique, depuis son coup d’Etat de 1979 jusqu’au premier scrutin pluraliste du pays en 1992, qu’il a perdu face à Pascal Lissouba. Une défaite qu’il n’aurait pas supportée, faisant tout, depuis, pour récupérer le pouvoir –et le garder. Au point d’être soupçonné aujourd’hui de crimes contre l’humanité. En juillet dernier, Opinion internationale (OI), un site consacré aux opinions et aux libertés, avait révélé des documents accablants, attestant de ces abus.
En septembre 1999, soit deux ans après son retour au pouvoir -à l’issue d’une violente guerre civile- Sassou-Nguesso aurait notamment signé un Plan d’activités, ordonnant clairement de «dépeupler» les fiefs de l’opposition, de «maintenir les fugitifs dans les forêts par la terreur du pilonnage et les pousser à la mort lente par la famine et les maladies», ou encore de «brûler tout jeune en âge de combattre en provenance des zones à forte résistance»… Il demandait en outre «de pilonner et bombarder les lieux à forte concentration humaine» tels que les «marchés, églises, écoles» etc. L’objectif était même quantifié: «125.000 personnes tuées, 275.000 fugitifs et 40.000 exils forcés». En janvier 2000, un autre courrier officiel ordonnait des crimes systématiques pour, selon ses termes, «continuer de nous appuyer sur la force comme moyen essentiel de la conservation du pouvoir»… Et de citer Mao Zedong : «Le pouvoir est au bout du fusil». D’après OI, ces documents accablants ont récemment été transmis notamment à la Cour pénale internationale (CPI) et au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies.
En outre, le président du Congo et sa famille sont visés depuis 2007 par une enquête sur leur patrimoine français. Dans ce contexte, les juges en charge de l’enquête dite des «biens mal acquis» ont saisi plusieurs propriétés du clan Nguesso le mois dernier, notamment une luxueuse demeure au Vézinet (Yvelines), et un appartement à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Ancienne puissance coloniale, la France se prononce peu sur la situation actuelle au Congo-Brazzaville. Le Quai d’Orsay se contente d’appeler «de ses vœux un processus électoral crédible conduisant à des scrutins libres et transparents, dans le respect de l’État de droit et des libertés publiques».
Un manifestant opposé à ce que Denis Sassou-Nguesso reste au pouvoir, photographié dimanche 27 septembre 2015 à Brazzaville.|AFP
Au Congo Brazzaville, la campagne pour le référendum sur le projet de loi de constitution qui permettrait au président Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat, s’est ouverte le vendredi 9 octobre. Plusieurs jeunes ont participé, à Brazzaville, la capitale, à une marche à l’appel de mouvements citoyens parmi lesquels, Ras-le-bol, pour dénoncer ce référendum au slogan de « Sassoufit ». Plusieurs d’entre eux ont été arrêtés. Une source policière fait état de six arrestations tandis que selon les militants, une dizaine de jeunes ont été arrêtés.
La campagne pour le référendum sur le projet de loi de constitution se tiendra du 9 au 23 octobre. La tenue de ce scrutin controversé se tiendra le 25 septembre. L’adoption d’une nouvelle constitution permettrait au président Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat en 2016.
Les premières manifestations ont ainsi commencé, vendredi, dans le sud de Brazzaville où la police a dispersé, à la mi-journée, une marche de quelques dizaines de militants de l’association Ras-le-bol, opposée au changement de constitution.
Parmi les slogans, on pouvait entendre « Non au référendum ! », « Sassoufit » ou encore « Sassou dégage ! »
Joint par RFI, Martial Panucci, porte-parole du mouvement Ras-le-bol, s’insurge contre les arrestations et la dispersion des manifestants par la police utilisant des grenades lacrymogènes et se dit très inquiet.
« Pendant que nous faisions la marche pacifique nous avons été arrêtés par les forces de l’ordre et ils nous ont dispersés à coups de bombes lacrymogènes. Certains des membres du mouvement ont été arrêtés. Il y a près d’une dizaine de personnes qui ont été arrêtées », a affirmé Martial Panucci.
« Nous sommes très, très inquiets parce qu’on sait comment les choses se passent ici. Nous demandons à ce qu’ils soient libérés le plus vite possible, sinon nous allons continuer à manifester », a ajouté le porte-parole du mouvement Ras-le-bol.
« Nous sommes des mouvements pacifiques ! Nous ne cassons rien ! Nous demandons juste au président de retirer le référendum. Et nous disons à la police de faire son travail qui est de nous protéger, plutôt que de nous agresser tout le temps, de nous intimider. Nous en avons ras-le-bol ! », a tenu a préciser Martial Panucci, porte-parole du mouvement Ras-le-bol.
Ce samedi 10 octobre, ce sont les partisans du président Sassou N’guesso et du changement de constitution qui prévoient un meeting dans le centre de Brazzaville.
La campagne du référendum du 25 octobre, qui verra les Congolais se prononcer sur un projet de constitution permettant au président Denis Sassou N’guesso de briguer un nouveau mandat en 2016, s’est ouverte vendredi.
« Conformément à la loi, le scrutin est précédé d’une campagne électorale déclarée ouverte du 9 au 23 octobre à minuit », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Raymond Mboulou, dans un message radiotélévisé.
Cette campagne « doit avoir lieu dans un climat social apaisé, un climat de tolérance, d’acceptation de la différence, un climat qui exclut la provocation, le bannissement et qui préserve fondamentalement l’ordre public », a ajouté M. Mboulou.
Elle a démarré timidement : vendredi matin dans les quartiers nord de la capitale congolaise, réputés fief du pouvoir, les affiches et autres banderoles n’étaient pas encore visibles, selon le correspondant de l’AFP à Brazzaville.
Néanmoins, des réunions et autres rassemblements sont prévus dans la journée par des mouvements de jeunesse de la majorité qui doivent mobiliser la population en vue d’un meeting annoncé comme « grandiose » pour samedi dans le centre de Brazzaville.
Le lieu choisi pour cette manifestation est symbolique : c’est l’endroit même où l’opposition avait réussi le 27 septembre son plus grand rassemblement depuis 1997, aux cris de « Non au référendum ! » « Sassoufit ! » ou « Sassou dégage ! »
Le projet de nouvelle constitution ferait entrer le Congo dans une nouvelle République et sauter les deux verrous qui empêchent M. Sassou de se présenter à la présidentielle devant avoir lieu mi-2016 : la limite d’âge de 70 ans imposée aux candidats et le nombre de deux mandats maximum imposé au chef de l’État.
M. Sassou est accusé par l’opposition de vouloir « perpétrer un coup d’État constitutionnel » d’autant plus que le projet devant être présenté au peuple n’est pas celui d’une révision constitutionnelle mais d’une nouvelle constitution.
Âgé de 72 ans cette année, M. Sassou cumule plus de trente ans à la tête du pays. Il a dirigé le Congo à l’époque du parti unique, de 1979 jusqu’aux élections pluralistes de 1992, qu’il a perdues. Revenu au pouvoir en 1997 à l’issue d’une violente guerre civile, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.
Les membres fondateurs de cette plateforme: René Serges Blanchard Oba, Guy Brice Parfait Kolelas, André Okombi Salissa et Mavoungou Mabio, Le 1er août 2015 à Brazzaville|DR
L’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) va lancer le 16 août prochain, sur toute l’étendue du territoire national congolais, une campagne populaire de sensibilisation et de vulgarisation du non citoyen au référendum sur le changement de la constitution du 20 janvier 2002.
A l’occasion de sa réunion inaugurale, mardi à Brazzaville, l’IDC a appelé les Congolais à se mobiliser d’ores et déjà pour cette campagne qui va se dérouler sur toute l’étendue du territoire national, dans les chefs-lieux des départements. L’opération va s’achever le 6 septembre à Ouesso, chef-lieu du département de la Sangha, à près de 800 km au nord Congo.
Présidée par Guy Brice Parfait Kolélas, secrétaire général du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), limogé lundi soir de son poste de ministre de la Fonction publique par le président Denis Sassou Nguesso, l’IDC a été mise sur pied pour défendre l’alternance démocratique au Congo.
La structure comprend notamment un secrétariat permanent de 10 membres, présidé par M. Paul Miomboula.
Faisant le point de la situation politique au Congo, dominée par le débat sur le changement ou non de la constitution du 20 janvier 2002, pour permettre à Denis Sassou Nguesso de briguer un second mandat à la tête de l’Etat, l’IDC a réitéré son appel demandant à la population congolaise de s’opposer à tout changement de la constitution.
« Le peuple congolais doit se préparer pour dire non au référendum et au changement de la constitution, le peuple congolais doit utiliser la résistance, car elle est le commencement de la victoire », ont déclaré les membres de l’IDC au cours de leur rencontre.
L’IDC a saisi cette occasion pour dénoncer l’entrave à la libre circulation de certains acteurs de l’opposition qui ont été interdits de sortie du territoire congolais.
Elle a aussi a déploré et condamné les arrestations arbitraires des cadres de la Convention pour l’action, la démocratie et le développement (CADD) et s’est engagée à poursuivre en justice les pouvoirs publics congolais.
« Les membres du conseil des présidents de l’IDC ont décidé de se constituer prisonniers à chaque fois qu’un membre de la CADD sera arrêté par la police », ont averti les membres de l’Initiative pour la démocratie au Congo, une structure créée le 1er août dernier, pour devenir un cadre de concertation et de réflexion pour la défense de la démocratie.
L’IDC regroupe les partis politiques et associations, les organisations de la société civile, individualités et personnes ressources, engagés et déterminés à mettre en œuvre toutes les actions visant à respecter l’esprit et la lettre de la constitution du 20 janvier 2002 et à la tenue d’élections régulières, transparentes, libres et justes pour un avenir promoteur du Congo.
Le dialogue alternatif des forces politiques et sociales opposées au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 a rendu ses conclusions ce 29 juillet à Brazzaville|DR
Les forces politiques et sociales congolaises opposées au changement de la Constitution de 2002, qui ont mené depuis dimanche un dialogue national « alternatif » à Brazzaville sur le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique en 2016, ont appelé la population à boycotter toute tentative de changement de la Constitution 20 janvier 2002, initié par le gouvernement.
Dans une déclaration commune faite à la fin du dialgoue, intitulée « Appel de Diata », du nom du quartier de Brazzaville ayant abrité les travaux de ce dialogue, les 630 participants ont préconisé « la résistance héroïque pour défendre l’ordre constitutionnel au cas où celui-ci venait à être violé ».
Pour eux, le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 sera « un coup d’Etat » et risque de plonger le pays « dans une autre situation de troubles.
Ils ont demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires à l’organisation, dans le délai prescrit par la constitution, de la présidentielle de 2016 et de mettre en place un calendrier électoral consensuel.
Ils ont ainsi refusé tout glissement du calendrier électoral.
Ils ont par ailleurs demandé au gouvernement la mise en place dès à présent d’une commission électorale indépendant et l’élaboration d’un nouveau fichier électoral de base, informatisé et incontestable.
Ce dialogue a été organisé plus d’une semaine après un dialogue national initié par le chef d’Etat Denis Sassou N’guesso et tenu à Sibiti, ville située à environ 200 km de Brazzaville.
En l’état actuel de la Constitution, M. Sassou-Nguesso ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle après la fin de son deuxième mandat en 2016.
Pierre Ngolo, secrétaire général du Parti congolais du travail
Le débat constitutionnel agite le microcosme politique congolais. Si les partis opposés au changement de la Constitution ont réussi leur sortie, au palais des congrès, à Brazzaville, en signant, la semaine dernière, une déclaration pour exiger le respect de l’ordre constitutionnel et la convocation d’une concertation sur la préparation de l’élection présidentielle de 2016, à la majorité présidentielle, les dirigeants ont quelques soucis à se faire. Et pour cause, les rangs semblent se dépeupler.
Le R.D.D et l’U.P ont déjà tourné casaque. Le M.C.D.D.I est presque sur le point de le faire, en se parant du statut d’observateur dans la plateforme opposée au changement de la Constitution. Depuis la fin de la semaine dernière, une bonne fourchette de partis sont dans la fronde. Le R.C (Rassemblement citoyen), de Claude-Alphonsine N’Silou, a publié une déclaration pour dire qu’il ne donnera sa position que «dans les limites du temps convenable».
Jeudi 15 janvier dernier, les vingt-deux partis de la majorité présidentielle étaient en réunion, dans la salle de banquet du palais des congrès, sous la direction de Pierre Ngolo, président par intérim. Il était question de peaufiner des stratégies pour l’élection présidentielle de 2016, examiner et adopter, ensuite, le projet de déclaration sur le changement de la Constitution. A cette réunion, la plupart des partis n’y ont envoyé que des délégués n’ayant pas pouvoir de les engager. Au point que la réunion a été suspendue pour être reportée au vendredi 16 janvier. Mais, ce jour-là, on a enregistré beaucoup plus d’absences qu’auparavant. Il n’empêche que la réunion a eu lieu et le président par intérim, Pierre Ngollo, a annoncé la signature solennelle, devant les médias, le mardi 20 janvier, par chaque parti et les individualités, de la déclaration sur le changement de Constitution. Et les présidents des partis sont, personnellement, invités à signer, eux-mêmes.
Mais, il n’a pas fallu longtemps attendre pour se rendre compte que la crise couve au sein de la majorité. La déclaration du Rassemblement citoyen (voir page 4), en date du 17 janvier 2015, en dit long. «Libres, dans les moments difficiles, nous avions choisi et combattu aux côtés du président Denis Sassou-Nguesso, pour défendre la liberté, la démocratie et la paix dans notre pays. Libre, le Rassemblement citoyen donnera, dans les limites du temps convenable, de manière responsable, sa position sur la question du changement de la Constitution», dit cette déclaration signée par Claude Alphonse N’Silou, le président de ce parti. Ce qui ne laisse aucune ambiguïté: le R.c ne sera pas parmi les partis de la majorité qui vont signer la déclaration sur le changement de la Constitution, le mardi 20 janvier.
A ce qu’on apprend, beaucoup d’autres partis pourraient adopter la même attitude que le R.C. «Depuis le mois d’avril 2014, le collège des présidents de la majorité présidentielle avait mis en place une commission pour réfléchir sur la question de la Constitution. Cette commission avait préparé un rapport qui devait être soumis au collège des présidents. Mais, le président par intérim n’a plus jamais réuni le collège. On a mis dans l’ombre le travail de cette commission. A la place, notre allié, le P.c.t, a préféré traité cette question en son propre sein. Il a publié sa position, le 31 décembre dernier, avant tous les autres partis de la majorité. Du coup, la démarche qu’on avait souhaitée être commune sur cette question, a été mise à mal. Le secrétaire général du M.C.D.D.I a fait sa réplique sur les médias internationaux, comme vous l’avez suivi. Comment voulez-vous qu’on aille signer une déclaration, sans que chaque parti n’ait eu la possibilité de consulter sa base ou ses instances dirigeantes, comme le P.C.T l’a fait? Les partis alliés refusent d’être relégués au rôle de partis satellites du P.C.T, parce qu’on aura signé une déclaration rien que pour le soutenir. Voilà là où le bât blesse. L’avenir des institutions doit faire l’objet d’un consensus sans lequel rien ne peut se faire», nous a confié un responsable proche de la majorité.
La majorité présidentielle en zone de turbulences? Que va-t-il se passer, le mardi 20 janvier? C’est ce qu’il y a lieu de voir. Une chose est sûre: tout le monde ne regarde plus dans la même direction, au sein de cette famille politique. A moins que le président Denis Sassou-Nguesso ne s’y implique, lui-même, pour sauver ce qui peut encore l’être.