Brazzaville : reprise des casseroles au Conseil national de lutte contre le Sida

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Une vue des manifestants
Une vue des manifestants

Après quelques semaines d’accalmie, les 91 agents émargeant au Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS) ont repris ce 23 décembre le sit-in qu’ils avaient lancé le 30 novembre dernier pour réclamer vingt mois de salaires impayés

« Monsieur, sors de ma maison vite, vite ! Pardon papa ! Je n’ai pas de salaire depuis vingt mois. Papa achète moi le jouet. Ah ! Mon enfant, ça fait vingt mois, on me refuse de l’argent. Où est la loi sur la protection sociale ? », c’est ce que l’on pouvait lire sur les pancartes que les manifestants brandissaient pendant leur sit-in.

Selon le président du collectif des agents du CNLS, Michel Mabandza, ils ont exécuté le meilleur projet de la Banque mondiale en Afrique de 2004 à 2010, avec des résultats encourageants dans la lutte contre le Sida. « Ces résultats ont été obtenus par les travailleurs du Secrétariat exécutif permanent (SEP/CNLS), que l’on ne nous trompe pas, ce n’est pas quelqu’un d’autre. Nous avons obtenu des résultats que nous sommes capables de prouver sur tous les plans. Pourquoi ne nous paye-t-on pas ? Est-ce qu’il manque de l’argent dans ce pays ? », s’est-il interrogé.

Ces vingt mois d’arriérés de salaire sont, a-t-il expliqué, à l’origine des séparations de corps dans les foyers, et de l’abandon des études par les enfants. « Nous réclamons seulement notre salaire, rien d’autre, que l’on nous paye. Sils veulent fermer la maison, qu’ils la ferment comme ils veulent, c’est une institution de l’Etat. Le problème de lutte contre le Sida est une préoccupation internationale. Nous ne savons pas qui bloque le processus, nous ne sommes pas dans la politique, nous avons fait notre travail, nous demandons que l’on paye notre salaire. Si on ne nous paye pas, nous irons partout, il ne serait pas logique qu’on ne nous paye pas », a poursuivi Michel Mabandza.

Placé sous la très haute autorité du président de la République, le CNLS dont le comité de pilotage est présidé par le ministre de la Santé et de la population, dépend également d’autres départements ministériels. Interrogé récemment par la presse, le ministre de la Santé, François Ibovi, qui a qualifié cette situation de nébuleuse, exigeait un rapport financier à la SEP/CNLS, Marie Francke Purhuence. Abordée ce 23 décembre, cette dernière qui se dit de chœur avec les manifestants, n’a pas voulu répondre aux questions de la presse en raison, dit-elle, de l’obligation de réserve.

Congo : Des agents du CNLS exigent le paiement de leurs 20 mois d’arriérés de salaires

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 les agents du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) ont organisé un sit-in le 30 novembre à Brazzaville pour revendiquer les 20 mois de leurs salaires impayés.
les agents du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) ont organisé un sit-in le 30 novembre à Brazzaville pour revendiquer les 20 mois de leurs salaires impayés.

A quelques heures de la célébration de la Journée internationale de lutte contre le VIH/ Sida, les agents du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) ont organisé un sit-in le 30 novembre à Brazzaville pour revendiquer les 20 mois de leurs salaires impayés.

L’ambiance était inhabituelle au siège du Secrétariat exécutif permanent du Conseil national de lutte contre le sida (SEP-CNLS). Sur le portail cadenassé de l’entrée principale, les agents de cette structure ont accroché des pancartes où l’on pouvait lire «vingt mois c’est trop !!», «nous réclamons nos salaires », etc. C’est un ras-bol mêlé au désespoir qu’ils ont tenu à exprimer après avoir entrepris quelques démarches infructueuses à la Présidence de la République et au ministère de la santé et de la population, selon  les grévistes.

Mais, le mouvement a été très vite arrêté par la police, qui est intervenue pour disperser les grévistes, avant d’ouvrir le portail du CNSL qui était mis sous scellé.

«Après toutes les revendications, toutes les démarches, nous voulons nous faire entendre. Nous sommes des pères et mères de famille. Nous sommes surendettés, nous voulons tout simplement que l’Etat paye nos salaires», a laissé entendre Michel Mabandza, un des grévistes.

D’après les manifestants, tout a commencé en décembre 2012 quand le Fond mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a demandé, au terme d’un accord au gouvernement, de supporter le budget de fonctionnement de cinq antennes départementales sur les douze que compte le pays. Notamment, les es départements de la Likouala, des Plateaux, de la uvette-Ouest, du Pool et du Kouillou.

Ainsi, depuis mai 2014, ucun salaire n’a été payé aux agents évoluant dans ces départements, tandis que les agents pris en charge par le Fond mondial de lute contre le sida, la tuberculose et le paludisme perçoivent leurs salaires.

Les grevistes ont indiqué que ce problème a occasionné des défaillances dans les opérations de lutte contre le VIH/sida organisées par le CNLS. Avec cette situation, la célébration, le 1er décembre, de la Journée mondiale de lutte contre le sida risque d’être perturbée au Congo.

«Notre action est humanitaire, puisqu’il s’agit de prendre en charge les personnes vivant avec le VIH et faire le dépistage de la maladie en vue de la prévention. A ce rythme, les malades du sida auront beaucoup de difficulté pour se procurer un bon traitement», a délploré un autre gréviste.

Lauchard Elenga

Congo – Revendications salariales : les agents du CNLS risquent de déblayer

Séance de dépistage volontaire effectué par l'unité mobile du CNLS en collaboration avec l'UFPA

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Séance de dépistage volontaire effectué par l'unité mobile du CNLS en collaboration avec l'UFPA
Séance de dépistage volontaire effectué par l’unité mobile du CNLS en collaboration avec l’UFPA|DR

Le malaise persiste au Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS), structure mise en place par l’Etat pour assurer la coordination de la riposte contre la maladie, où les agents sont sans salaire depuis  bientôt 20 mois. A l’orée de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, le 1er décembre prochain, on y mijoterait un concert de casseroles et une marche pacifique.

C’est le désespoir. Le CNLS a été forcé depuis bientôt deux ans d’observer un calme inhabituel. Les couloirs des bureaux sont vides de visiteurs et les agents viennent en dent de scie. Difficile de se payer le transport, en effet, lorsque pendant 19 mois aucun salaire n’a été versé.

Personne pourtant ne répond effectivement à la question de savoir pourquoi ce long désagrément pour une structure dont le fonctionnement est supporté par le budget de l’Etat avec l’appui du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Ce qui est sûr, les maux ont commencé, raconte-t-on, à la suite d’un différend né entre le CNLS et le ministère de la Santé  autour d’un bras de fer sur l’achat des antirétroviraux et sur les contrariétés d’une ligne budgétaire affectée au CNLS par le ministère de la Santé qui exigeait, désormais, que lumière soit faite sur le statut des salariés du Secrétariat exécutif permanent (Sep) de cette structure.

Tout compte fait, cela fera exactement 20 mois en décembre que les agents n’ont pas touché à un seul salaire, leur droit le plus absolu. Selon nos sources, des démarches vers la Présidence de la République ont été effectuées, mais aucune solution viable n’a encore été trouvée.

Le 1er décembre 2015, alors que la communauté nationale de lutte contre le VIH/Sida espère, comme à l’accoutumé, des manifestations en faveur de la riposte contre la maladie, les agents du CNLS risqueront de descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement.

Une situation qui freine les efforts de lutte contre le Vih/sida

Sur le terrain, depuis des mois en effet, les activités de prévention ont disparu. Les associations affectées à la tâche grâce au partenariat avec le Sep/CNLS n’ont plus tenu des opérations de prévention par manque de financement.

Des experts craignent ainsi une montée de l’épidémie et de la séroprévalence de la maladie qui se situe à 3,2% selon les données publiées en 2009 suite à l’enquête sur les indicateurs du Sida (ESIS). Après cinq ans, selon les textes, une autre enquête du genre devrait être effectuée mais rien n’a été fait. L’absence de financement explique tout, à en croire un spécialiste du CNLS.

Les personnes vivant avec le Vih  ne sont pas restées bouches fermeés devant la triste situation. Déjà affectées par les ruptures intempestives de certaines molécules d’antirétroviraux, elles dénoncent une « anomalie grave » aux multiples conséquences.

Ces malades du Sida signalent par ailleurs un manque de réactifs pour le suivi biologique tel que prévu dans le dispositif de soins et de prise en charge. De même, depuis plus d’un an, les PVVIH ne font presque pas d’examen de comptage de la charge virale destiné à mesurer la quantité du virus dans le sang. Dans les hôpitaux et cliniques, il est également signalé l’absence, depuis plus d’une année, d’un examen nommé test PCR que l’on fait sur des nouveaux nés afin de savoir s’ils sont séropositifs ou séronégatifs.

« De 2011 à ce jour, nous sommes en train d’assister à un délabrement progressif du dispositif mis en place avec l’effort de tous et personne ne peut imaginer les lourdes conséquences que le pays court », faisait remarquer il y a plusieurs mois déjà Thierry Maba, vice-président de l’Association des jeunes positifs du Congo (AJPC).

Quentin Loubou

Congo – VIH/SIDA : le conflit entre le CNLS et le ministère de la Santé inquiète les malades

Congo - Le Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS)
Congo – Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS)

La crise qui secoue les deux institutions depuis plusieurs mois commence à inquiéter les malades du Sida et des structures de santé habilitées à œuvrer dans la lutte contre la maladie. Plusieurs observateurs craignent désormais que les résultats positifs obtenus jusque-là par la riposte soient affaiblis par des malentendus entre deux structures de l’Etat qui ne parlent plus le même langage.

Ce n’est plus un secret. Au Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS), structure mise en place par l’Etat pour assurer la coordination de la riposte contre la maladie, les agents sont sans salaire depuis 10 mois. Au cœur de ce désagrément qui est une source de plusieurs maux nait un différend entre le CNLS et le ministère de la Santé.

Si l’on s’en tient aux confidences publiées ouvertement dans la presse par les deux camps et celles obtenus de sources concordantes, il s’agirait d’un bras de fer sur l’achat des antirétroviraux et sur les contrariétés d’une ligne budgétaire affectée au CNLS par le ministère de la Santé qui exige, désormais, qu’une lumière soit faite sur le statut des salariés du Secrétariat exécutif permanent (Sep) du CNLS. Entre le Dr Marie Francke Puruehnce, secrétaire exécutif du Sep/CNLS et conseiller à la santé du Chef de l’Etat et le ministre François Ibovi, s’est finalement installé un dialogue de sourd, selon des proches.

Le quiproquo auquel aucun arrangement ne semble être trouvé pour l’heure tire désormais sur des versions multiples. Chez les Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) pourtant, l’angoisse est à son zénith, au regard des faiblesses qui se dégagent maintenant. Elles gémissent constatant que le pire arrive, car leur survie reste suspendue aux engagements pris par l’Etat d’assurer une meilleure riposte contre la maladie, grâce à une coordination parfaite des institutions, et de rendre gratuit le traitement antirétroviral et les examens biologiques y afférents.

La lutte contre le Vih/sida est en berne

Au-delà des tensions de trésorerie qui peuvent exister à l’heure où les budgets sont sectionnés, la lutte contre la maladie souffre depuis quelques temps d’absence d’engagement, analysent des spécialistes. « La crise actuelle entre le CNLS et le ministère est un problème d’intérêt. Cet égoïsme risquera de faire reculer de plusieurs années les efforts consentis par différentes parties et les partenaires », souligne, sous anonymat, un médecin membre d’une ONG.

Sur le terrain, en effet, les activités de prévention ont disparu. Les associations affectées à la tâche grâce au partenariat avec le Sep/CNLS ne tiennent plus des opérations par manque de financement.« C’est par la prévention qu’on pose le premier acte de lutte contre la maladie. Mais plus rien ne se fait car nous n’avons pas d’argent », a  expliqué un formateur spécialiste de la prévention.

En l’absence d’activité de prévention, des experts craignent ainsi une montée de l’épidémie et de la séroprévalence de la maladie qui se situe à 3,2% selon les données publiées en 2009 suite à l’enquête sur les indicateurs du Sida (ESIS). Après cinq ans, selon les textes, une autre enquête du genre devrait être effectuée mais rien n’a été fait. L’absence de financement explique tout, à en croire un spécialiste du CNLS.

Chez les PVVIH l’heure est aux interrogations. Vendredi, l’Association des Jeunes Positifs du Congo (AJPC) montait au  créneau dénonçant « une distraction qui cache des anomalies dans la lutte contre le Vih/Sida ».

Elle s’insurgeait devant l’arrêt de traitement chez plusieurs patients à cause du manque de certaines molécules. Selon des patients interrogés à différents endroits, la chronique des ruptures de stocks impose encore des traitements de 5 ou 10 jours. Ils signalent par ailleurs un manque de réactifs pour le suivi biologique tel que prévu dans le dispositif de soins et de prise en charge. De même, depuis un an, les PVVIH ne font pas d’examen de comptage de la charge virale destiné à mesurer la quantité du virus dans le sang. Dans les hôpitaux et cliniques, il est également signalé l’absence, depuis bientôt une année, d’un examen nommé test PCR que l’on fait sur des nouveaux nés afin de savoir s’ils sont séropositifs ou séronégatifs.

Une autre anomalie qui risquerait d’ajouter de nouvelles contaminations est le manque de constance dans l’approvisionnement en réactifs pour effectuer des tests de dépistage. Ce qui pourrait constituer un frein à la fièvre des Congolais qui ont pris le courage et le plaisir de se faire dépister et de permettre aux structures opérationnelles d’actualiser les données pour une meilleure riposte.

« De 2011 à ce jour, nous sommes en train d’assister à un délabrement progressif du dispositif mis en place avec l’effort de tous et personne ne peut imaginer les lourdes conséquences que le pays court », fait remarquer Thierry Maba, vice-président de l’AJPC.

Confrontées déjà ces dernières années aux ruptures de traitement avec les conséquences inconcevables sur la réponse nationale de la maladie, les PVVIH évaluées à 18 000 qui sont sous ARV espèrent que des solutions adéquates seront trouvées pour éviter le pire car chaque année de nouvelles infections sont signalées.

© Adiac-Congo