Accord Congo-FMI : La fédération de l’opposition doute de la capacité du Congo à tenir ses engagements

Clément Miérassa

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Clément Miérassa
Clément Miérassa, chef du pôle économique

Fédération de l’opposition congolaise a animé samedi 27 juillet dernier, à Brazzaville, une conférence de presse qui a porté sur la signature de l’accord du FMI avec la République du Congo. Clément Miérassa, chef du pôle économique de cette coalition politique, principal conférencier, a indiqué que la Fédération émettait de sérieux doutes quant à la capacité de l’Etat à assurer le remboursement du service de la dette tant intérieure qu’extérieure, c’est-à-dire la capacité de faire face aux engagements déjà pris et à prendre notamment avec la Chine et les Traders. 

Clément Miérassa a relevé que la principale retombée financière de cet accord est le crédit de 448,6 millions de dollars, soit près de 262, 2 milliards de francs CFA sur trois ans, équivalant à 87,3 milliards par an avec une mise à disposition immédiate de 44,9 millions de dollars, soit près de 26,2 milliards de francs CFA. «Les décaissements du montant restant seront échelonnés sur la durée du programme, sous réserve des revues semestrielles par le conseil d’administration du FMI. Le pays est donc sous tutelle», a-t-il indiqué. Il estime que les Congolais s’étonnent de l’euphorie «triomphaliste» du pouvoir. «De quelle victoire s’agit-il devant la débâche économico-financière actuelle dont le Gouvernement est pleinement responsable?», s’est-il interrogé.

Pour lui, la réaction du Premier ministre en dit long lorsqu’il déclare: «Le plus dur, c’est de donner notre cadence dans la manière de gérer nos affaires politiques». Pour Clément Miérassa, c’est un véritable aveu d’impuissance du système dont le gouvernement n’a pas été capable de transmettre au parlement, comme convenu lors de la dernière mission du FMI, les documents tels que les contrats de préfinancement conclus par la SNPC; tous les accords particuliers de financement d’infrastructures financés par les prélèvements en nature issus des recettes pétrolières; tous les projets mis en œuvre par le ministère des Grands travaux entre 2014 et 2017. Le conférencier a stigmatisé le non-respect par le Gouvernement des demandes du FMI qu’explique le niveau du programme qui, «convenons-en, est un programme à minima!

Constatons également que le pouvoir tarde à rendre publique la lettre d’intention qui contient l’essentiel des quarante huit (48) mesures drastiques à mettre en œuvre».

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La Fédération de l’opposition congolaise rappelle, en substance, que ce n’est pas la première fois que le Congo recourt au Fonds monétaire international. Le Congo a connu, en 1996, la Facilité d’ajustement structurel renforcé (FASR), deux programmes post-conflit en 1998 et 2000; la Facilité de la réduction de la pauvreté et de la croissance (FRPC) en 2004 et l’Initiative Pays Pauvres très Endettés (IPPTE) en 2005. «Quels en sont les résultats?», s’est-il interrogé, alors que les mêmes causes produisent les mêmes effets. «On tourne en rond», a-t-il affirmé.

Analysant de près le contenu de cet accord, la Fédération de l’opposition congolaise relève que l’apport financier annuel du FMI n’est que de 87,33 milliards de francs CFA en moyenne sur trois ans. «On peut dès lors s’interroger sur son impact réel après que le pays ait engrangé plus de 30.000 milliards de francs CFA et dégagé 14.000 milliards d’excédents budgétaires entre 2003 et 2014, lesquels auraient pu mettre le pays à l’abri de toute intervention extérieure. «Où sont-ils passés?», s’est-il interrogé. Les Congolais en attendent toujours la justification. Le pays a connu des budgets annuels dépassant 4.000 milliards de francs CFA et des budgets d’investissements de plus de 1.000 milliards de francs CFA ; la dette du Congo est qualifiée d’insoutenable. Selon le ministère des Finances et du budget, elle s’élevait à 5780 milliards de francs au 31 décembre 2018. Elle représente non pas 77% du PIB, comme annoncé officiellement, mais plutôt 120% du PIB, chiffre largement supérieur à la norme CEMAC fixée à 70%.

La Fédération de l’opposition congolaise pense qu’il est difficile de comprendre comment on a pu en arriver là après l’atteinte en janvier 2010 du point d’achèvement de l’initiative pays pauvres très endettés qui avait permis l’annulation de 80% de la dette, ramenant le ratio dette/PIB à 20%, largement inférieur à la norme communautaire. «Cela ouvrait de très belles perspectives de développement de notre pays. Mais hélas!», regrette l’opposition.

Devant cette situation triste, la Fédération de l’opposition congolaise émet, cependant, de sérieux doutes quant à la capacité de l’Etat d’assurer le remboursement du service de la dette tant intérieure qu’extérieure, c’est-à-dire la capacité de faire face aux engagements déjà pris et à prendre. «En effet, rien que pour la dette rééchelonnée avec la Chine qui est de 1479,83 milliards de francs CFA, selon le ministère des Finances et du budget, le Congo devra rembourser, au cours de chacune des trois premières années, près de 163 milliards de francs CFA!

Mais sur la gouvernance, la Fédération de l’opposition congolaise rappelle qu’on peut souligner avec force que malgré l’exigence des réformes audacieuses et immédiates pour imprimer un changement positif dans la gestion des ressources publiques, rien ne bouge sur le terrain. La lutte contre la corruption et les antivaleurs demeure au niveau des incantations et d’annonces non-suivies d’effets. La Fédération estime qu’à ce propos, les Congolais attendent toujours la réalisation de l’audit du compte de stabilisation dans lequel étaient censés être logés les excédents budgétaires, ceux des Grands travaux, du Trésor et autres.

«La situation décrite ci-dessus fait apparaître clairement qu’il y a une fracture dans la société congolaise. D’un côté, une minorité qui s’est enrichie et continue de s’enrichir, de l’autre la majorité des Congolais qui chaque jour s’enfonce davantage dans une misère indescriptible. Les Congolais souffrent !», affirme t-il.

Pour la Fédération, il ne faut pas que le pouvoir utilise le programme avec le FMI pour protéger les responsables des scandaleux crimes économiques: détournements de deniers publics, corruption, fraudes, et autres. Elle souligne, une fois de plus, avec «force et vigueur», que la crise multidimensionnelle que traverse le Congo ne saurait se résoudre sans une prise de conscience nationale à travers la décrispation de la situation politique par la libération de tous les prisonniers politiques ; la tenue d’un dialogue inclusif qui touchera tous les aspects de l’avenir du pays en pleine «déperdition» et créera les conditions d’une gestion rigoureuse des affaires publiques. «Il n’est pas possible d’espérer une bonne gestion du pays en l’état actuel des institutions, quelle que soit la hauteur des interventions des bailleurs de fonds internationaux. Il nous faut résolument placer l’intérêt général du pays au-dessus de tous les intérêts personnels et égoïstes», conclut la Fédération.

Pascal AZAD DOKO

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Congo : Clément Mierassa demande au Premier ministre de prendre le taureau par les cornes

Clément Mierassa

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Clément Mierassa
Le président du Parti social-démocrate congolais Clément Mierassa

Le président du Parti social-démocrate congolais (PSDC) invite le chef du gouvernement, Clément Mouamba, à poser des actes concrets contre la corruption au lieu de se contenter, au cours d’une conférence de presse, d’un simple soutien à la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude. 

Clément Mierassa fait allusion à l’échange que le Premier ministre a eu, le 31 août dernier, avec la presse. Au cours de cet échange, en effet, le chef du gouvernement avait salué le travail de la Commission nationale de lutte contre la corruption, précisant que ce n’était pas à cette structure de qualifier les faits après ses enquêtes mais que cela relevait de la justice. Dans un entretien accordé aux Dépêches de Brazzaville, le 5 septembre, le président du PSDC a indiqué que la corruption est aujourd’hui le cancer de l’économie congolaise et le développement du pays n’est pas possible si ce mal n’est pas attaqué efficacement. « Le Congo est l’un des pays les plus corrompus du monde. Notre indice de corruption a jusque-là été inférieur à 3/100, c’est-à-dire à 3/10 c’est vraiment une très mauvaise note », a-t-il laissé entendre.

Le président du PSDC s’est, en outre, interrogé sur l’importance du nouveau Plan national de développement si, d’une part, un combat n’est pas mené contre les antivaleurs et, d’autre part, une attention particulière n’est pas accordée à la lutte contre la pauvreté, estimant qu’il y a une corrélation entre les deux aspects.

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« Aujourd’hui, avec la grave crise multidimensionnelle que nous traversons, l’une des priorités est la lutte contre les antivaleurs mais nous sentons que le gouvernement est bloqué sur ce point. Où en sommes-nous avec les fonds alloués à l’agriculture, à la formation au ministère des Hydrocarbures, à ceux versés dans un des comptes à la LCB ? C’est un peu tout ce débat que les Congolais attendent. Il y a trop de déclarations sur la lutte contre la corruption et très peu d’actes concrets. Le Premier ministre est tenu de prendre le taureau par les cornes pour ce qui est de la lutte contre les antivaleurs en s’adressant à la justice », a-t-il renchéri.

Pour Clément Mierassa, le Premier ministre n’a pas besoin de soutenir la Commission nationale de lutte contre la corruption qui est une structure relevant de sa compétence avec des attributions claires. La grande question, a-t-il signifié, c’est celle de sa transparence qui doit être totale. « On ne doit pas continuer à tolérer l’impunité », a-t-il martelé, ajoutant que le Congo doit s’inspirer de certains pays comme l’Angola, le Nigeria et même l’Arabie saoudite où la lutte contre les antivaleurs est impitoyable.

Jean Jacques Koubemba

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