[GARD align=« center »]

La présidente de la Fédération de l’opposition congolaise, Claudine Munari, a animé samedi 31 août dernier à Brazzaville, une conférence de presse, au cours de laquelle elle a réagi au discours du président de la République, à l’occasion de la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance. Outre les maux qui minent l’économie congolaise, elle a sévèrement critiqué le pouvoir sur sa gestion des deniers publics.
Claudine Munari a renouvelé son appel à l’unité de la nation, se disant prête à conjuguer ses efforts avec tous ceux qui veulent reconstruire le pays. «C’est ensemble que nous pourrons reconstruire notre pays. C’est seulement ensemble que nous pouvons faire face aux défis extérieurs et Dieu sait combien ils sont nombreux et combien de temps nous avons déjà perdu!», a-t-elle dit.
La présidente de la FOC a opposé au discours du président de la République «la vérité sur la situation économique du pays, ensuite celle sur les institutions et la crise politique».
Elle a rappelé que le pouvoir de Brazzaville s’est maintenu par la brutalité des armes pour éviter que le pouvoir issu de l’alternance pacifique ne découvre et ne dévoile l’ampleur des crimes économiques et financiers commis au cours des mandats achevés. «Moins d’un an après la forfaiture constitutionnelle, le pays s’est retrouvé dans un marasme économique et financier sans précédent et les Congolais ont été plongés dans une détresse sociale indicible. Et aucun remède sérieux n’a été proposé comme dans l’affaire des disparus du beach dans laquelle le jugement rendu reconnait un crime sans criminels, on a servi au peuple une crise sans responsables», a-t-elle affirmé.
[GARD align=« center »]
Et d’ajouter: «Le Congo ploie encore à ce jour sous le poids d’une dette qui ne peut être expliquée à l’aune des dépenses en capital de l’Etat, quelles que soient les extrapolations imaginables. Pendant ce temps, l’attention des Congolais a été détournée vers un accord avec le FMI présenté comme une panacée».
Pour Claudine Munari, «la solution imaginée a été d’aller s’endetter davantage pour resorber la dette. Ceux qui trouvent du génie dans cette formule nous expliquent avec panache que c’est vers la rivière que le crocodile court pour se cacher de la pluie. Les bons entendeurs apprécieront que l’intelligence de toute nation soit ramenée à celle du crocodile».
«Qu’il nous soit permis de rappeler que notre pays a passé trois ans a quémander un peu plus de 240 milliards de F.CFA, une somme autour de 5% de notre budget annuel dans la décennie 2000-2010. Un peu comme un travailleur qui gagne 100.000 F.CFA par mois, soit 1.200.000 F.CFA par an, qui passait trois ans à négocier un prêt de 50.000 F.CFA. Pour rappel, en 2012, sur une simple demande verbale du président du Niger, le Congo avait mis à la disposition de ce pays la somme de 50 milliards de F.CFA. De même, une seule visite du président ivoirien en 2013 avait suffi pour que le Congo euphorique lui prête 100 milliards de francs CFA. Ironie du sort s’il en est, cette somme était destinée au paiement de la dette intérieure ivoirienne alors que dans la même période, des opérateurs économiques congolais étaient en attente de paiement de leurs créances, certains depuis plus de dix ans. Et ils attendent encore», a-t-elle dit.
[GARD align=« center »]
Claudine Munari a, par ailleurs, souligné que l’un des pires aspects de cette tragédie, est que la somme convenue sera prêtée par tranche égale sur trois ans, soit un plus de 80 milliard de F.CFA par an. «Dans l’immédiat, 24 milliards de francs CFA devraient être mis à disposition. 24 milliards de F.CFA après trois ans d’âpres négociations! Faut-il rappeler que pendant ces trois années de négociation entre les différentes missions ministérielles et d’agents à l’étranger, les réceptions des délégations étrangères, entre les conseillers financiers d’aucuns à la réputation sulfureuse, et les cabinets d’avocats, le Congo a dépensé plus de 50 milliards de F.CFA pour en recevoir 24 !», s’est-elle indignée.
Pour Claudine Munari, s’il est vrai que le FMI est le dernier recours pour tout pays membre en difficulté, il n’en demeure pas moins que tous ne reçoivent pas le même traitement eu égard à la confiance qu’inspire leur histoire avec cette institution et leurs pratiques de gestion respectives. «Nous refusons de croire que la seule appartenance ethnique peut rendre sourd et aveugle, au point de taire le minimum de sensibilité patriotique qui doit habiter chaque être humain. Encore récemment, des scandales financiers se rapportant à des individus identifiés ont été rendus publics. Ils s’ajoutent à une longue liste depuis les fonds vautours et les panamas papers», a-t-elle rappelé.
La présidente de la FOC a aussi précisé le sens de la lutte qu’elle mène: «Toutes nos crises ne font que nous signaler la présence d’un mal, c’est contre ce mal qu’il faut lutter. Cette lutte n’est pas celle d’un Congolais contre un autre, elle n’est pas celle d’une tribu contre une autre ou d’un parti contre un autre, c’est la lutte des Congolais contre ce qui nous divise».
Elle a renouvelé son appel à l’unité de la nation. «C’est ensemble que nous pourrons reconstruire notre pays. C’est seulement ensemble que nous pouvons faire face aux défis extérieurs et Dieu sait combien ils sont nombreux et combien de temps nous avons», a-t-elle exhorté.
Enfin, pour la FOC, la seule solution miracle aujourd’hui pour sortir le Congo de la crise, c’est le dialogue inclusif.
Pascal AZAD DOKO
[GARD align=« center »]