Le procureur de la République invite au respect des droits humains dans les Commissariats de police et Brigades de gendarmerie à Brazzaville

André Oko Ngakala

[GARD align=« center »]

André Oko Ngakala
Le procureur de la République près le tribunal de Grande instance, André Oko Ngakala

André NGakala-Oko a entrepris, le 11 janvier, une descente dans les commissariats de police de la zone nord pour s’assurer du respect des droits humains et des délais de garde à vue sur les lieux ainsi que dans les brigades de gendarmerie de Brazzaville.

Accompagné du directeur départemental de la police, le colonel Jean-Pierre Okiba, le procureur de la République près le Tribunal de grande instance (TGI) de Brazzaville a débuté sa visite au commissariat central de la Tsiémé où il a été reçu par le lieutenant-colonel, Evariste Alouomo Oyaka. Après le huis clos, André Gakala-Oko a touché du doigt les conditions de détention des prévenus dans ce commissariat où quelques jeunes récidivistes y ont déjà passé trois jours. « Vous avez jusqu’au plus tard lundi pour les déférer à la Maison d’arrêt. Il faut être correct et préserver la vie humaine. J’insiste sur le fait qu’il faut faire attention aux droits humains, parce que les ONG de droits de l’homme sont regardantes sur cette question », a-t-il lancé en substance.

Le procureur de la République a ensuite poursuivi sa visite au commissariat de police de la rue Massa, à Talangaï, dans le sixième arrondissement ; à Nkombo, Djiri et Makabandilou, dans le 9e arrondissement. La dernière étape de cette descente a été le commissariat de Chacona, à Mpila, où treize jeunes avaient trouvé la mort en juillet dernier. « C’est une descente dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie pour une prise en main effective de tous les officiers de police judiciaire relevant de la circonscription judiciaire de Brazzaville. L’objectif est de renforcer, consolider et contrôler leur travail dans la conduite des enquêtes, dans l’observation des mesures de garde à vue », a expliqué André Gakala-Oko à la suite de la visite.

[GARD align=« center »]

Selon lui, cette descente qui fait suite aux instructions du ministre en charge de la Justice et des droits humains lui a permis de faire l’état des lieux de détention des personnes placées en garde à vue dans le respect strict des droits de l’homme. La durée de garde à vue n’est que, a-t-il rappelé, de 72 h. « J’ai été surpris de constater que tout le monde est en ordre. S’agissant des cas de récidive, j’ai donné des instructions fermes aux commissaires de police de me les présenter dans les plus brefs délais. Le procureur est le directeur des officiers de police judiciaire, les gens parlent trop mais, sur le terrain c’est autre chose en dépit de quelques petites difficultés de l’heure constatées », a-t-il relevé.

Se conformer aux exigences de la loi

Interpellé par la presse sur le phénomène « bébés noirs » qui est devenu une nouvelle forme de criminalité dans le pays, le procureur de la République a invité les parents à encadrer leurs enfants. Il a annoncé avoir donné des instructions au directeur départemental de la police de Brazzaville de signaler à temps les multirécidivistes pour les mettre hors d’état de nuire. « L’Etat doit faire, oui, mais nous les parents, devons être regardants en éduquant nos enfants. Il faut que tout le monde s’implique dans le phénomène bébé noir sinon, ce serait grave à l’avenir. Ce travail doit commencer au niveau de la famille afin de donner la force à l’Etat. Pour moi, les parents sont complices de leurs enfants », a-t-il insisté, exhortant les parents à dénoncer par tous les moyens à la police leurs enfants égarés pour une prise de main effective de l’autorité de l’Etat.

Quant aux accusations de la population qui reproche souvent au parquet de libérer les prévenus sans les avoir jugés, André Gakala-Oko pense que la justice travaille selon les exigences de la loi. D’après lui, lorsqu’un condamné a déjà purgé sa peine, on ne peut plus le garder à la Maison d’arrêt. « Tout est réglementé, la loi a tout prévu, il y a des délais légaux. Nous ne pouvons rien devant la loi. J’ai l’opportunité des poursuites du procureur mais, lorsque je constate que c’est un petit fait ou les faits ne sont pas constitués, qu’est-ce que je vais faire ? Lorsque quelqu’un a été interpellé par la police, il bénéficie de la présomption d’innocence, la personne humaine est sacrée. On ne peut pas priver la liberté à quelqu’un par complaisance, ce n’est pas un problème de règlement de compte, c’est la loi qui doit s’appliquer dans toute sa rigueur », a-t-il insisté.

Parfait Wilfried Douniama

[GARD align=« center »]

Congo – Police : La dernière descente d’Oko-Ngakala dans les commissariats crée un malaise auprès des policiers

André Oko Ngakala

[GARD align=« center »]

André Oko Ngakala
Le procureur de la République près le tribunal de Grande instance, André Oko Ngakala

Depuis qu’il a appris à se faire accompagner des équipes de radio et de télévision dans ses descentes sur le terrain, le procureur de la République près le tribunal de Grande instance, André Oko Ngakala n’attend plus que lui soient déférés les prévenus à « son parquet ». Sa dernière descente dans les commissariats de Brazzaville nord ainsi que les propos tenus, ont suscité l’ire de certains policiers.

Même s’il est de son ressort de faire procéder à tous les actes nécessaires à la recherche et à la poursuite des auteurs d’infractions pénales, de diriger l’activité de la police judiciaire, de contrôler les placements et les prolongations de garde à vue, ainsi que les interpellations, c’est dans les commissariats que André Oko Ngakala choisi de faire son show, au mépris même du cloisonnement des compétences des polices.

De nombreux policiers trouvent outrancières ces pratiques et convient le procureur à « balayer également devant sa porte, en matière de délais de détention et du respect des principes de l’État de droit, même s’il cela est de son ressort ».

Le procureur de la République a interpellé le 1er décembre dernier à Brazzaville, les officiers de police judiciaire à obtempérer strictement à la loi relative aux délais de détention en garde à vue des personnes dans un commissariat de police. Un délai fixé à 78 heures.

Au cours des descentes dans certains commissariats de police des quartiers nord de Brazzaville, André Oko Ngakala a martelé auprès des officiers de police judiciaire que les droits en matière de détention des personnes placées en garde à vue prévoient qu’au-delà des jours déterminés par la loi, une détention ne peut dépasser, dans une certaine mesure, au maximum le délai de 48 heures.

[GARD align=« center »]

Le procureur de la République a souligné à cette occasion que l’État de droit suppose une justice forte, impartiale et équitable. 

Même si les policiers ne récusent pas le dépassement de délais dans certaines détentions, ceux-ci font valoir le manque de moyens qui alourdissent des procédures qui sur le terrain, n’obéissent pas aux prescrits de la loi.

« Quand pour poursuivre une enquête dont on détient un des éléments, il faut attendre, faute de gazoil ou de véhicule, le temps de réunir l’argent du taxi pour effectuer une descente sur le terrain, ou encore le renfort des effectifs, comment voulez vous que l’on face les choses comme dans un livre ou dans les séries policières américaines. Une structure, des missions, des moyens, après, on exige les résultats. Pas le contraire! », se sont plaints certains officiers de police judiciaire, ayant requis l’anonymat.

D’autres sont plus vindicatifs. « C’est lui, le premier à ne pas respecter la loi. Pourquoi ne libère t-il pas tous ces prisonniers qui totalisent de nombreux mois de préventive ou qui ont purgé leur peine. Et puis, parlant de bébés noirs, quand nous les lui déférons, il en fait quoi. Ce sont les mêmes que nous arrêtons à nouveau qu’il libèrent pour X ou Y raisons, remettant en danger la vie des citoyens qu’il prétend protèger. Le problème c’est lui, pas nous.»

Quoi qu’il en soit, n’en déplaise aux uns et aux autres, et surtout fort de ses prérogatives, André Oko Ngakala a marqué son coup, empruntant même ses galons de général au directeur général de la police, pour convier les policiers, « à assainir Brazzaville, barrer la route à tous ces délinquants qui n’ont que pour métier de tuer, d’assassiner et de violer, afin que la paix règne dans tous les arrondissements pendant les fêtes de fin d’année ».

Voila qui devient justice d’avant-garde.

Bertrand BOUKAKA

Les Échos du Congo-Brazzaville

[GARD align=« center »]