Congo : Une circulaire du ministre N’Silou interdit de promouvoir la consommation immodérée d’alcool

[GARD align=« center »]

Image illustrative

En date du 2 octobre 2018, le ministre d’État, ministre du Commerce, des Approvisionnements et de la Consommation, Claude Alphonse N’Silou, a pris une circulaire interdisant les promotions de ventes de boissons alcoolisées, incitant les populations à une consommation immodérée. Cette circulaire saluée dans l’opinion est déjà le début de la lutte contre l’alcoolisme qui crée des ravages comportementaux dans la société congolaise.

Depuis quelques temps, se justifiant du fait que le pouvoir d’achat des congolais s’est déprécié avec la crise économique, de nombreux producteurs ou importateurs de boissons alcoolisées ont opté pour des campagnes de promotion de leurs produits. À travers des publicités tapageuses sur les médias, ainsi que des  »gestes commerciaux » ils proposent à la vente les boissons alcoolisées à des prix dégressifs proportionnels à la quantité achetée. Ainsi la bière vendue à 500 francs l’unité, est proposée en lot de trois pour 1200 francs.

Cette politique de marketing donne au consommateur l’impression d’avoir fait une économie sur la quantité du produit acquis et pousse davantage à la consommation, avec le sentiment d’y gagner.

Cette pratique relayée par la publicité pousse de nombreuses personnes à s’adonner à l’alcool à peu de frais pensent-elles, et aucune mention n’est hélas faite de ce que « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé ».

Dans d’autres pays, le langage publicitaire sur l’alcool est extrêmement limité. Il est par exemple interdit de représenter quelqu’un en train de consommer de l’alcool, seule l’origine, le nom et les composants peuvent être évoqués.

Dans l’opinion, de nombreux citoyens dénoncent la propension effrénée des jeunes à l’alcool, dans lequel ils baignent leur oisiveté.

Au Congo-Brazzaville la prévalence de la consommation d’alcool est estimée à 61% chez les jeunes adultes et à un peu plus de 25% chez l’adolescent.

[GARD align=« center »]

Cette initiation précoce à l’alcool prend des proportions inquiétantes. Les ivresses, conséquence la plus visible de l’alcoolisation, semblent en augmentation chez les jeunes adolescents. Consommer l’alcool est même devenu un critère « d’affirmation » ou de « maturité ». Et on s’en vante. « Je suis well ». « Nous avons baillé sans blague, la bouteille s’est renversée » …

Si au niveau des comportements addictifs de ces adolescents, il est trop tôt d’évoquer les maladies causées par l’alcool dont la cirrhose et l’hypertension artérielle, l’ivresse alcoolique en milieu homogène, garçons et filles, induit d’autres fléaux tous aussi dangereux que l’alcoolisation.

Les conséquences de cette précocité sont graves. À court terme, les adolescents alcoolisés sont plus victimes d’accidents. Ils sont également plus vulnérables aux violences sexuelles, comme victimes mais aussi comme auteur.

Les comportements sexuels à risques, les viols, voire la pratique précoce des prostituées pour les garçons ou de la prostitution pour les filles s’invitent parfois sans protection systématique.

À moyen et long termes, la précocité de contact avec l’alcool est associée à une plus grande dépendance vis-à-vis de l’alcool à l’âge adulte, déstructurant la cellule familiale. Violences conjugales, ébriété chronique pouvant avoir des conséquences sur la progéniture. Ne disait-on pas « les enfants d’un alcoolique naissent tarés » ?

Quand on ajoute aux raisons évoquées, le manque de réglementation drastique dans la vente, voire la consommation d’alcool, avec parfois des établissements scolaires qui jouxtent des débits de boissons où les élèves même en tenue peuvent s’attabler et consommer, l’adolescent est livré à une situation de véritable tourmente. 

La consommation  »immodérée » d’alcool dans la société congolaise sera, si l’on n’y prend garde, non seulement un problème de santé publique, mais aussi un problème sociétal aux conséquences dévastatrices.

La circulaire du ministre Silou vient, corriger une méprise, à l’instar des textes telle « la loi Portelat » qui régissait le cadre comportemental des jeunes et adolescents, jamais abrogée mais plus jamais appliquée.

Pourvu que les autres corps de l’État, notamment le ministère de l’intérieur agissent en synergie, pour essayer de sauver du citoyen congolais, ce qui peut encore l’être, vis à vis de cette alcoolisation à outrance.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville 

[GARD align=« center »]

Congo : la crise économique contraste avec l’engouement pour l’alcool dans les principales villes

[GARD align=« center »]

Image illustrative

À Brazzaville tout comme dans plusieurs grandes villes du Congo (Pointe-Noire, Dolisie ou Nkayi), les effets de la crise économique née de l’effondrement du prix du baril de pétrole n’épargnent personne au point où les administrations (publique et privée) et les commerçants, même ceux œuvrant dans le secteur informel, enregistrent une baisse de leurs activités.

Contraints pour certains de mettre la clé sous le paillasson voire de réduire leurs activités, les commerçants, même ceux spécialisés dans la vente des denrées alimentaires, ne savent plus à quel saint se vouer et attendent tous un rebond de l’économique pour espérer se relancer.

Mais malgré la crise devenue une rengaine pour tous les Congolais, même pour les chômeurs qui n’attendent rien d’un employeur, un palier de la consommation sort du lot en tirant son épingle du jeu, à savoir celui des boissons alcoolisées, précisément la bière. En témoigne la multiplication des débits de boisson et leur fort taux de pénétration dans les quartiers, même les plus enclavés de nos villes et villages.

Ces lieux de breuvage jonchent le long des rues et avenues au point où l’on ne peut parcourir dix mètres d’une ruelle pour trouver un coin, petit ou grand, pour se procurer le « précieux liquide », que d’aucuns assimilent à un calmant de nerf. 

« Il ne nous reste plus que la bière pour oublier les problèmes, surpasser les tracasseries de la vie devenue difficile, surtout pour nous la jeunesse vouée au chômage, même après avoir obtenu des diplômes », nous a déclaré un jeune, la vingtaine révolue, rencontré en compagnie de ses amis dans un bistrot à ciel ouvert à Brazzaville.

« Anwa a fwa, anwa vé a fwa. Anwa kaka ! », qui signifie « Tu bois, tu meurs; tu ne bois pas, tu meurs; alors buvons seulement », a lancé l’un d’eux en langue locale, visiblement un vrai disciple de bacchus, ajoutant: « Cela nous évite le stress face à la situation difficile à laquelle est confrontée aujourd’hui la jeunesse congolaise ». 

Tout le monde embarqué !

Travailleurs, chômeurs, sans emploi, élèves et étudiants, adultes ou jeunes, personne n’est épargné du charme de la bière qui coule à flot dans les « ngandas » devenus des lieux d’occupation qui rivalisent avec les églises de réveil, elles aussi écumant les rues et avenues.

[GARD align=« center »]

Principale cible, les jeunes s’illustrent désormais comme les plus grands consommateurs de bière et autres boissons alcoolisées, notamment les whiskies frelatés en provenance du Cabinda et de l’Inde. Comme s’ils constituaient la substance de leur existence et du mieux-être, erreur ! Cette catégorie bat désormais le record des personnes qui s’adonnent à l’alcool, en dépit de ses multiples effets dans l’organisme humain. 

A l’origine, la vente promotionnelle de bière 

Née de l’implantation d’une deuxième brasserie au Congo, la concurrence entre brasseurs à la quête d’un plus grand marché d’écoulement de ce produit se révèle comme la cause de l’augmentation du taux de consommation de la bière.

Vendue à des prix défiant toute concurrence (trois bouteilles à 1000 FCFA), la bière dont le prix à l’unité oscillait entre 500 et 700 FCFA fait partie des denrées qui s’écoulent le plus facilement sur le marché, malgré la crise économique ayant conduit des milliers de ménages à changer les habitudes alimentaires. Il n’est plus rare de s’en procurer au prix dérisoire de 400 FCFA voire même 350 FCFA.

Pour s’en convaincre, les publicités des nouvelles marques de bière diffusées à longueur de journée sur les chaînes de télévision en sont la preuve. De même, la circulation des cargaisons entre Pointe-Noire / Brazzaville, le long des artères où sont déposées des palettes destinées à ravitailler les points de vente qui grouillent de monde sept jours sur sept en est une autre. 

Pour les tenanciers des bars, ces promotions venant des brasseurs leur permettent à la fois de booster les ventes et attirer davantage des clients, au regard de la multiplicité des « ngandas » de fortune dans les parcelles, alors qu’ils ne payent aucune taxe.

« Grâce aux ventes promotionnelles souvent organisées les week-ends par les brasseries, notre coin attire de plus en plus du monde qui peut boire autant de bières au prix réduit », nous a confié Armelle, gérante d’un petit bar à ciel ouvert couplé à la restauration.

La bataille des marques s’explique, en partie, par le faible marché d’écoulement de ces produits destinés essentiellement à la consommation locale.

Guy-Gervais Kitina

[GARD align=« center »]

Alcool: les buveurs tchadiens sont les champions du monde

[GARD align= »center »]

Image d’archive
Image d’archive

Le Tchad, avec ses buveurs capables d’avaler 34 litres d’alcool pur par an, arrive en tête des pays consommateurs devant les Gambiens et les Maliens, selon une étude menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rendue publique le 28 décembre 2014.

L’OMS n’a pris en compte que la population des consommateurs d’alcool. Les consommateurs tchadiens sont les plus grands buveurs avec près de 34 litres d’alcool pur par an. Les Gambiens avec 30 litres et les Maliens avec 29 litres figurent dans le trio de tête. Ils devancent largement les buveurs russes qui n’ingurgitent que 22 litres d’alcool pur par an, principalement sous forme de vodka. L’étude montre que les Français, avec à peine 13 litres par an,  consomment moins d’alcool devant les Africains.

Pour des raisons religieuses ou simplement de santé, les Maliens et les Tchadiens ne boivent pas d’alcool, mais s’imposent partout, notamment devant la Russie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et les États de l’Est avec plus de 12,5 litres d’alcool pur par an et par personne. Et lorsque les Africains boivent, ils privilégient surtout la bière.

L’alcoolisme cause plus de 200 maladies et traumatismes, et est également à l’origine de la propagation des maladies infectieuses comme la tuberculose et le VIH/Sida. En 2012, L’OMS signale que près de 3,3 millions de décès, soit 5,9% de la totalité des décès dans le monde, étaient attribuables à la consommation d’alcool.

© OEIL D’AFRIQUE