Retenez bien ce nom : Arian Samba ! Franco-Congolais, il ne manque pas de langue, celui-là ! Son roman « Parcelle à vendre », paru aux éditions des Lettres Mouchetées, est un haut-débit de mots appropriés et justes. Une construction nette et précise…
Salué par la critique, écrit sous forme de journal, le roman est structuré en deux parties bien équilibrées : de l’incipit à la page 56, l’auteur nous plonge dans une longue et sublime illusion romanesque. Puis, en trois phrases courtes – « On frappa à la porte. C’était Magali. Elle lui tendit une enveloppe » (P56), s’enclenche la mécanique du suspense. Que contient cette enveloppe ? La convocation du commissariat, bien sûr. À partir d’ici, on a envie de s’apitoyer sur le sort de ce couple mixte tout comme on a envie de se laisser emporter par la beauté des phrases – « Ndombi hésita, leva les yeux vers le ciel, implorant les nuages épars de lui venir en aide. Il serra les poings, fit craquer ses doigts, s’étira un peu, s’accroupit, fit une rotation de hanches de la gauche vers la droite et vice-versa. Inspira, expira. « Je suis prêt ! » ; « Au milieu de la nuit, Elisabeth fut prise de vomissements. Entre deux hoquets, elle houspillait les « Con-golais » en détachant chaque syllabe. Ndombi ne savait plus où mettre de la tête. Sa femme allait-elle tomber en dépression ? Il alluma la torche de son téléphone. Puis il prit une serviette pour essuyer Élisabeth et essaya de l’apaiser « ça va aller, ma chérie ; repose-toi, mon amour » Ensuite, il nettoya les vomissures qui inondaient le sol de la chambre. Tous les plats du Congo, images d’un pays déliquescent, avaient fait du mal à sa femme… Et ça lui nouait la gorge. Quand il eut terminé son nettoyage, il emmena sa femme prendre une douche. »
De quoi s’agit-il au juste ? Un couple mixte de France séjourne au Congo-Brazzaville. Désireux d’acquérir un terrain pour leur future retraite, ils seront vite « lacérés par les étrons » de la réalité noire congolaise… Registre dramatique oblige, il s’ensuit une serie de péripéties aussi rocambolesques les unes que les autres. Petit à petit, on découvre que magistrats, militaires, pasteurs, etc, se trouvent mêlés à cette grosse arnaque…
L’auteur déroule son histoire, ses intrigues plutôt, en prenant soin de ne pas verser dans la morale. Même quand le chef de quartier (devinez qui ? un Chinois dont la femme fabrique du manioc et du boganda, qui défient toute concurrence !) demande un pot-de-vin au couple Ndombi pour leur établir le justificatif d’adresse.
Arian Samba s’ajoute à la liste exhaustive des écrivains congolais.
Prefina M., Libraire