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Farouche défenseur du changement de Constitution au Congo Brazzaville en 2015, Digne Elvis Tsalissan Okombi est désormais le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement au Congo-Brazzaville. Juriste de formation avec une expérience dans la fonction publique et président du parti Union pour un mouvement populaire (UMP), Digne Elvis Tsalissan Okombi était celui qui expliquait aux populations l’intérêt de « faire évoluer les institutions de la République ».
Il n’aura pas travaillé en vain puisque le changement de Constitution a permis la réélection de Denis Sassou Nguesso. Mais le responsable de la dynamique Pona eloko (pour le pays, en lingala), défend ses choix dans une interview qu’il a accordée à Jeune Afrique. Pour Tsalissan Okombi, le référendum consistait à savoir si le Congo avait besoin de faire évoluer ses institutions et de les réadapter au contexte politique.
« Fallait-il faire évoluer nos institutions ou consacrer un statu quo tout simplement parce qu’il ne fallait pas que Denis Sassou Nguesso continue ? Nous avons opté pour l’intérêt du pays. Nous sommes allés sur le terrain, à travers le pays, pour faire de la pédagogie et expliquer aux populations le sens même du changement de la Constitution », explique-t-il.
Le ministre estime que le débat sur la constitution est dépassé. « Aujourd’hui, tout le monde se rend compte que la nouvelle Constitution produit ses fruits : un Premier ministre, chef du gouvernement, a été nommé ; une démocratie plus souple est en train de se mettre en place, dotée d’un Parlement avec des pouvoirs renforcés. C’est révolu l’époque où les ministres ne respectaient pas les interpellations de l’Assemblée nationale », avance-t-il.
Digne Elvis Tsalissan Okombi pense que la nouvelle Constitution est en train de consacrer la rupture avec l’ancienne gestion du pays. Il évoque la nomination de Clément Mouamba comme Premier ministre, alors que ce dernier n’était pas membre de la majorité présidentielle.
« Mais Denis Sassou Nguesso l’a désigné parce qu’il considère qu’au-delà de son appartenance politique, ce cadre peut apporter quelque chose de nouveau dans le pays », a-t-il dit.
Le ministre explique également la rupture par la nomination des femmes et des jeunes dans l’équipe gouvernementale.
« 60 % des ministres aujourd’hui sont des jeunes. Mais le fait le plus marquant de cette rupture est, à mon sens, le discours même du chef de l’État ; l’orientation qu’il donne à l’action publique, la responsabilisation des membres du gouvernement qui doivent mettre en application cette nouvelle politique », se défend le ministre.
Contre l’enrichissement illicite, la concussion, la gabegie, la corruption des ministres, Tsalissan Okombi annonce que Denis Sassou Nguesso a mis en place plusieurs institutions étatiques et paraétatiques pour lutter contre ces maux.
« Au Congo, il existe par exemple deux commissions contre la corruption, la concussion, la fraude. Mais il faut une adhésion de nos populations et des cadres pour que cette politique soit mise en œuvre. C’est ce qui a manqué dans le passé. Aujourd’hui, le président a promis d’y veiller personnellement. Avec le nouveau rôle de contrôleur qu’occupe le chef de l’État – puisqu’il n’est plus le chef du gouvernement direct -, on aurait tort de penser que les choses continueront comme avant », déclare le ministre pour qui, il est impossible d’accepter que les gens se comportent comme dans une jungle.
En ce qui concerne le projet de développement du président Sassou, Tsalissan Okombi pense que la « marche vers le développement » ne consiste qu’à accompagner et à consolider tout ce qui a été fait depuis le retour au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat en 1997.
« Ce n’est donc pas un vœu pieux. Au contraire. Mais nous regrettons souvent ce qui est dit à l’étranger sur le Congo. Car on ne peut pas juger Mabdingou, Nkayi et toutes les autres localités de la Bouenza à partir d’un bureau climatisé de New-York ou de Paris. Ce sont des populations locales qui sont bien à mêmes de rapporter la différence entre leur quotidien d’hier et celui d’aujourd’hui », a-t-il dit.
De ce fait, le ministre Tsalissan Okombi annonce à partir de 2017, avec l’association Pona ekolo, une grande campagne dénommée « L’autre Sassou ».
« Parce que lorsqu’on parle de Sassou sur des médias à l’étranger, c’est toujours le « Sassou dictateur », le « Sassou qui ne respecte pas les droits de l’homme », le « Sassou dans l’affaire des biens mal acquis ». Mais » l’autre Sassou », celui qui a bâti la Bouenza, celui qui a permis que les Congolais puissent aller aujourd’hui de Pointe-Noire à Ouesso en une journée, celui qui permet de circuler librement sur toute l’étendue du Congo sans être inquiété, celui qui donne la possibilité aux jeunes de devenir des ministres ou directeurs généraux, celui qui permet qu’un Congolais puisse créer une société en 24 heures… qu’on n’en parle », projette le ministre.
Sur le climat politique morose du pays avec l’arrestation des opposants notamment Jean-Marie Mokoko, candidat malheureux à la présidentielle, arrêtés, inculpés, le jeune ministre estime que les Congolais doivent apprendre à se parler.
« Nous devons laisser au passé ce qui ressort du passé et vivre le présent pour préparer l’avenir. En tant que ministre en chargé des Relations avec le Parlement, je suis allé au contact des opposants pour leur dire qu’il était important d’arrêter de construire des murs entre nous. Il n’y a pas d’autre alternative que le dialogue », a fait savoir Elvis Tsalissan Okombi.
Le problème que qu’actuellement, les deux camps n’ont pas la même conception du dialogue. « Pour nous, le dialogue doit être permanent : le président peut consulter l’opposition et la société civile, sans que nous ne dramatisons l’acte. Nous devons également cesser de croire que les hommes politiques sont au-dessus des lois », conclut-il.
© OEILDAFRIQUE
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