Le journaliste Ndongo, battu par la police à Maya-Maya le 9 février, raconte son calvaire

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DE MIEUX EN MIEUX!

Le journaliste Alphonse Ndongo
Le journaliste Alphonse Ndongo

Brazzaville, 9 février 2016, aéroport international Maya Maya. Un léger vent frais rafraîchit l’atmosphère en ces temps de fortes chaleurs. Il est 18h 40mn, lorsque j’y immobilise mon véhicule. A l’observation ce n’est pas l’ambiance des grands jours. J’aperçois des voitures de marque Toyota Bj et Coaster abord desquelles se trouvent des éléments de la police.

Sur le parking qui fait face au grand hall d’arrivée, des gens, apparemment sympathisants de Jean Marie Michel Mokoko et quelques curieux, semblent s’ être donné rendez-vous…
A peine suis-je descendu du véhicule que je me suis retrouvé face à une armoire. Le mallabard a l’air farouche. Il a des yeux aussi rougeâtres que ceux d’un félin affamé. A son attitude de soldat Nord coréen, je lui offre mon sourire de journaliste. « Que viens-tu faire ici »? Me demande t-il à brûle pourpoint. « Je suis journaliste et suis ici pour… « . Pan! Il m’assène un premier coup de poing.  » C’est vous les journalistes qui gatez ce pays! «  me lance t-il en m’envoyant un autre coup plus violent que le premier. J’essaye de me protéger. Un deuxième , troisième puis un quatrième homme, tous vêtus en tenues civiles, viennent l’aider à taper le tam-tam que je suis devenu pour eux. Les coups de pied et de poing pleuvent sur moi. On eut dit que mes bourreaux avaient de l’antipathie pour les chevaliers du micro et de la plume.
Après m’avoir tenu en respect, je suis jeté tel un fagot de bois dans un bus de marque Toyota Coaster. Comme si un ange s’ était saisi d’un des leurs, ils me sortent, sur instruction de ce dernier, du bus.  » C’est un journaliste! Sortez-le! « , leur recommande t-il. Puis leur voiture, sans immatriculation, s’ éloigne sous mes yeux. Je reprends connaissance. Personne à mes côtés pour voler à mon secours. Dans quelle langue maternelle vais-je crier au secours : en mbochi? Téké ou ewondo?
La situation est quasiment la même à l’aéroport où je vois des hommes et femmes se faire dépouiller de leurs biens ou entrain de subir la loi de ces gaillards. Ils exhibent leurs muscles tels des pratiquants d’arts martiaux.
Que faire? Puisque j’ai été délesté de mon téléphone mobile de marque Samsung Note 5, mes lunettes medicales(sans lesquelles je suis inapte à la lecture et à l »ecriture) et de 6000 Fcfa que je possedais.
Bien plus, je ne me souviens plus du moindre numéro de téléphone de mes proches. Me vient alors à l’idée de ramper jusqu’à mon véhicule. J’ai des vertiges mais je prends le risque de conduire. Je maudis les automobilistes qui zigzaguent devant moi. J’arrive cependant à la DRTV, où je fais halte avant de me rendre au CHU de Brazzaville. Les urgentistes de notre hôpital de référence font de leur mieux pour me redonner espoir. Toutefois l’attente est longue. Pire, le scanner de la tête, recommandé par le médecin, ne peut se faire tout de suite. Je n’ai pas autre choix que de me contenter des « calmants », selon le jargon du milieu.
Des photos sont prises par des amis, puis publiées sur le net. L’information circule. Ma famille s’ en inquiète. Je me hâte à rassurer ma pauvre mère Françoise Ondongo, en sanglots. Les examens medicaux effectués au cabinet Ilikia, sur l’avenue Mbochi, ne révèlent aucun traumatisme cranien. Dieu est Tout Puissant!
Par contre, je suis victime d’une fracture du mollaire, contusions…
Comment expliquer ce qui s’ apparente à un terrorisme d’État? L’aéroport est quand même l’un des endroits tant sécurisés. Que des hommes en tenues civiles s’ y introduisent pour semer la terreur me paraît bien curieux.
Dieu seul sait si je me suis retrouvé à un mauvais endroit au mauvais moment, ou si j’étais dans le viseur des méchants ? Je ne fais que mon travail. Pas plus.
Que Dieu bénisse mes bourreaux!

DE MIEUX EN MIEUX! Brazzaville, 8 février 2016, aéroport international Maya Maya. Un léger vent frais rafraîchit l’…

Posté par Alphonse Ndongo sur jeudi 11 février 2016

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