Parfait Kolélas : «On ne peut pas rejeter d’un coup la Constitution qui a servi pendant 14 ans»

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L’ancien ministre congolais, Parfait Kolélas
L’ancien ministre congolais, Parfait Kolélas

L’ancien ministre congolais, Parfait Kolélas assigné à résidence pour avoir décidé de s’opposer au changement de constitution au Congo Brazzaville, s’est prononcé de nouveau sur la situation en cours dans son pays. Parfait Kolélas, récemment sorti du gouvernement et remplacé par son frère, est empêché de se joindre au collège des leaders de l’opposition qui mène actuellement la résistance face au pouvoir de Denis Sassou-Nguesso qui tente d’organiser un référendum anticonstitutionnel pour s’offrir un pouvoir à vie.

S’exprimant jeudi au micro de l’Opinion Internationale, l’ancien ministre de la Fonction publique a indiqué que sa résidence était encerclée par la garde présidentielle de Sassou-Nguesso.

«L’archevêque de Brazzaville m’a envoyé un émissaire avec lequel je devais me rendre sur les lieux de la médiation internationale qu’il mène et qui a commencé. L’émissaire est rentré mais nous ne pouvons pas repartir, nous sommes encerclés», a-t-il dit décrivant la situation en cours.

Pour M. Kolélas, le référendum que tente d’organiser le gouvernement congolais est anticonstitutionnel. Il appelle de ce fait à la désobéissance civile pour protester pacifiquement contre ce qui se passe. «Je suis l’un des leaders de l’opposition. La Constitution de 2002 qui est en vigueur peut être révisée, en revanche elle ne peut pas être changée et transgressée. Nous souhaitons que le référendum soit retiré. Nous voulons mettre en place une commission nationale indépendante », a déclaré Parfait Kolélas.

L’aîné des frères Kolélas dénonce le musèlement de l’opposition  par le gouvernement de Denis Sassou-Nguesso.

Revenant sur son parcours avec le régime de Sassou-Nguesso, M. Kolélas explique que l’actuel président a été avec son défunt père Bernard Kolélas dans l’opposition et croyait que Sassou allait respecter les règles démocratiques.

«En constatant que cela n’était pas le cas, avec cette transgression de la Constitution actuelle, je me suis dit que ce n’était pas sur cela que nous nous étions mis d’accord. On ne peut pas rejeter d’un coup la Constitution qui a servi pendant 14 ans et amené la paix. Pourquoi la changer peu avant la fin du mandat du président pour qu’il puisse se représenter ? Dans la Constitution qu’on propose désormais au peuple, il est écrit que tout crime ou délit commis par le président en exercice ne peut faire l’objet de poursuite, c’est donner un permis de tuer au président! Il y a tellement d’incohérences», dénonce l’opposant.

Pour Parfait Kolélas, les Congolais ont décidé de pardonner le coup d’Etat de 1997 mais qu’ils ne sont pas prêts de voir Sassou Nguesso changer les choses à sa manière pour s’offrir un pouvoir à vie.

Quant à la récente déclaration de François Hollande, qui estime que Denis Sassou-Nguesso a autorité pour organiser le référendum tant qu’il respecte son peuple et sa sécurité, l’ancien ministre dénonce une duplicité du président français.

«Sa déclaration est un peu ambiguë pour un démocrate, je suis surpris. Oui le président de la République a le droit de consulter son peuple lors d’un référendum, mais là le référendum ne respecte pas le cadre référendaire prévu par la Constitution actuelle. Il faut mettre un peu les formes ! Là c’est la diplomatie des intérêts de la France, mais il faut voir aussi les intérêts des peuples », a-t-il dit.

L’opposant dénonce la répression aveugle des manifestations de l’opposition tant à Pointe-Noire qu’à Brazzaville.

« J’ai été participer à un meeting de l’opposition à Pointe-Noire, avant que nous arrivions un policier qui n’était pas de service est venu et a tiré sur la population qui nous attendait. Quand la désobéissance civile a commencé à Brazzaville, la police a surveillé la population, c’est normal, mais ces policiers sont des ex-combattants qui ont été enrôlés dans une police parallèle et tuent la population manifestant dans le respect de la Constitution. Les populations ne sont pas armées, il n’y a que des morts parmi les civils, pas parmi la force publique», relate M. Kolélas.

Pour lui, la Police nationale cherche à terroriser la population, l’intimider comme c’était le cas au Burundi.

Une médiation est en cours à Brazzaville entre les partis d’opposition et la majorité présidentielle. La médiation sera conduite par l’archevêque de Brazzaville en présence des ambassadeurs de l’Union européenne et des Etats-Unis.

©OEILDAFRIQUE

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