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Alors qu’on s’achemine vers la fin des travaux du Dialogue National inclusif, Maitre Martin Mberi, ancien ministre et ancien membre du bureau politique de l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS), dans l’interview ci-dessous publiée fait le point de la tenue de ce rendez-vous historique dans cette partie de la République du Congo.
Comment appréciez-vous le déroulement des travaux du dialogue qui s’est ouvert le lundi dernier ?
Martin Mbéri : C’est un déroulement très congolais et c’est dans l’ordre de notre manière de faire habituelle. Celà n’a pas du tout été sublimé. Mais, c’est un progrès. Est-ce que c’est un consensus ? Oui, un consensus se construit, brique après brique, mur après mur jusqu’à trouver la maison qu’on voudrait avoir. Il y a des cas où celà peut aller très vite, il y a des cas où celà exige un peu de temps.
Alors dans notre cas, je crois que la construction va prendre un peu plus de temps que nous pouvions le croire. Il y a une partie de notre grande famille qu’on appelle l’opposition qui n’est pas de la partie. Mais je crois que tout cela va s’arranger avec le temps. Il suffit d’y croire.
Deux points ont figuré à l’ordre du jour : la gouvernance électorale et la réforme institutionnelle. Peut-on déjà savoir vos premiers éléments d’appréciation ?
Martin Mbéri : Je crois, en ce qui concerne la gouvernance électorale, qu’il y a des choses tout à fait remarquables. Mais il y a un complément à mon avis à apporter. Le tout ce n’est pas qu’il existe des lois, la décision de type scientifique comme la biométrie. Ce n’est pas seulement qu’on améliore la pratique habituelle de la gouvernance ; la manière de se comporter dans les bureaux de vote, le calcul des résultats et autres aspects. Je pense qu’il y a un effort d’innovation qui est évident.
C’est en cela je crois que les dialogues d’Ewo, de Dolisie sont d’un certain apport. Mais, cela ne suffit pas. Il faut placer tout cela dans un système. Il va falloir énumérer les mesures, avoir la volonté d’abroger des lois. A partir de là, je crois que l’on peut espérer qu’avec l’apport des autres on peut doter le pays d’une arme efficace pour l’avenir. Maintenant pour ce qui est de la réforme constitutionnelle, je pense que c’est moins pratique. C’est un peu théorique, vaseux. Les intellectuels racontent ce qu’ils peuvent raconter. Et des gens qui n’ont aucun profil pour traiter et gérer ce genre de problèmes s’en mêlent. Cela traduit un peu ce qu’on a vu dans les débats publics. Il y a comme une homothétie qui se dessine. C’est comme un extrait de tout cela qu’on ramenait dans la salle. Il faut que les choses se découpent. Ceux qui parlaient avant ce ne sont pas des fous. Simplement, ce qu’il faut tirer, nous sommes partis dans cette salle pour le consensus. Vous avez entendu la presse internationale qui disait à l’évidence que parmi nous qui sommes partisans au dialogue- parce que désormais il faut voir le problème de cette manière- à partir de maintenant il y a ceux qui sont partisans au dialogue et ceux qui ne le sont pas.
Nous qui sommes partisans au dialogue nous sommes une sous famille qui doit être solidaire. Déjà à ce niveau, on voit bien qu’il y a deux grandes tendances. Il y a celle qui est plus forte que l’autre. Il y a ceux qui sont pour le changement et d’autres non. Tirons les conclusions. Mais je sais que ce n’est pas un problème parce que c’est un processus. Et le président de la République qui est au centre de ce processus saura trouver les voies et moyens pour en recoudre et repartir.
Effacer de votre idée qu’à Sibiti on devrait trouver une solution magique, Non ! Nous sommes en train d’élaborer une espèce de compromis qui va, grâce à l’adhésion et à la participation de tout le monde, sauver notre pays. Et comme il n’y a pas ceux qui aiment le Congo plus que les autres (…). Ne vivons pas cela comme un drame. Et non plus on ne peut pas dire oui à la place de non. C’est-à-dire vous décrire une déclaration angélique. Alors que le problème n’est pas aussi facile que Cela. Mais, il n’y a pas de quoi être pessimiste. Le problème du consensus c’est que même nos partenaires de l’extérieur pensent que le consensus est la seule voie de nous en sortir. On n’est pas chez Pierre Kurunziza où c’est juridique. Nous, nous avons dévié. Parce que juridiquement nous n’avons pas de solution. Nous avons pensé de nous retrouver pour nous concerter. Parce que si l’on se renferme dans le juridisme, on irait où ? Et comme tout le monde a déjà mis le pied dans le processus, notre travail c’est de faire appel à nos frères qui doutent encore pour qu’ils comprennent que la seule façon de sauver le pays c’est d’être ensemble, discuter et trouver ensemble la solution idoine.
Malheur à ceux qui pensent qu’il s’agit d’un combat de gladiateurs où le plus fort va renverser le plus faible. Ceux qui pensent comme cela ont tort. Ils doivent renoncer à cela.
Certaines opinions disent que Sibiti est une forêt où les participants seraient pris en otage par les 1000 soldats envoyés par Denis Sassou N’Guesso. Vous avez participé au dialogue, quel est votre réaction face à ces allégations ?
Martin Mbéri : Vous me voyez parler. Me voyez-vous énervé ? S’il y avait la police certainement je ne serais pas ici. Je suis un être humain comme vous. Je vous parle de façon tout à fait libre. Je crois que c’est même une ambiance bon enfant qui règne dans la salle et on arrive même à trouver quelques rescapés qui hurlent sans être inquiets. Il n’y a rien de tout cela. Bien au contraire c’est un moment d’amitié. Il y a des gens qu’on n’avait plus vus depuis un moment. C’est un évènement qui tient l’opinion en haleine. Imaginez que dans l’opinion, que les gens disent Sibiti ou rien(…). Au retour de là, il y a ceux qui pensent que faire la politique c’est raconter des histoires. Le pouvoir c’est le pouvoir.
Comment projetez-vous alors l’issue de ce dialogue ?
A mon humble avis, s’il n’y avait que la première victoire à avoir c’est que nous soyons tous ensemble. Il faut continuer à travailler pour que ceux qui ne sont pas venus, viennent. Ce n’est pas parce qu’ils sont plus importants, ou ceux qui sont venus soient indispensables. Mais c’est parce qu’ils font partie d’un même corps social. On ne peut pas décider pour le Congo sans eux. Ils font partie de ce pays. Et la règle du jeu veut que cela soit comme ça. Il suffit qu’on leur explique ce qu’il y a eu de bien et ce qu’il y a eu de moins bien (…). Je crois que nous sommes un pays(…). Et chaque pays n’est pas représenté par tout le monde. Mais par celui qui est à la tête qui le représente. C’est à lui, sur la base des rapports qui lui seront faits qui va réfléchir, qui va regarder et qui va proposer ce qu’il faut faire par la suite.
On ne peut pas sauver un pays dans la guerre. Mais dans l’amour, dans l’amitié, dans la compréhension mutuelle en sachant que si cela va autrement, ce n’est pas la côte de l’autre qui va se casser, la mienne aussi et celle de tout le monde. En ce moment-là, le bon sens, la solidarité doit l’emporter. On sait comment cela s’est passé au Burkina. Et nous devons dire : cela nous n’acceptons pas (…). Pourquoi allons-nous entrer dans des situations qui vont nous plonger dans celle du Burundi ? Le problème de notre pays c’est que nous n’avons pas de retenu (…). Au Burkina Faso, les gens se sont ressaisis le lendemain de l’insurrection. C’est cela le sens de retenu. Chez nous cela allait durer même deux mois ou plus.
Il faut nous connaître. Voilà pourquoi je dis l’entente, le sens de la solidarité entre nous, doivent prédominer. Ensemble trouvons la solution à travers le consensus.
PROPOS RECUEILLIS PAR AGAPYTH, ENVOYÉ SPÉCIAL À SIBITI
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