Alain Akouala

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Alain Akouala Atipault, Ministre à la présidence de la République chargé des Zones économiques spéciales
Alain Akouala Atipault, Ministre à la présidence de la République chargé des Zones économiques spéciales

Le débat sur la modification de la constitution continue d’alimenter les discussions au Congo-Brazzaville. Bien que le Parti Congolais du Travail (PCT) soit mis en difficultés au sein de la majorité présidentielle. Les leaders du parti au pouvoir continuent de se démener pour convaincre de la nécessité d’une modification de la constitution de 2002. De passage à Paris avant de rejoindre le Président Denis Sassou Ngeusso à Bruxelles, le ministre des Zones économiques spéciales (ZES), Alain Akouala Atipault a rendu visite à Oeil d’Afrique et répondu aux questions de la rédaction sur la question. Il milite pour une nouvelle constitution qui « mettra fin à l’hyper présidence».  

OEIL D’AFRIQUE : Alors que la majorité présidentielle peine à parler d’une même voix. Pourquoi défendez-vous l’idée d’une modification de la Constitution de 2002?

Alain Akouala ATIPAULT: Le Congo est arrivé à un moment clé de son histoire. Nous devons tirer les leçons des dysfonctionnements que nous avons rencontrés ces dernières années. Je le dis depuis plus de trois ans. Pour pouvoir améliorer la performance de la gouvernance publique, dans un monde dans lequel, il y a une compétition industrielle rude. Dans un monde où il n’y a pas le temps à perdre, une jeunesse qui est totalement ouverte au monde, on ne peut plus fonctionner dans une configuration gouvernementale ou nous avons un Président qui préside, dirige le gouvernement et également chef de l’Etat. Il nous faut la création du poste de Premier ministre. Le Président doit déléguer. Il y a des décisions au niveau de la gouvernance économique qui méritent qu’ils soient délégués au près d’un Premier ministre afin qu’il soit responsable de l’action de son gouvernement face au parlement. Aujourd’hui, nous constatons aussi que ce régime fortement présidentialisé a fait qu’il y a depuis près de douze années un déséquilibre institutionnelle entre l’exécutif et le législatif. Il arrive des fois, lors des débats ou questions au gouvernement, des ministres qui ne viennent pas répondre aux attentes des parlementaires, qui sont pourtant élus par le peuple. Nous avons estimé au niveau du PCT qu’il fallait équilibrer tout cela.

La modification de la Constitution est dénoncée parce qu’elle permettrait également au Président Denis Sassou Ngeusso d’être candidat à sa propre succession. Cette crainte est-elle justifiée ?

Le Président Denis Sassou Nguesso n’est plus dans une posture de conquérant du pouvoir pour le pouvoir. Il n’est pas fatigué du pouvoir mais, est dans une position de leg historique. Le regard qu’il a, c’est tout ce qu’il a accompli pour son pays.

Que va léguer le Président Sassou aux Congolais ?

Le Président Sassou va léguer l’identité congolaise à ses concitoyens. L’identité du Congo. Rappelez-vous que c’était un pays proche de la disparition. Je vais vous faire une confidence. Quand nous parlions avec le Président Sassou de la période de la guerre de 1997, il me dit : «Akouala, en pleine guerre, je voyais une image qui m’a toujours traumatisé lorsque nous nous réunissions dans les sommets de l’OUA. C’est la place de la Somalie avec son siège longtemps resté vide. Je ne voulais pas que mon pays soit dans ce cas». Je pense que rien que cela suffit.

Certains verraient, le fils du Président Denis Sassou Ngeusso, Christel lui succéder. Qu’en pensez-vous?

Je pense qu’il faut lui poser la question. A t-il envie de lui succéder? Pour ma part, je suis et resterai fidèle au Président Sassou. Je resterai loyal jusqu’au bout.

L’autre argument des partisans à la modification de la constitution est de parler de la sécurisation de la paix. Le Président Sassou Ngeusso est revenu au pouvoir il y a déjà 17 ans. Combien de fois le Congo a t-il risqué de basculer dans l’insécurité?

Je le répète encore. Les moments clés de l’histoire de notre pays sont toujours précédés de crises et de guerres. Nous devons toujours avoir en tête notre passé pour prévenir, ne pas jouer ou réveiller les traumatismes congolais. Mais, cela ne doit pas nous empêcher de faire face. Nous devons également nous souvenir que, dans notre histoire pas si lointaine, d’autres ont eu des prisons privées. De 1992 à 2002, la capitale Brazzaville a été balkanisée. C’est notre mission que de préserver la sécurité des Congolais.

La communauté internationale dénonce les projets de modifications des constitutions afin de permettre à un président de se maintenir au pouvoir.

Est-ce que la communauté internationale est un modèle de gouvernance du monde? Ce n’est pas parce qu’on est les plus forts militairement, politiquement, médiatiquement, industriellement que l’on peut empêcher les faibles d’avoir un cerveau et réfléchir. En Afrique, nous n’avons pas de la boue à la place du cerveau. Nous avons des cerveaux bien constitués. Nous sommes prêts à exprimer ce que nous pensons être justes pour nos pays. Au Parti Congolais du Travail, nous pensons que nous devons tenir compte de nos traditions. Nous voulons, un peu à l’image de la Côte d’Ivoire, faire que demain nos royautés soient des sénateurs à vie. Car, dans nos conflits, la réconciliation passe obligatoirement par l’appui des notables. La communauté internationale ne mange jamais son chapeau. Nous avons vu les résultats en Libye, en Irak ?

© OEIL D’AFRIQUE

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