Congo-Débat constitutionnel : La majorité présidentielle en zone de turbulences ?

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Pierre Ngolo, secrétaire général du Parti congolais du travail
Pierre Ngolo, secrétaire général du Parti congolais du travail

Le débat constitutionnel agite le microcosme politique congolais. Si les partis opposés au changement de la Constitution ont réussi leur sortie, au palais des congrès, à Brazzaville, en signant, la semaine dernière, une déclaration pour exiger le respect de l’ordre constitutionnel et la convocation d’une concertation sur la préparation de l’élection présidentielle de 2016, à la majorité présidentielle, les dirigeants ont quelques soucis à se faire. Et pour cause, les rangs semblent se dépeupler.

Le R.D.D et l’U.P ont déjà tourné casaque. Le M.C.D.D.I est presque sur le point de le faire, en se parant du statut d’observateur dans la plateforme opposée au changement de la Constitution. Depuis la fin de la semaine dernière, une bonne fourchette de partis sont dans la fronde. Le R.C (Rassemblement citoyen), de Claude-Alphonsine N’Silou, a publié une déclaration pour dire qu’il ne donnera sa position que «dans les limites du temps convenable».

Jeudi 15 janvier dernier, les vingt-deux partis de la majorité présidentielle étaient en réunion, dans la salle de banquet du palais des congrès, sous la direction de Pierre Ngolo, président par intérim. Il était question de peaufiner des stratégies pour l’élection présidentielle de 2016, examiner et adopter, ensuite, le projet de déclaration sur le changement de la Constitution. A cette réunion, la plupart des partis n’y ont envoyé que des délégués n’ayant pas pouvoir de les engager. Au point que la réunion a été suspendue pour être reportée au vendredi 16 janvier. Mais, ce jour-là, on a enregistré beaucoup plus d’absences qu’auparavant. Il n’empêche que la réunion a eu lieu et le président par intérim, Pierre Ngollo, a annoncé la signature solennelle, devant les médias, le mardi 20 janvier, par chaque parti et les individualités, de la déclaration sur le changement de Constitution. Et les présidents des partis sont, personnellement, invités à signer, eux-mêmes.

Mais, il n’a pas fallu longtemps attendre pour se rendre compte que la crise couve au sein de la majorité. La déclaration du Rassemblement citoyen (voir page 4), en date du 17 janvier 2015, en dit long. «Libres, dans les moments difficiles, nous avions choisi et combattu aux côtés du président Denis Sassou-Nguesso, pour défendre la liberté, la démocratie et la paix dans notre pays. Libre, le Rassemblement citoyen donnera, dans les limites du temps convenable, de manière responsable, sa position sur la question du changement de la Constitution», dit cette déclaration signée par Claude Alphonse N’Silou, le président de ce parti. Ce qui ne laisse aucune ambiguïté: le R.c ne sera pas parmi les partis de la majorité qui vont signer la déclaration sur le changement de la Constitution, le mardi 20 janvier.

A ce qu’on apprend, beaucoup d’autres partis pourraient adopter la même attitude que le R.C. «Depuis le mois d’avril 2014, le collège des présidents de la majorité présidentielle avait mis en place une commission pour réfléchir sur la question de la Constitution. Cette commission avait préparé un rapport qui devait être soumis au collège des présidents. Mais, le président par intérim n’a plus jamais réuni le collège. On a mis dans l’ombre le travail de cette commission. A la place, notre allié, le P.c.t, a préféré traité cette question en son propre sein. Il a publié sa position, le 31 décembre dernier, avant tous les autres partis de la majorité. Du coup, la démarche qu’on avait souhaitée être commune sur cette question, a été mise à mal. Le secrétaire général du M.C.D.D.I a fait sa réplique sur les médias internationaux, comme vous l’avez suivi. Comment voulez-vous qu’on aille signer une déclaration, sans que chaque parti n’ait eu la possibilité de consulter sa base ou ses instances dirigeantes, comme le P.C.T l’a fait? Les partis alliés refusent d’être relégués au rôle de partis satellites du P.C.T, parce qu’on aura signé une déclaration rien que pour le soutenir. Voilà là où le bât blesse. L’avenir des institutions doit faire l’objet d’un consensus sans lequel rien ne peut se faire», nous a confié un responsable proche de la majorité.

La majorité présidentielle en zone de turbulences? Que va-t-il se passer, le mardi 20 janvier? C’est ce qu’il y a lieu de voir. Une chose est sûre: tout le monde ne regarde plus dans la même direction, au sein de cette famille politique. A moins que le président Denis Sassou-Nguesso ne s’y implique, lui-même, pour sauver ce qui peut encore l’être.

LASEMAINEAFRICAINE

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