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Ce vendredi s’ouvre en Côte d’Ivoire, au palais de justice d’Abidjan, la session d’assises pendant laquelle Simone Gbagbo et 82 autres personnalités de l’ancien régime seront jugées pour atteintes à la sûreté de l’Etat. Il s’agit du premier procès civil de la crise post-électorale. Il a plus de deux mois de retard sur la date initialement prévue. Aucune audition n’est annoncée pour l’instant, ce n’est qu’une rentrée solennelle sous haute sécurité. Cela fait trois ans et demi qu’on n’a pas vu Simone Gbagbo en public. Elle est considérée comme la plus proche conseillère politique de son époux, l’ancien président Laurent Gbagbo.
L’ancienne première dame ivoirienne n’est plus apparue en public depuis son arrestation, le 11 avril 2011. Placée très rapidement en résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest du pays, elle a été envoyée à Abidjan, dans un lieu tenu secret, au début du mois de décembre 2014, pour les actes préparatoires de ces assises. Elle a effectué ce voyage en avion. Une photo volée a filtré dans la presse, mais rien de plus. D’après l’un de ses avocats, elle a reçu plusieurs fois la visite de médecins depuis son arrivée dans la capitale.
Simone Gbagbo serait en forme moralement : elle attend impatiemment de se présenter devant les juges pour savoir exactement ce qu’on lui reproche. Sa défense assure que le dossier est vide et ne mentionne aucune charge spécifique. Les avocats des 83 accusés sont sur cette ligne, considérant que la procédure n’est pas respectée. Ils évoquent un sentiment d’improvisation, et déplorent n’avoir reçu qu’une seule copie du dossier, alors qu’il y a 83 cas à traiter. Mais aucune audience sur le fond n’est prévue ce vendredi ; il s’agit avant tout d’une rentrée solennelle, pour confirmer notamment les six jurés qui sont dédiés à cette affaire, après le désistement de quatre autres.
La Côte d’Ivoire tient à juger Simone Gbagbo
C’est la première fois que Simone Gbagbo et ses 82 co-accusés, dont beaucoup sont en liberté provisoire, se retrouvent dans la même salle d’audience. La session se déroulera dans un palais de justice placé sous haute sécurité. D’abord annoncée fin octobre, c’est finalement deux mois plus tard que se tient d’ailleurs cette rentrée. Peu de magistrats maîtrisent en effet l’organisation d’assises, des procès lourds et coûteux qui s’étaient interrompus après la crise de 2002. Les autorités ivoiriennes veulent néanmoins convaincre de l’avancée des procédures de la crise post-électorale de 2010-2011, pendant laquelle environ 3 000 personnes sont mortes.
Pourtant, aucun crime de sang ne sera jugé pendant ce procès. Ces assises pour atteintes à la sûreté de l’Etat n’abordent pas les charges retenues contre Mme Gbagbo par la Cour pénale internationale, qui la poursuit pour les mêmes motifs que son mari, actuellement détenu à La Haye. La CPI réclame depuis février 2012 qu’on lui livre l’épouse de Laurent Gbagbo, afin de la juger pour crimes contre l’humanité. Le 11 décembre dernier, les juges de La Haye rejetaient encore une fois les arguments présentés par la justice ivoirienne, qui refuse de transférer l’ancienne première dame et assure pouvoir la juger avec équité.
L’UE avait promis de l’argent pour ces assises
Dans un document manuscrit, les magistrats de la CPI remarquent que les faits à l’origine des accusations visant Simone Gbagbo dans son pays sont flous et indéfinis. Pour la Cour, les mesures d’enquête sont rares et disparates, sans progression. Exemple de cette inertie : aucun acte n’a été mené pendant plus d’un an, entre janvier 2013 et février 2014. A Abidjan, comme le note la Fédération internationale des droits de l’homme dans son dernier rapport, la seule victime, c’est l’Etat. Les enquêtes sur les crimes les plus graves, elles, tournent au ralenti.
Pourquoi une telle précipitation dans la tenue de ce procès ? Une piste de réponse se trouve peut-être du côté de l’Union européenne. L’UE avait promis de débloquer 5 millions d’euros en appui budgétaire pour l’organisation d’assises impartiales avant la fin 2014. Pour autant, il paraîtrait surprenant dans ces conditions que l’argent soit attribué.
Par RFI
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